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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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ultramontains annonçaient avec une fureur délirante le massacre général de tous les sans-culottes, une terreur blanche auprès de laquelle les rêves sanguinaires des Hébertistes n’étaient que bergerades.
    Cependant, Carnot et Saint-Just, sans sous-estimer le danger, ne se montraient guère émus. En pareille occurrence, Danton n’eût pas manqué de pousser de grands beuglements qui eussent affolé tout le monde. Carnot se contenta de faire au Comité un rapport précis de la situation : rapport impatiemment écouté par Robespierre. Son inexpérience des choses militaires lui rendait difficile de comprendre les opérations. Mais Claude, qui connaissait au moins l’état des armées, puisqu’il contribuait avec Prieur à les fournir et les nourrir, prêta l’oreille la plus attentive.
    « Le revers de Pichegru, dit Carnot, est sans importance. Même si la trouée de l’Oise était forcée, Cobourg ne serait pas en mesure de l’exploiter avant deux ou trois décades. D’après nos renseignements, et nous les tenons pour sûrs, ses préparatifs d’offensive ne seront pas terminés plus tôt. Nous la prendrons avant lui, dans quinze jours. Voilà le dispositif des coalisés sur l’ensemble des fronts, à l’est et au nord. » Un des officiers de l’état-major qui travaillait à l’étage au-dessus, dans les anciens appartements du roi, avait étalé des cartes sur la vaste table verte autour de laquelle tout chacun se rangea. « En Alsace, nous avons devant nous, ici, le duc de Saxe-Teschen avec soixante mille Impériaux et les émigrés du ci-devant Condé. Ni les uns ni les autres ne bougeront. Leur mission est de monter la garde, face aux soixante mille hommes de l’armée du Rhin que commande le général Delmay. Les Prussiens, soixante-cinq mille, sous les ordres de Moellendorf, sont réunis aux abords de Mayence. Ils pourraient prononcer une pointe en Alsace, mais ils rencontreront ici Jourdan avec les quarante-cinq mille hommes de l’armée de Moselle. Au besoin, Delmay la renforcerait de son aile gauche. Au centre, l’armée des Ardennes, commandée par le général Charbonnier, et appuyée sur Charleville, oppose aux Austro-Anglo-Hollandais trente mille hommes qui se lient aux cent cinquante mille de l’armée du Nord couvrant le reste du front. Vous le voyez, les forces sont à peu près égales numériquement. Dans le fait, nous sommes inférieurs en cavalerie, et très supérieurs en artillerie. Nous disposons encore de quinze jours pour nos derniers préparatifs. Alors nous déclencherons l’offensive dans le triangle Landrecies, Maubeuge, Valenciennes, et dans un mois nous occuperons la Flandre. C’est au nord qu’il faut frapper de toutes nos forces. Je vous propose de mander les généraux en chef pour leur expliquer bien clairement le plan de campagne et la façon dont nous entendons les voir agir. »
    C’est ainsi que Bernard revint à Paris. Il arriva le quartidi 24 germinal : le 13 avril ancien style, qui était cette année-là le dimanche des Rameaux.
    Bernard portait son meilleur uniforme : habit bleu-gris à haut collet rouge rabattu, épaulettes à grosses torsades d’or, col de linge blanc, cravate noire bouffant sur les vastes revers blancs, et bleus bordés de larges broderies dorées, haute ceinture de soie tricolore formant sur la hanche un nœud à grosses coques et retombant en deux pans frangés d’or, ceinturon doré, dragonne d’or à la poignée du sabre, culotte blanche, bottes noires à revers jaunes, bicorne à ganse d’or, à cocarde et panache bleu, blanc, rouge. Dans la pleine force de ses vingt-neuf ans, avec son visage mâle, brun et bronzé, il arrêtait bien des regards.
    La bonne grosse Margot lui ouvrit la porte et demeura pantoise à s’exclamer d’admiration.
    « Que tu es beau ! s’écria Lise en lui sautant au cou.
    — C’est toi qui es belle, toujours plus belle, mon amie. » Il la souleva et l’embrassa.
    « Attention ! fit-elle, je suis une petite chose fragile, maintenant.
    — Fragile ?
    — Oui, pour huit mois encore.
    — Ma chère, quelle nouvelle ! C’est magnifique ! Tu es bien heureuse. Claude doit rayonner. »
    Assis côte à côte sur le canapé du salon, ils parlèrent longuement, avec cette tendresse qui avait pris entre eux sa dernière forme : celle d’une profonde affection fraternelle. Puis Lise dit que Claudine était prévenue et attendait avec impatience.
    « Moi aussi,

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