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Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Titel: Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Pomonti
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l’élaboration de la stratégie. Ses dénégations n’y changent rien. « Nous avions des centaines d’agents de renseignements stratégiques. Les dirigeants recevaient des informations de différentes sources. Je n’étais qu’un maillon de la chaîne », a-t-il dit un jour. Ce qui était loin de correspondre à la vérité.

Chapitre 8 L’année terrible
    Pham Xuân Ân traverse les pires angoisses à la veille de la chute de Sài Gòn, le 30 avril 1975. Alors que des pans entiers du Sud passent entre les mains des divisions du Nord et que des centaines de milliers de réfugiés sont jetés sur les routes ou à la mer, le Dr Trân Kim Tuyên se met à comploter contre le président Nguyên Van Thiêu. L’idée du « petit docteur » : former un gouvernement de coalition pour tenter de sauver ce qui peut l’être et arrêter les combats. Il rend même visite à l’un des chefs de file du mouvement bouddhiste, le vénérable Tri Quang. Nguyên Van Thiêu, qui fait suivre le D r  Trân Kim Tuyên, procède à un coup de filet dans la nuit du 3 au 4 avril. Quatorze parents du D r  Trân Kim Tuyên, dont l’un de ses frères, ainsi que des députés, des journalistes et un sénateur sont mis sous les verrous.
    Le D r  Trân Kim Tuyên est épargné sur intervention de Nguyên Van Hao, vice-Premier ministre et ministre de l’Économie. Mais les gens qui fréquentent son domicile sont considérés comme suspects.
    Pham Xuân Ân est terrifié car il entretient des contacts réguliers avec le « petit docteur ». Pendant deux jours, il ne parvient pas à avaler la moindre nourriture. Il renonce même un soir à regagner son propre domicile et campe à l’hôtel Continental, dans le bureau de Time.
    « Il m’a fait pisser du sang », dira-t-il du D r  Trân Kim Tuyên.
    Les États-Unis finissent par se résigner à une tentative de compromis à laquelle ils ne croient pas. Le 21 avril, le président Nguyên Van Thiêu annonce sa démission à la télévision. Dans la foulée, il prend l’avion de Táibei Shí. La succession est assurée par le vice-président Trân Van Huong, vieil homme malade et sans autorité. Le chaos gagne peu à peu Sài Gòn encerclé par les troupes communistes. Dans la précipitation, les Américains organisent un pont aérien pour évacuer leur propre personnel et certains de leurs collaborateurs vietnamiens.
    Avant de s’exiler aux États-Unis, le D r  Trân Kim Tuyên décide d’attendre la libération de son frère et des autres conjurés. Un diplomate britannique se charge de l’évacuation de son épouse et de leurs enfants. Mais Trân Van Huong refuse, malgré diverses démarches, de libérer les anciens conjurés ou présumés tels. Ils ne sont libérés que lorsque Trân Van Huong, poussé à la démission, est remplacé le 28 avril, soit deux jours avant la cessation des combats, par le général Duong Van Minh, le « Big Minh » ainsi surnommé à cause de sa grande taille.
    C’est trop tard pour le D r  Trân Kim Tuyên : l’agent de la CIA en charge de l’évacuer est parti, lui répond au téléphone l’ambassade américaine, elle-même débordée. Ne figurant pas sur la liste des personnes à évacuer dont disposent les diplomates américains, le D r  Trân Kim Tuyên ne peut pénétrer dans la chancellerie, du toit de laquelle des hélicoptères font la navette avec les bâtiments de guerre américains regroupés près de la côte la plus proche.
    En désespoir de cause, l’ancien chef de la police secrète de Ngô Dinh Diêm se rend au premier étage du Continental, au bureau de Time, pour y retrouver Pham Xuân Ân. De ce bureau, le D r  Trân Kim Tuyên téléphone un peu partout, sans succès. Finalement, Pham Xuân Ân le conduit lui-même à l’ambassade américaine. En ce 29 avril, le chaos règne devant la chancellerie. Même des ministres et des généraux sud-vietnamiens ne parviennent pas à se faire admettre dans son enceinte. Les deux hommes retournent au Continental.
    Pham Xuân Ân téléphone alors à l’un de ses contacts à l’ambassade pour lui expliquer la situation et réclamer une intervention de la CIA . Le diplomate le rappelle assez vite et lui dit : « La CIA organise son dernier vol ; amenez-le rue Gia Long » où des membres de la CIA logeaient dans un building qui abritait également des services culturels français. « Sur le toit, se souvient Pham Xuân Ân, il y avait une terrasse capable, en cas

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