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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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à la défendre par une bataille en rase campagne contre un ennemi trop supérieur. Au contraire, il avait apparemment dégarni les abords, à l’est, et ne s’opposa que par de petits combats au passage des Prussiens sur la grand-route, juste pour leur donner le sentiment de sa propre faiblesse. Entrant en plein dans le piège, ils vinrent s’enfermer là, isolés des secours éventuels. Le soir même, par une attaque de nuit, deux divisions du corps d’armée Michaud, descendant les flancs du mont Tonnerre, s’emparaient de la route, s’y retranchaient solidement et coupaient ainsi les communications de Moellendorf avec Mayence.
    Pendant que le général du roi de Prusse progressait lentement jusqu’ici, freiné par le harcèlement et les embuscades, Malinvaud, exécutant au mieux les ordres de son chef, avait établi au sud, à l’ouest et au nord de Kaiserslautern de puissantes lignes de départ. À l’aube, l’artillerie de fort calibre ouvrait le feu sur les Prussiens concentrés à l’extrémité du plateau où ils manquaient de place pour se déployer. Une heure plus tard, les batteries des demi-brigades se démasquèrent dans les vallonnements et prirent sévèrement à partie les têtes de colonnes qui essayaient de déboucher pour défendre la place. Bernard les fit sabrer par la grosse cavalerie, puis, suivant celle-ci avec vingt mille hommes d’infanterie – voltigeurs au casque de cuir, chasseurs au plumet de coq, fusiliers, grenadiers – il tomba sur les sombres divisions désorganisées, les refoula, entra pêle-mêle avec elles dans la place, tandis que se déclenchaient sur les deux ailes les attaques préparées par Malinvaud. À onze heures, le drapeau français flottait de nouveau sur Kaiserslautern. Les derniers ennemis sortant de la ville se heurtaient sur la route à Michaud qui transforma leur retraite en débandade. À droite, à gauche, les corps prussiens, précipités sur les pentes du plateau et taillés par la cavalerie légère, se dispersèrent, poursuivis par les hussards. Moellendorf réussit à s’échapper avec deux divisions, mais le reste de ses forces dut mettre bas les armes.
    En trois jours de combat et un assaut, Bernard, avec quarante-cinq mille hommes en avait écrasé soixante mille, tué ou blessé huit mille, pris un important matériel, car il refusa, dans la capitulation, de laisser aux vaincus rien d’autre que le bagage et les armes individuels. Les voitures, trains d’artillerie, canons, chevaux de la cavalerie, furent dirigés sur les parcs français, les officiers et les soldats renvoyés contre parole de ne point combattre la France pendant un an.
    C’est à ce succès que Claude faisait allusion en invoquant, pour défendre Léonarde devant les Comités, l’habile manœuvre de son frère, sa victoire en Alsace. Carnot lui-même avait dit, en annonçant à ses collègues la nouvelle et leur communiquant le rapport de Bernard : « Il faut l’avouer, les retraites de Delmay sont quelquefois plus fructueuses que bien des offensives. » En vérité, cette victoire écartait toute menace sur le Rhin. Les seuls ennemis demeurant là étaient désormais une poignée de Prussiens et les émigrés aux ordres de Condé, qui ne bougeaient pas. Trente mille hommes suffisaient amplement à défendre cette frontière. Le bureau militaire avait donc décidé de réduire à cet effectif l’armée du Rhin et de la confier au général Michaud. Le général Delmay, avec quinze mille hommes rejoindrait les quinze mille de son aile gauche pour grossir l’ensemble des forces opérant entre la Moselle et la Sambre. Cette réorganisation entrait dans un vaste plan monté dès floréal par le Comité, en accord avec Saint-Just. On voulait concentrer tous les efforts entre la Meuse et la Sambre, pour faire sauter là le verrou de la Belgique. Jourdan, après s’être emparé d’Arlon et de Neufchâteau, marchait sur Dinant. Charbonnier poussait au long de la Meuse, contre les Autrichiens de Beaulieu, et trente mille hommes de l’armée du Nord lui avaient été adjoints. Avec l’armée des Ardennes ainsi renforcée, Saint-Just avait tenté trois fois en vain d’investir Charleroi après avoir passé la Sambre.
    Au moment où Bernard opéra sa jonction avec l’armée de Moselle, Jourdan venait de prendre Dinant et de traverser la Meuse. Dès lors, quatre-vingt mille hommes se trouvaient réunis dans l’espèce de triangle formé par la frontière

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