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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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Robespierre. « Allez donc », disait son jeune disciple, « allez chercher ces scélérats chez les banquiers. Ils sont en pantalon, leurs propos sont ultra-révolutionnaires, on n’est jamais à leur hauteur ; ils concluent toujours par un trait délicat dirigé avec douceur contre la patrie. »
    Criblés dans toutes leurs espèces, les ultras entrèrent en fureur. Le matin du 4 mars, Paris s’éveilla couvert de placards déclarant que la Convention était la cause de tous les maux présents du peuple. Il fallait arracher de l’Assemblée la faction qui voulait renouveler les Brissotins et leur funeste despotisme. Certaines affiches invitaient les patriotes à balayer la Convention tout entière, on organiserait le pouvoir exécutif, on choisirait un chef.
    La prophétie de Vergniaud annonçant, l’année précédente, qu’après les prisonniers du Temple on rendrait l’Assemblée elle-même responsable de la cherté des vivres, du manque de numéraire, et de tous les maux, se vérifiait ainsi. Claude se rappelait ces paroles : Qui me garantira que dans cette nouvelle tempête, où l’on verra ressortir les massacreurs de Septembre, on ne vous présentera pas ce défenseur, ce chef que l’on dit être si nécessaire ? On voyait en effet ressortir les acteurs de Septembre. Avec les épauletiers dont l’arrogance ne connaissait plus aucun frein, ils parlaient hardiment de retourner aux prisons, d’y égorger les ennemis que la Convention s’obstinait à préserver. On ferait le tri des sans-culottes confondus avec eux, on donnerait aux patriotes à la fois la liberté et des armes. Ronsin, en grand uniforme de général de l’armée révolutionnaire, tout ceinturé, barré de tricolore, empanaché de plumes rouges, parcourait les prisons avec son état-major de traîneurs de sabres, réclamait les écrous, dressait des listes. Et Vincent ne protestait nullement contre une telle débauche de chamarrures.
    Réduite à elle-même, cette agitation n’eût pas été très inquiétante, car les patriotes, dans leur plus grand nombre, semblaient peu disposés à suivre. Même en ce 14 ventôse, tandis que les Hébertistes s’efforçaient de soulever Paris, des sections envoyaient, comme chaque jour, leurs délégués chez Duplay, pour acclamer l’Incorruptible et lui apporter des adresses de fidélité, des vœux. Mais le risque fort grave, c’était la collusion des ultras avec l’étranger. Barère la signalait comme à peu près certaine. L’avant-veille, le Comité avait fait comparaître au pavillon le ministre des Affaires étrangères pour lui poser carrément la question : « Le parti cordelier entretient-il des intelligences avec les puissances coalisées ? – Je ne le crois pas », avait répondu Deforgues. À ce mot, Saint-Just, pris d’une de ces colères qui l’emportaient parfois, s’était levé furieux, traitant le ministre de scélérat et de fripon. « Après avoir dépensé plus de cent quatre-vingts millions dans ton département, il faut que tu sois un traître pour nous dire je ne crois pas, quand tu devrais être sûr de tous tes agents, vu les sommes dépensées ! » Barère et Claude étaient intervenus pour calmer Saint-Just.
    Claude ne jugeait pas Deforgues malintentionné, bien qu’ami de Danton. Il y avait toutefois des traîtres dans ses bureaux, des hommes en rapport avec les espions royalistes et les espions anglais. On ne connaissait point leurs chefs, hormis Batz, mais ils existaient. Pour les déceler, il aurait fallu disposer d’une police beaucoup plus puissante, plus sûre. Trouvant partout des complicités, ils entretenaient un réseau d’intrigues, d’ailleurs contraires. Évidemment, les unes et les autres tendaient à une restauration monarchique, mais les agents des princes travaillaient pour le comte de Provence ; les Anglais n’en voulaient point, ils désiraient mettre sur le trône le petit Louis XVII, avec un régent populaire en France. Le Comité n’ignorait rien de cela. C’est là-dessus que pouvaient jouer les ambitions d’Hébert – peut-être aussi de Danton. Hébert, grâce à Chaumette et au moyen de leurs postes à la Commune, tenait étroitement le petit Capet au Temple et ne le laissait approcher par personne. Or Saint-Just et Carnot soupçonnaient le général Hoche, dont le républicanisme inspirait les plus grands doutes, d’être prêt à soutenir avec ses troupes une révolution hébertiste ayant pour but

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