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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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pour les rendre inextricables. »
    Durant plus d’une heure, le rapporteur passa en revue ces complots, distinguant la faction orléaniste animée d’abord par Mirabeau, puis Brissot, Buzot et Dumouriez, celle dont Carra s’était fait l’agent en proposant un prince de la maison de Hanovre, enfin celle de Barnave, Duport, Lameth, puis Manuel, qui travaillaient pour les Bourbons. Il montra les liens de ces factions avec les Hébertistes et les Dantonistes. Après ce vaste tableau, il s’attacha directement à ces derniers, et d’abord à leur chef.
    « Danton, voyons ta conduite passée, et prouvons que, dès le premier jour, complice de tous les attentats, tu fus toujours contraire au parti de la liberté, que tu conspirais avec Mirabeau et Dumouriez, avec Hébert et avec Hérault de Séchelles. Danton, tu as servi la tyrannie. Tu fus, il est vrai, opposé à La Fayette, mais Mirabeau, Orléans, Dumouriez lui furent opposés de même. Oserais-tu nier d’avoir été vendu aux trois hommes les plus violents conspirateurs contre la liberté ? »
    Saint-Just reprit alors tout ce qui paraissait incompréhensible, contradictoire et absurde dans la conduite de Danton s’il était un vrai sans-culotte, mais qui s’expliquait d’une façon fort logique s’il était un aventurier. « Dans les premiers éclairs de la Révolution, tu montras à la Cour un front menaçant, tu parlais contre elle avec véhémence. Mirabeau, qui méditait un changement de dynastie, sentit le prix de ton audace. Il s’empara de toi. » C’était, en effet, grâce au monstrueux marquis, Claude le savait comme Robespierre, que Danton avait été nommé au Département de Paris, en un temps où l’Assemblée électorale était royaliste et dominée par les partisans d’Orléans. « Tous les amis de Mirabeau se vantaient hautement de t’avoir fermé la bouche, et l’on n’entendit plus parler de toi jusqu’aux jours qui précédèrent le massacre du Champ-de-Mars. Alors tu appuyas aux Jacobins la motion de Laclos : prétexte funeste pour déployer le drapeau rouge. »
    Claude se rappelait fort bien les incohérences de Danton dans ces journées. Danton, en habit de basin gris, haranguant la foule, sur l’un des piliers de l’autel de la patrie ; puis, après avoir enflammé ses troupes, se désintéressant soudain de l’affaire, traitant ses Cordeliers d’imbéciles, laissant le ménage Robert récolter des signatures au bas de la pétition. C’est ce jour-là que, pour la première fois, Danton avait inspiré à Claude des doutes dont il s’était entretenu avec Pétion en revenant du Champ-de-Mars. Et le lendemain, après le massacre, Barnave ou Lameth, il ne savait plus au juste, avait avisé Danton de fuir, alors que l’on arrêtait Brune et Momoro.
    C’est à quoi Saint-Just faisait allusion : « Le calme de ta retraite à Arcis-sur-Aube se conçoit-il ? toi, l’un des auteurs de la pétition ! Ceux qui l’avaient signée étaient, les uns morts, les autres chargés de fers. » Rapprochant cette fuite du nouveau départ pour Arcis pendant que les comités insurrectionnels clandestins préparaient la révolution du 10 août, le rapporteur demanda : « Que dirai-je de ton lâche et constant abandon de la cause publique dans les crises où tu prenais toujours le parti de la retraite ? » Il analysa ensuite les liaisons de Danton avec Dumouriez, sa façon de le soutenir au Comité de défense, alors même que le général rebelle ne cachait plus ses desseins et menaçait l’Assemblée. L’évidente sympathie de Danton pour les Girondins était soulignée : « Brissot et ses complices sortaient toujours contents d’avec toi. Tu les menaçais sans indignation, et tu leur donnais plutôt des conseils pour corrompre la liberté, pour se sauver, pour mieux nous tromper, que tu n’en donnais au parti républicain. La haine, disais-tu, est insupportable à mon cœur. Mais n’es-tu pas criminel et responsable de n’avoir pas haï les ennemis de la patrie ? » Soulignée également, la politique du pire par laquelle Danton encourageait sournoisement les Hébertistes aux derniers excès. « Et dans le même temps tu te déclarais pour les principes modérés. Tes formes robustes déguisaient la faiblesse de tes conseils. Tu disais que les maximes sévères feraient trop d’ennemis à la république. Conciliateur banal, tous tes exordes à la tribune débutaient comme le tonnerre, et tu finissais par

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