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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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fait ?
    C’est clair comme le jour ! » Il était follement amoureux d’elle. Sans doute était-ce la cause de cette mélancolie que Claude prenait pour de l’infatuation, et qui lui rendait Fréron peu sympathique. « Adieu, folle, cent fois folle, Rouleau chéri, terminait-il. Le lapin embrasse toute la garenne, en attendant de retourner s’ébaudir sur l’herbe de Bourg-Égalité. » Là se trouvait la maison de campagne des parents de Lucile, où ils avaient tous été si heureux ensemble.
    Camille ne croyait plus au retour de ces heures dorées. Il disait à Brune venu porter les nouvelles des armées à la Convention, et qui dînait avec Lucile et lui dans le charmant appartement de la place du Théâtre-Français : «  Edamus et bibamus, cras enim moriamur, mangeons et buvons, car nous mourrons demain. »

II
    Le 16 nivôse – 5 janvier 1794 pour ceux qui dataient encore selon l’ancienne manière –, Collot d’Herbois présenta, aux Jacobins, le rapport sur Philippeaux et Camille. La salle conventuelle était aussi pleine qu’au soir du 3 nivôse. Les places se vendaient aussi cher. Il ne faisait pas moins chaud, non plus, sous la vieille voûte. Dehors, il gelait.
    L’ancien acteur se montra impartial. Examinant toute la conduite du député du Mans, il fit voir que ses attaques contre les agents d’exécution visaient en réalité le Comité de Salut public, qu’elles continuaient une longue suite d’actions et de votes antidémocratiques. En quoi Collot avait parfaitement raison : Philippeaux était un feuillantiste. Quant à Camille, il fallait, dit le rapporteur, se rappeler sa France libre, son Procureur de la Lanterne. Desmoulins, bon patriote auquel la Révolution devait beaucoup, avait pu se laisser égarer. On le lui pardonnerait en l’engageant à ne plus commettre de pareilles erreurs. La commission proposait à son sujet une simple motion de censure. Claude trouva le jugement des plus justes. Camille avait besoin d’être rappelé à l’ordre.
    Susceptible, obstiné, il ne l’entendait pas de cette oreille. Il réagit en faisant passer un billet à Jay Sainte-Foy qui, en récompense de son intervention du 22 frimaire pour empêcher le renouvellement du Comité, avait pris la suite de Claude au fauteuil. Desmoulins demandait la lecture de son dernier numéro, dans lequel se trouvait exposée sa défense. Hébert bondit à la tribune.
    « On essaie de détourner la discussion, se récria-t-il. Faute de pouvoir répondre, on recourt à la calomnie. Je suis accusé dans ce libelle d’être un audacieux brigand, un spoliateur de la fortune publique.
    — En… en voici la preuve, riposta Camille brandissant une feuille de papier. Je… je tiens là un extrait des registres de la Trésorerie nationale. Il… il porte que, le 2 juin, il a été payé à Hébert par Bouchotte une somme de cent vingt-trois mille francs, qu’il… il lui a été payé, le 4 octobre, une somme de soixante mille francs, pour six cent mille exemplaires du Père Duchesne. Ces exemplaires n’en valaient que dix-sept mille.
    — Je suis heureux d’être accusé en face, je vais répondre », déclara Hébert.
    Robespierre jeune, revenu de Toulon, interrompit ce dialogue. « Je constate, dit-il, que dans une Société où l’on s’occupait, il y a cinq mois, des grands intérêts de la république, toute la place est prise aujourd’hui par de misérables querelles entre particuliers. Eh ! peu nous importe qu’Hébert ait volé en distribuant des contremarques ! » Toute l’assistance partit à rire, tandis que l’élégant Hébert, levant les bras au ciel, frappant du talon le plancher de la tribune, s’exclamait : « Veux-t-on m’assassiner aujourd’hui ? » Impitoyable, Augustin poursuivit : « Ceux qui ne sont pas sans reproche ne doivent point interrompre la discussion générale. Et tu as des reproches à te faire. Je n’ai pas lu sans horreur, sans indignation, tes écrits sur le culte. Ils sont propres à jeter l’incendie dans tous les départements. Au surplus, Le Père Duchesne n’a rien à envier au Vieux Cordelier. »
    Maximilien intervint : « On a mauvaise grâce à se plaindre de la calomnie, quand on a soi-même calomnié », dit-il sèchement à Hébert. Puis, se tournant vers Camille : « Je gagerais que tes pièces démonstratives ne prouvent rien. » Il déplora le scandale de ces discussions qu’il avait voulu éviter. « Maintenant, ce

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