Une histoire du Canada
victorien4. À
sa mort, sans femme ni enfants, il laisse ses biens à ses serviteurs.
La grande différence par rapport aux générations antérieures, c’est l’absence d’hostilité chez les amérindiens. Pour l’essentiel, le régime post-révolutionnaire demeure en application sur les territoires britanniques et il est régi par les anciens accords entre les Britanniques et les nations amérindiennes (le traité d’Halifax de 1753 avec les Mi’kmaq en est un exemple), mais avant tout par la Proclamation de 1763. Les proclamations établissent les principes régissant la colonisation de l’intérieur des terres par les Blancs et l’acquisition pacifique des territoires amérindiens par voie d’achat.
Les nations amérindiennes occupant le territoire encore considéré comme britannique ne sont pas tentées de prendre les armes contre les nouveaux colons, en partie parce que certaines nations sont presque entièrement dépendantes des Britanniques – un bon exemple est celui des réfugiés des six nations dans la partie occidentale du Québec. en partie aussi parce que les amérindiens sont trop peu nombreux pour offrir une bonne résistance et entretiennent des relations avec les commerçants britanniques de Montréal pour la traite des fourrures. enfin, beaucoup d’amérindiens considèrent que les américains représentent une menace beaucoup plus grande que les Britanniques. Faisant fi de l’expérience, ils gardent espoir que les Britanniques leur viendraient en aide contre les américains.
entre-temps, les administrateurs britanniques du Québec négocient avec les indiens de la région – les Ojibwas ou saulteux du nord des Grands Lacs – l’achat de terres pour les Loyalistes et les iroquois le long de la baie de Quinte et dans le « territoire de Haldimand » le long de la rivière Grand à côté de leurs homologues loyalistes blancs. étant trop peu nombreux, les saulteux ne sont guère en mesure d’offrir une résistance : on estime qu’ils sont à peine deux cents à vivre dans le territoire au nord du lac Ontario.
À leurs yeux, les marchandises que les Britanniques leur proposent en échange sont certes avantageuses ; et on ne sait pas très bien si les saulteux qui cèdent des terres à la couronne comprennent bien qu’une fois cédées, les terres sont perdues à jamais. dans leur esprit, ils cèdent l’utilisation des terres ou échangent leurs terres contre la sécurité et le soutien pour un avenir indéterminé. Cette confusion suscitera plus tard un débat politique et 112
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des controverses juridiques qui dureront pendant deux siècles, mais, pour le moment, cela ouvre la voie à une colonisation libre et pacifique pour des milliers d’immigrants soutenus par la couronne.
L’histoire des iroquois de la rivière Grand, commandée par Joseph Brant, est une histoire malheureuse. Brant espère offrir à son peuple une destinée parallèle, louant des terres pour en tirer un revenu, ce qui améliore les terres et donne une rentrée d’argent régulière. Mais Brant voit ses plans ruinés, comme le sont ceux des iroquois restés en territoire américain.
s’il n’en tenait qu’aux Loyalistes, ou aux administrateurs britanniques locaux, les amérindiens vivant au sud de la nouvelle frontière pourraient voir la chance leur sourire. C’est cependant Londres qui prend les décisions et la grande préoccupation du gouvernement britannique consiste à redresser les finances nationales et à récupérer de la guerre. Cette politique requiert la paix avec les états-Unis et une limitation des armes.
Heureusement pour la Grande-Bretagne, la guerre a laissé la France et ses alliés européens dans une situation financière encore plus précaire, de sorte que les années 1780 passent sans démêlés extérieurs graves.
Pour qu’une administration publique soit complète, il faut une source de revenu et c’est là que réside la faiblesse du système colonial post-révolutionnaire. Les meilleures intentions sont à la source du problème.
Le gouvernement britannique s’est efforcé de tirer des enseignements de l’expérience de la révolution américaine. d’abord, il accepte le fait qu’il ne peut plus espérer taxer les colonies à des fins impériales5. Les contribuables britanniques doivent payer les frais des garnisons britanniques dans ce qui reste de l’amérique et on ne demandera pas aux colons de contribuer au remboursement de la
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