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Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Titel: Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Pomonti
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guerre et à se rendre à la table de négociation. »
    La deuxième phase de l’offensive générale de 1968, à laquelle fait allusion Tu Cang, a eu lieu en mai, avec notamment une pluie de roquettes sur Sài Gòn. Pham Xuân Ân aurait demandé qu’on mette fin à ces tirs très impopulaires, ce qui a été fait. Une troisième et dernière phase, beaucoup moins intense et sans grand effet, aura lieu en septembre.
    Auparavant, dans la foulée des attaques proprement dites du Têt, Tu Cang a envoyé à Hà Nôi un rapport estimant que « la situation est plutôt défavorable ». Ce n’est pas l’opinion de Pham Xuân Ân. Il en discute avec Tu Cang ; il lui demande de l’accompagner lors de rendez-vous avec des officiers de l’armée sud-vietnamienne et des conseillers américains. Ce qui, au passage, dénote un incroyable culot de la part de Pham Xuân Ân : emmener chez les Américains un homme du « maquis » pour le faire briefer. Mais peut-être en faut-il autant pour convaincre Tu Cang que l’offensive a été un succès psychologique et politique. Tu Cang fait savoir à Hà Nôi qu’il a « changé d’avis ». Son deuxième rapport, beaucoup plus réaliste, indique que « l’offensive n’avait pas donné de résultats militaires satisfaisants mais que, sur les plans politique et psychologique, son impact négatif sur l’ennemi serait fort ».
    L’un des derniers exploits du stratège que Pham Xuân Ân est devenu a lieu quelques mois avant la victoire. À Hà Nôi, le vainqueur de Diên Biên Phu, le général Vo Nguyên Giáp, est aux commandes. Ses adversaires au sein du Bureau politique du PC  – il y en a plusieurs – ont encore besoin de ses services. Le général aguerri conserve une autorité indiscutée en matière opérationnelle. Fin 1974, soit au début de la saison sèche qui s’étale de novembre à mai dans le sud du Viêt Nam, Vo Nguyên Giáp lance une nouvelle campagne dont l’objectif est, comme les précédentes, d’user le système de défense du régime de Sài Gòn en partie privé de son appui américain. Depuis l’accord signé à Paris le 28 janvier 1973, les Américains ne participent plus directement aux combats. Même les bombardements américains du Laos et du Cambodge ont été suspendus cette année-là, sur intervention du Congrès.
    « Dans l’élaboration de leurs offensives, les communistes envisageaient toujours un éventail de résultats, du meilleur au pire », m’a expliqué Pham Xuân Ân.
    Leur tactique est donc souple et leurs premières attaques considérées comme des tests de l’adversaire. Entre le 12 décembre 1974 et le 6 janvier 1975, les Viêt Côngs prennent le contrôle de fait d’une province proche de Sài Gòn, celle de Phuóc Long. Elle est classée « libérée » par les autorités communistes.
    Avant de poursuivre son offensive, Vo Nguyên Giáp se pose alors une question cruciale : comment vont réagir les Américains ? Ils sont encore très présents dans le Sud, avec leurs aides financière et militaire. Ressemblant à un bunker, leur imposante ambassade plantée au cœur de Sài Gòn – à côté de la française, beaucoup plus modeste et au charme colonial – est le symbole de leur influence, avec ses milliers de conseillers dispersés à travers le Sud et ses services tentaculaires.
    Si les choses tournent mal pour ses protégés saigonnais, le gouvernement américain sera-t-il en mesure de renvoyer des troupes au Viêt Nam ou de reprendre ne serait-ce que les bombardements aériens ? Si oui, mieux vaudra jouer la prudence. Si non, le Bureau politique donnera le feu vert au général Vo Nguyên Giáp pour poursuivre ses attaques et lancer une offensive généralisée. En bref, peut-on continuer sur la lancée, bousculer les forces de Sài Gòn, les empêcher de réagir, les étouffer, provoquer une panique, tenter le tout pour le tout ? Ou mieux vaut-il agir avec davantage de prudence, se contenter de pousser ses pions afin de renforcer les conditions de la victoire et, donc, préparer le terrain d’une ou deux « campagnes hiver-printemps » supplémentaires ?
    La réponse à cette question dépend d’un bon nombre d’avis. Mais l’opinion qui prime est celle d’un homme que les dirigeants militaires et politiques de Hà Nôi ne connaissent pas. C’est celle de Pham Xuân Ân. La question que lui pose Hà Nôi, fin 1974, est simple : si le « gouvernement

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