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Une tombe en Toscane

Une tombe en Toscane

Titel: Une tombe en Toscane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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peut-être les restes de la plus riche famille.
     
    –... suffira de travailler avec méthode et patience, continuait Bartoli...
     
    Peut-être les souterrains d'un temple, imaginait Jean-Louis ou la tombe des guerriers comme dans d'autres cimetières ou celle d'un prince.
     
    –... reconstituer une cité d'après l'ensemble de ses morts, poursuivait le professeur.
     
    Quelques minutes plus tard, Jean-Louis prit congé de Bartoli, sans rien lui dire de l'indice découvert par Silvio. Il savait déjà qu'il irait seul à la découverte, au risque de peiner son vieux maître, comme si de cette fouille dépendait sa seule foi.
     
    Tôt le lendemain, il prit le chemin de la ferme de Silvio, emportant les outils.
     
    - On commence tout de suite, dit-il au paysan, le professeur est d'accord.
     
    - Bene, bene, répondit Silvio que la pensée de connaître la valeur de sa trouvaille enthousiasmait.
     
    Ils travaillèrent pendant de longues heures et furent un peu déçus en découvrant un puits carré d'un peu plus d'un mètre de côté. Silvio, comme tous les Toscans, ne considérait la valeur de l'effort qu'à la rapidité des résultats. Il se souvint de tâches urgentes à accomplir et abandonna Jean-Louis. Celui-ci ne fut pas mécontent d'être seul, et quand un coup de pioche lui annonça par sa résonance - qui se traduisit en vibrations douloureuses dans ses poignets - la résistance de la pierre, il eut le pressentiment que les promesses de son imagination seraient tenues.
     
    Finalement, à petits coups nerveux qui lui mirent la sueur au front, il dégagea le profil d'une voûte semblable à celles qui marquaient l'entrée des tombes. Autant qu'il put en juger, elle lui parut plus lisse, comme plus soignée que celles qu'il connaissait, comme si le ciseau de l'ouvrier étrusque avait eu un souci de perfection. Dès lors, il sut qu'en creusant contre cette face du puits, il trouverait le début d'un escalier. Il se remit au travail.
     
    Quand la lumière déclina sur la campagne, que ses reins douloureux et ses mains brûlantes l'obligèrent à poser la pioche et la pelle, il s'était enfoncé de quelques mètres dans la terre. Le père Bartoli aurait critiqué son travail. Il n'avait pas dégagé les marches, se contentant d'ouvrir sur un plan incliné le passage de son propre corps.
     
    En descendant vers la ville, il vit Silvio au seuil de sa maison, son chien entre ses jambes, qui dégustait à grandes cuillères le minestrone.
     
    - Niente  ? lança le paysan.
     
    - Niente, répliqua Jean-Louis.
     
    Silvio eut un geste fataliste et lui souhaita le bonsoir.
     
    Après une toilette minutieuse, dissimulant ses mains dans ses poches, il rendit visite au professeur. Celui-ci avait tenté un circuit à travers la chambre et s'était recouché en grimaçant de douleur, pestant contre son mal qui, au dire du médecin, pourrait le tenir encore une quinzaine au lit. Il paraissait amer et abattu.
     
    - Être encore sensible au printemps, à mon âge, disait Bartoli, c'est une ironie de la nature que je n'apprécie pas. Il y a tant à faire et il me reste si peu de jours... La sagesse me conseillerait de creuser ma tombe, plutôt que d'ouvrir celle des autres.
     
    – Vous aurez déterré toute la lucumonie de Chiusi avant de choisir votre place, dit Jean-Louis. Les dieux comptent sur vous pour être tirés de l'oubli.
     
    Cette gent-là qui gît dans les sépulcres
     
    Ne la pourrais-je voir ? Voici que les couvercles
     
    Sont relevés et personne n'y veille 1 ...,
     
     
    cita-t-il, et le vieux Bartoli sourit.
     
    - Rien ne prouve que nous n'ayons à déterrer que des Épicuriens... mais je vous le ferai voir.
     
    Après trois jours de travail harassant, Jean-Louis réussit enfin à dégager l'entrée de la tombe. Elle était faite de deux battants de pierre plus hauts que lui. Du burin et de la pince, il décrassa la jointure et les pourtours du chambranle. Le parfait ajustage des blocs taillés promettait encore bien des résistances. Il eut un moment la pensée d'aller prévenir le vieux Bartoli et d'en rester là, en attendant son complet rétablissement.
     
    Ouvrir une tombe n'était pas une petite affaire. Il y fallait des précautions, le professeur le répétait souvent. Les battants devant lesquels se trouvait Jean-Louis pesaient vraisemblablement plusieurs tonnes. Il risquait en grattant le tuf qui les soudait depuis des siècles, de les déséquilibrer si les gonds taillés à même

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