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Une irrépressible et coupable passion

Une irrépressible et coupable passion

Titel: Une irrépressible et coupable passion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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C’est
presque de la théologie. »
    L’orchestre se mit à jouer Someone to Watch Over Me (« Quelqu’un
qui veille sur moi ») et Ruth sollicita cette danse, malgré l’ébriété de
Judd. Elle l’entraîna jusqu’à la piste et se serra contre lui. Sous l’effet
déprimant de l’alcool, Judd considéra avec jalousie les autres hommes qui
observaient le physique de Ruth, qui se contenta d’en plaisanter :
    « Hé, il vaut mieux faire envie que pitié. »
    Si bon danseur fût-il, Judd était, ce soir-là, tout juste
capable d’un pas de base, mais Ruth ne s’en colla que plus étroitement à lui.
Au bout d’un moment, elle changea de position pour appuyer sur son érection et
lui susurra avec coquinerie :
    « J’ai le sentiment que le petit Henry s’intéresse à
moi. »
    Mais Judd était d’humeur chagrine et romantique.
    « Je n’ai aucune idée de la façon dont cette histoire
va se terminer. Tu le sais, toi ? Allons-nous simplement continuer comme
ça ? »
    Affectant de l’ignorer, elle reprit à l’unisson de
l’orchestre les paroles de la chanson, sur un homme qui n’était pas le plus
beau, mais qui de son cœur détenait la clé – seulement, il lui fallait se
remuer, parce qu’elle avait besoin de quelqu’un pour l’aider.
    Judd perdit l’équilibre et Ruth le rattrapa.
    « Nous devons réfléchir à un plan »,
décréta-t-elle.
     
    Ils dormirent au Waldorf-Astoria. Judd téléphona à Isabel et
lui raconta qu’il était trop saoul pour rentrer. Elle n’eut aucun mal à le
croire. Ruth ne prit pas la peine de dire à son mari où elle était ; les
sœurs d’Albert devaient par la suite affirmer que la liberté qu’il accordait si
souvent à son épouse traduisait le grand amour qu’il avait pour elle.
    Judd s’extirpa avec difficulté de sa veste, mais ne put en
faire davantage, de sorte que Ruth le dévêtit, tout en le cuisinant sur ses
projets pour se débarrasser de Son Excellence.
    Vacillant, Judd hasarda :
    « Je lui dirai ses quatre vérités en face et on réglera
ça aux poings. Une fois pour toutes.
    — Sans vouloir te vexer, tu ne fais pas le poids.
    — Y a des chances. »
    Mobilisant toutes ses facultés, Judd finit par lâcher :
    « Tu te souviens de ce film qu’on a vu ?
    — Non.
    — Bien sûr que si. Ce film-là… Le type se fait
assommer… »
    Ruth défit la ceinture et la fermeture Éclair de Judd, puis
baissa son pantalon.
    « Soulève ta jambe droite. La gauche maintenant.
    — Un cabriolage.
    — Cambriolage.
    — C’est ça. Je l’estourbis et on maquille ça en…
machin-chose.
    — En cambriolage.
    — Ouaip’. »
    Il succomba finalement à l’intoxication alcoolique et reprit
ses esprits six heures plus tard, au même endroit, en sous-vêtements et
fixe-chaussette. Il découvrit Ruth courbée en avant, à genoux dans la baignoire
de l’hôtel à demi pleine, occupée à rincer ses cheveux dans une avalanche de
mousse blanche. Un flacon de shampooing ambré était posé sur le sol. Elle se
leva en essorant une torsade de cheveux fauves et eut un hoquet de surprise à
la vue de Judd, tassé contre le chambranle de la porte.
    « Oh ! Tu m’as fait peur.
    — Parfois, je me fais peur à moi aussi, confessa-t-il,
en se ratissant la tignasse de la main. Un verre entraînant l’autre… »,
avança-t-il, en guise d’excuse à sa perte de connaissance.
    Ruth s’accroupit, la poitrine luisante d’eau, savonna un
gant de toilette et sourit du soudain regain d’attention de Judd.
    « Vas-tu tenir ta promesse ? » s’enquit-elle.
    Judd s’agenouilla à côté d’elle et lui subtilisa le linge.
    « Laquelle ? »
    Elle laissa Judd lui laver le bras et la main droite.
    « C’est vrai ce qu’on dit, commenta-t-elle avec un
nouveau sourire. Laissez donc à un homme les mains libres et il ne se gênera
pas pour prendre des libertés.
    — Qu’est-ce que j’ai promis ? insista Judd.
    — Tu m’as juré que ta passion pour moi était telle que
tu étais prêt à en venir aux pires extrémités, dusses-tu renoncer à la vie ou
l’ôter à un autre. Grosso modo.
    — J’imagine que je ne devais pas être aussi cohérent.
    — Mais tu tiendras parole ? »
    Judd acquiesça docilement. Et l’intrigue se corsait.
     
    Chez lui, personne ne lui parlait plus ; même Jane
quittait le salon quand son père y entrait, et Judd discernait des
chuchotements conspirateurs derrière les portes closes. Il

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