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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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même un fonctionnaire pleutre, est inadmissible.
     
    – Je ne sais pas de quoi vous parlez, s'écria l'homme, faisant mine de s'éloigner.
     
    D'un mouvement de tête, Philip Rodney fit signe à Tom O'Graney de retenir le Grec.
     
    »  Je ne me souviens de rien de tout cela, répéta l' auctioneer , voyant le géant approcher.
     
    L'âge n'avait pas rendu l'Irlandais plus patient et toute perspective de bagarre l'enchantait. D'un bras puissant, il enlaça la taille de Louros, le souleva de terre comme s'il se fût agi d'un paquet.
     
    – Tu devrais lui rafraîchir la mémoire, lança un gabier.
     
    – Bonne idée, ça, dit Tom.
     
    Avant que Desteyrac n'ait pu intervenir, l'Irlandais, en deux enjambées, atteignit le bassin de la fontaine, ornement du jardin, et y plongea, tête première, le négociant.
     
    Le Grec se débattit vainement, agitant les jambes, ce qui déclencha le rire du barman et des servantes.
     
    – Il ne faudrait pas le noyer. Remettez-le sur pied, Tom, ordonna Charles quand il jugea l'immersion suffisante.
     
    Assis sur la margelle du bassin, trempé jusqu'à mi-corps, l' auctioneer avait perdu sa superbe.
     
    – Je me plaindrai au gouverneur, ânonna-t-il, tentant de reprendre son souffle.
     
    – Si vous le souhaitez, nous vous accompagnerons. Son Excellence sera intéressée par votre cas. Faire obstacle à la construction d'un phare de l'Imperial Lighthouse Service sur l'îlot de Buena Vista, propriété de lord Simon, vous vaudra certainement des compliments.
     
    Pragmatique, Louros renonça à nier son implication dans l'affaire. Défier lord Simon Leonard Cornfield eût été une erreur. Ce vieil Anglais, retour d'un voyage en Europe au cours duquel, avait rapporté le journal local, il avait dîné avec Sa Très Gracieuse Majesté la reine Victoria et Benjamin Disraeli, le Premier ministre, était capable de lui causer beaucoup d'ennuis. Aussi choisit-il d'apitoyer ceux qui parlaient au nom du lord. Louros prit pour argument de nature à faire excuser ses agissements le fait que les phares déjà construits privaient les pêcheurs des ressources du wrecking.
     
    – Pensez, messieurs, à ces gens qui, au péril de leur vie, vont au secours des naufragés et qui, juste rétribution de leurs efforts, ramassent, dans les débris des vaisseaux éventrés sur les récifs, meubles, objets et vêtements que je les aide à vendre au mieux. Ce sont de pauvres gens et le wrecking , de tout temps pratiqué dans l'archipel, les aide à nourrir leurs enfants, développa l'homme, qui retrouvait son aplomb.
     
    Charles Desteyrac apprécia la période lyrique et sourit.
     
    – En somme, vous êtes le bon Samaritain. Quel pourcentage prélevez-vous sur les ventes ?
     
    – J'ai des frais : location de la salle, personnel pour nettoyer les objets, affichage et autres. Tout cela doit être déduit des recettes.
     
    – Et, déduction faite, vous conservez la moitié du produit de la vente, sans parler des choses de valeur qui ne figurent pas aux enchères. Vous les vendez ailleurs, à votre seul profit, pas vrai ? demanda Philip Rodney, sans illusion sur la probité du commissaire-priseur.
     
    – C'est équitable, non ? Sans moi, les sauveteurs seraient grugés. Ils ne connaissent pas la valeur de ce qu'ils recueillent, dit l'homme.
     
    Charles Desteyrac intervint avec autorité.
     
    – Nous perdons notre temps. Tom va vous accompagner au port. Il veillera à ce que les débardeurs transportent nos caisses, de la douane au quai. Je suis certain que la grue à vapeur fonctionnera pour charger notre cargaison sur l' Arawak . Naturellement, vous assumerez les frais de ce transport et de ce chargement, car les débardeurs de Nassau ne doivent pas être privés du juste salaire que nous leur aurions versé si vous n'aviez pas eu la fâcheuse idée d'intervenir maladroitement dans une affaire qui ne vous concernait en rien.
     
    Le Grec se dressa, s'efforçant à la dignité dans son costume souillé par le bain.
     
    – Ça ne se passera pas comme ça ! s'écria-t-il, sans réelle assurance.
     
    – Dans le cas où vous manifesteriez de l'incompréhension, Tom O'Graney et nos marins feront ce qu'ils jugeront utile pour que soient exécutés les ordres de Monsieur l'Ingénieur, dit le capitaine Rodney.
     
    – Allons-y, décida Tom aussitôt.
     
    Il prit Louros sous le bras, se le cala sur la hanche comme un paquet et fit signe aux Irlandais de le

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