Une histoire du Canada
argument maintes fois répété dans cette province par Mulroney, Bourassa et leurs partisans. À mesure qu’approche le 23 juin 1990, date limite fixée pour la ratification de l’accord, l’opinion publique, alimentée par des médias en effervescence, s’inquiète22.
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UnE HIsTOIRE dU Canada
au nouveau-Brunswick, McKenna dévie de sa ligne et ratifie l’accord. il reste deux opposants, le Manitoba et son gouvernement minoritaire et terre-neuve. Les premiers ministres sont réunis à Ottawa, entourés d’une horde de journalistes et, tandis que, derrière des portes closes, la crise bouillonne, la télévision met en place la couverture solennelle et interminable réservée aux grandes occasions.
Finalement, il semble que Wells et la délégation manitobaine (les trois partis manitobains sont représentés) lâchent du lest. ils vont présenter l’accord à leur assemblée législative respective et, dans l’ambiance surchauffée de l’époque, on s’attend à ce qu’au terme des scrutins, l’entente soit approuvée.
Mulroney exulte. dans une entrevue qu’il accorde à deux journalistes une fois que le triomphe de l’accord semble assuré, il déclare :
« J’ai dit [à mes conseillers] il y a un mois à quel moment nous allions nous rencontrer. C’est comme en campagne électorale ; on fait le compte à rebours. [Je leur ai dit] : c’est ce jour-là que nous allons lancer les dés23. »
C’est un commentaire mal avisé. il n’est jamais bon de se vanter en public ; se vanter à l’avance est certes une bien mauvaise stratégie. « Lancer les dés » lorsqu’il s’agit de l’avenir du pays rappelle à bien des Canadiens qu’il arrive souvent à leur premier ministre de se féliciter de façon indue et qu’il comprend mal comment diriger le pays.
Pour essayer de limiter les dégâts, Mulroney part visiter st. John’s pour encourager les terre-neuviens à lancer, une fois de plus, les dés avec lui. Mais il est trop tard, aussi bien à terre-neuve qu’au Manitoba, où un député cri du nPd refuse le consentement unanime nécessaire au lancement du débat sur l’accord et à son adoption. d’entente, il n’y a plus.
Mulroney et Bourassa ont semé le vent et fait venir les nuages.
Personne n’est vraiment surpris de voir la tempête éclater. au Québec, où la classe politique, à l’exception de trudeau et de quelques-uns de ses partisans, était presque unanime, l’échec de l’accord du lac Meech est considéré comme la dernière et la pire humiliation infligée par les anglais et leurs alliés aux Québécois qui ont tant souffert24. des grandes manifestations ont lieu ; c’est l’opposition séparatiste, à présent dirigée par le séparatiste
« pur et dur » Jacques Parizeau qui prend toute la place et Bourassa n’a aucune solution de rechange à proposer à l’accord. À Ottawa, le parti de Mulroney est divisé, alors qu’un de ses ministres les plus compétents, Lucien Bouchard, remet sa démission en exprimant sa préférence envers le séparatisme.
tout à fait par hasard, les libéraux tiennent leur congrès au leadership à Calgary. Un des candidats, Paul Martin jr, est en faveur de l’accord du lac Meech ; dans l’esprit de l’époque, ses partisans accusent 16•marasmeeTexplosiondanslesannées1980
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son rival, Jean Chrétien d’être « vendu » à la cause des anglais et lorsque Chrétien l’emporte, certains partisans québécois de Martin démissionnent pour se joindre à Bouchard. Par conséquent, pour la première fois, un groupe séparatiste organisé, le Bloc Québécois, siège à la Chambre des communes fédérale.
LA Fin DE mULROnEy
Pour le gouvernement Mulroney, il reste trois années pénibles à passer. alors qu’il cherche désespérément à retrouver son souffle après l’accord, le premier ministre est confronté à une autre crise : une rébellion des Mohawks dans des réserves stratégiquement situées au nord et au sud de Montréal. La révolte éclate en raison d’un différend portant sur des terres que les Mohawks considèrent incorrectement aliénées puis mal utilisées. des promoteurs souhaitent construire un terrain de golf sur un cimetière autochtone. s’ensuivent de la confrontation, une intervention policière et des scènes de violence au cours desquelles la sûreté du Québec, la police provinciale, est repoussée et perd un de ses membres, abattu à l’aide d’une arme à feu. Les Mohawks
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