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Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Titel: Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Pomonti
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voiture, à bord de sa petite Renault 4  CV  ; il l’emmène en vedette sur la rivière de Sài Gòn – en réalité, un large fleuve sur les berges duquel se trouvent des dépôts d’essence, les ports civil et militaire ainsi que des postes de commandement. Les deux hommes notent les endroits où des Viêt Côngs pourront le plus facilement s’infiltrer. Pham Xuân Ân explique que les fonds de l’État du Sud ne se trouvent pas à la Trésorerie mais au siège de la Banque centrale, où l’or est conservé, et au Palais de justice, où sont stockées les saisies financières des « affaires en cours ». Il recommande qu’on s’arme de chalumeaux.
    Les Américains, dont le corps expéditionnaire est appuyé par des dizaines de milliers de soldats australiens, sud-coréens et même thaïlandais, sont au courant que quelque chose d’important se prépare mais ils ne savent pas trop quoi et en ignorent la date. La CIA ne s’attend sûrement pas à des attaques d’une telle ampleur, rapporte Pham Xuân Ân. Dans les jours qui précèdent le Têt, les Nord-Vietnamiens amassent des troupes autour de Khê Sanh, un camp retranché américain qui se trouve juste au sud du dix-septième parallèle et non loin de la frontière avec le Bas-Laos. Ce camp sert, en quelque sorte, de verrou à proximité de la piste Hô Chí Minh, dédale de voies carrossables aménagées sur les contreforts de la cordillère indochinoise, et par lesquelles descendent, le plus souvent par le Bas-Laos et le nord-est du Cambodge, hommes et matériels à destination du Sud-Vietnam.
    Khê Sanh est bombardé dès la veille du Nouvel An alors que d’autres attaques des Viêt Côngs ont lieu à Huê et, plus bas sur la côte, à Nha Trang. L’un des contacts dont dispose Pham Xuân Ân à l’état-major américain, à Sài Gòn, lui affirme que l’objectif des communistes est d’enlever Khê Sanh – un « deuxième Diên Biên Phu », dit-il. Feu le général Westmoreland, qui commande les troupes américaines de 1965 à 1968 au Viêt Nam, en restera longtemps convaincu avant d’admettre, plus tard, que les renseignements dont il disposait étaient loin d’être satisfaisants. Il est persuadé, selon Pham Xuân Ân, que l’insurrection va concentrer ses forces dans les deux provinces septentrionales, où se trouve la base américaine de Khê Sanh, et envoie donc en renfort dans le Centre, à Dà Nang, une brigade de fusiliers marins américains.
    Le jour du Têt, Pham Xuân Ân sillonne Sài Gòn, où il a reçu de ses supérieurs l’ordre de rester, en compagnie du colonel Nguyên Be, chef du programme sudiste de pacification rurale, d’un lieutenant-colonel américain et de son compère Nguyên Hung Vuong. Dans les quartiers infiltrés par les Viêt Côngs, les gens fuient les combats. Restaurants et magasins sont fermés. Mais dans d’autres endroits, les Saigonnais attendent que l’orage passe pour accomplir leur devoir : aller présenter, selon la coutume, leurs vœux de Nouvel An à leurs parents, alliés et amis. La vie reprend ses droits alors que les cendres sont encore chaudes et que chaque camp compte ses morts.
    Trois mois plus tard, Tu Cang reprend contact avec Pham Xuân Ân. Un lieutenant-colonel communiste, Tam Ha, a déserté. Ce commissaire politique de haut rang est impliqué dans les préparatifs de la deuxième phase de l’offensive. Tu Cang a reçu, de Hà Nôi, l’ordre de tenter de découvrir ce que Tam Ha, alias Trân Van Dac, a pu révéler à l’ennemi.
    « Pham Xuân Ân, a-t-il raconté, m’a conduit en voiture à Gia Dinh. Quinze minutes plus tard, il avait réussi à emprunter tous les documents concernant les révélations de Tam Ha. Il les a photocopiés et, comme promis, les a rendus. La personne qui lui avait remis ces documents n’était pas un révolutionnaire mais elle respectait Hai Trung (le nom de guerre de Pham Xuân Ân).
    La lecture de la déposition de Tam Ha, a poursuivi Tu Cang, m’a mis très en colère contre ce traître. Il avait tout révélé : notre plan de campagne, nos tactiques, nos armes, la dissimulation de nos hommes, de notre artillerie, de nos munitions et même l’emplacement de notre QG régional. Face à cette situation, nos dirigeants ont changé tout le plan de campagne et lancé la deuxième phase de l’offensive moyennant un minimum de pertes. Le résultat de cette offensive devait contraindre l’ennemi à la désescalade de la

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