Une histoire du Canada
terres iroquoises) et de la rivière thames7.
Grâce à la présence des colons, le contrôle direct exercé par les Britanniques s’étend jusqu’à la rivière detroit. C’est cependant plus à l’ouest, au-delà des Grands Lacs, que survient l’expansion la plus notable de l’influence britannique. dans cette région, des marchands de fourrures établis à Montréal font concurrence aux commerçants venant des postes de la Compagnie de la baie d’Hudson installés sur les rives de la baie du même nom. Les commerçants montréalais ont un avantage commercial : ils apportent directement leurs marchandises à leurs clients tandis que les marchands de la baie les attendent ; quand la Compagnie de la baie pénétrera à l’intérieur des terres, il lui faudra des années pour dépasser les Montréalais.
Les contacts entre autochtones et Blancs ne se traduisent pas toujours par une convergence heureuse des forces du marché. il arrive que les marchands aient recours à la force vis-à-vis de clients infidèles ou s’en remettent à la dépendance, envers l’alcool ou le tabac, pour attirer des clients.
et les dettes sont inévitables, qui lient les malheureux consommateurs autochtones à un système commercial avide.
en 1789, un commerçant en fourrures montréalais, alexander Mackenzie, suit les cours des lacs et des rivières sur plus de deux mille kilomètres depuis fort Chipewyan (construit l’année précédente) sur le lac athabasca jusqu’à l’océan arctique ; le grand fleuve qu’il descend est baptisé Mackenzie en son honneur. Mackenzie est déçu : il espérait atteindre le Pacifique et non l’arctique. en 1793, il répète son exploit, franchit les rocheuses pour finir par atteindre le Pacifique à l’embouchure de la rivière Bella Coola, devenant le premier homme blanc à traverser le continent.
Mackenzie représente une nouvelle coalition d’intérêts montréalais, la Compagnie du nord-Ouest, dominée par simon Mctavish et les frères Frobisher, mais qui comprend toute une série de marchands d’ascendance britannique et américains. ils ont recours à une technologie traditionnelle, le canot d’écorce, hérité des Français et, avant eux, des amérindiens, mais agrandi en un « canot du maître », avec des équipages de six à douze hommes et transportant jusqu’à 1 360 kilogrammes de cargaison. ils partent de 6•lesguerrespourlaconquêTedel’amérique(3) 115
Montréal, remontent la rivière des Outaouais et traversent les Grands Lacs jusqu’au Grand Portage qui relie le bassin du saint-Laurent aux rivières de l’Ouest, approvisionnant une série de postes échelonnés entre le lac supérieur et les montagnes rocheuses. Cela exige énormément d’efforts, mais les profits sont très gratifiants. Les associés montréalais achètent des seigneuries, épousent des héritières de l’aristocratie, se rencontrent dans leur « Beaver Club » et construisent des manoirs – le « Beaver Hall » pour un des frères Frobisher – qui témoignent de leur richesse.
Les découvertes de Mackenzie ajoutent à leur satisfaction car c’est de la région de l’athabasca – à partir de 55 degrés de latitude nord et entre 110 et 120 degrés de longitude Ouest – que proviennent les fourrures les meilleures, les plus épaisses et les plus luxuriantes8. Les fourrures sont transportées par « canots du maître » jusqu’à Montréal et échangées contre du tissu, des armes à feu et de l’alcool apportés par les commerçants. dans les années 1780, ces derniers sont presque exclusivement anglophones car ce sont eux qui ont les relations, le capital et l’accès au marché des fourrures de Londres, dans le système mercantile, le seul véritable marché en réalité9.
L’émergence d’une élite mercantile à Montréal, étroitement liée aux secteurs commercial et financier de Londres, vient ajouter du poids à l’argument, laissé de côté au moment de l’acte de Québec en 1774, que le Québec est trop grand et trop important pour être privé d’institutions politiques représentatives. On crée un Comité de Londres représentant les intérêts de Montréal pour presser le gouvernement britannique de réformer le gouvernement du Québec. L’afflux de Loyalistes dans la lointaine moitié occidentale de la province renforce l’argument qu’il faut prendre de nouvelles mesures pour refléter l’évolution de la situation. Le gouvernement britannique doit
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