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Une irrépressible et coupable passion

Une irrépressible et coupable passion

Titel: Une irrépressible et coupable passion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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lâcha-t-elle.
     
    Cette après-midi-là, elle téléphona à Judd chez
Benjamin & Johnes et lui avoua sa tentative d’homicide comme si
c’était une blague. Mais Judd lui répliqua avec raideur, de son ton snob :
    « Tu es au courant qu’on électrocute les meurtriers, à
New York ?
    — Uniquement ceux qui se font prendre. »
    Et avant qu’il pût ajouter quoi que ce fût, elle changea de
sujet et l’invita à déjeuner chez elle le mercredi suivant. Elle serait seule.
Pouvait-il apporter une vingtaine de ces mignonnettes de spiritueux que
Benjamin & Johnes offrait en cadeau aux acheteurs de
lingerie ? Elle recevait de la famille pour Thanksgiving.
    Et ce fut ainsi – avec une pleine valise d’échantillons
d’alcool tintinnabulants – que Judd marcha de l’arrêt de bus de Jamaica
Avenue au porche de la cuisine des Snyder, où il sifflota l’air de valse de Always.
    La porte s’ouvrit et Ruth l’accueillit gaillardement en
écartant les pans de son manteau en rat musqué. Elle était nue en dessous.
Comme la péripatéticienne qu’il avait abordée dans la 42 e  Rue.
Judd, inquiet, lança un coup d’œil derrière lui.
    « Oh, ne sois pas si poule mouillée ! » le
gronda Ruth.
    Sitôt dans la cuisine, elle l’embrassa, mais repoussa ses
mains avides pour le débarrasser de son feutre et de son manteau. Elle les
suspendit dans la penderie de l’entrée et désigna à Judd la canalisation
qu’elle avait démise.
    Judd ne put s’empêcher de rire de l’énormité de la chose.
    « Quel gogo !
    — Qui ?
    — Son Excellence. Se peut-il vraiment qu’il soit aussi
bouché ?
    — Oh, il était tellement schlass ce jour-là qu’il ne
sait plus ce qu’il a fichu. »
    Elle enleva son manteau de fourrure, lui dévoilant ses belles
courbes, puis l’emmena à l’étage, dans la chambre de Lorraine.
     
    Judd ne put jamais se souvenir à quel moment précis il avait
accepté d’aider Ruth à tuer son mari. Ne serait-ce que pour cette raison, il
eut le sentiment qu’elle l’avait hypnotisé. Mais il se rappelait avoir évoqué
divers sédatifs, ce mercredi après-midi là, les pieds hors du lit trop court de
Lora, le souffle chaud de la chaudière sur leurs peaux empourprées par l’amour,
tandis que Ruth, blottie contre sa poitrine, rajustait avec délicatesse son
pénis endormi, puis lui enserrait affectueusement le scrotum de la main droite.
    « Tu pourrais essayer de te procurer du barbital,
suggéra-t-il. La seule marque qui m’est familière, c’est le Véronal. Forte
accoutumance et action sédative par inhibition du système respiratoire.
L’hydrate de chloral, lui, agit sur le système nerveux central. Tu peux tabler
sur un sommeil profond en moins d’une demi-heure. Le whisky amplifie son effet.
Un whisky additionné d’hydrate de chloral s’appelle un “Mickey Finn”. Il me
semble que ledit Mickey était un barman de Chicago qui se servait de cette
mixture pour détrousser ses clients.
    — Excellente leçon. Quoi d’autre ? »
    Ses rêves de médecine du lycée lui revinrent.
    « Eh bien, il existe aussi divers sels disponibles en
pharmacie. Le bromure de sodium, de potassium, d’ammonium…
    — C’est pour quoi ?
    — Je crois que les bromures sont utilisés comme
anticonvulsifs pour les personnes atteintes d’épilepsie.
    — Mon père était épileptique. Je pourrais l’être, moi
aussi.
    — Mais il faudrait qu’un médecin le confirme. C’est le
hic avec tous les sédatifs. »
    Elle roula sur lui et ses seins rebondis s’aplatirent contre
la taille de Judd. Elle croisa les bras sur son torse et posa le menton dessus
en levant vers Judd son éblouissant regard magnétique.
    « Il n’y en a pas qui ne nécessitent pas
d’ordonnance ?
    — Si, le chloroforme. C’est un anesthésiant.
    — Ce qui veut dire ?
    — “Qui prive de sensation”. “Qui désensibilise”. Il y a
moyen de faire perdre connaissance à quelqu’un, avec. Et même de le tuer, si la
dose est trop forte.
    — Et c’est en vente libre ?
    — Étonnamment, oui. »
    Elle lui titilla le mamelon gauche de la langue et
sourit :
    « Tu pourrais m’en dégotter ? »
    Judd s’entendit répondre que oui. Puis, à son retour au
bureau, après Thanksgiving, il téléphona d’urgence à Ruth pour l’informer qu’il
n’en ferait rien.
    « Oh, ce n’est pas grave », affirma-t-elle, comme
s’il venait simplement de refuser une deuxième assiettée

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