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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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beaucoup plus impératif que d’habitude. Et ça n’avait rien à voir avec le goût amer que Priscillus m’avait laissé dans la bouche. Cette envie était plutôt due à certain sourire qui, je l’espérais, allait m’accueillir.
    Elle était sortie. Je me sentais plus ou moins obligé de l’accepter. Il faudrait bien que je la laisse se promener de temps à autre, sinon d’aucuns pourraient penser que je l’avais enlevée pour obtenir une rançon.
    Partout, des signes m’indiquaient que l’après -meridies avait été animé. Severina m’avait assuré que son perroquet était très bien élevé, mais elle avait sans doute voulu dire que Chloé était dressée à dévaster les maisons. Je relevai les traces de son bec sur les chambranles des portes, et trouvai une assiette cassée dans la poubelle. En outre, ce n’était certainement pas Helena qui avait attaqué le tabouret de mon bureau avec une telle férocité qu’une patte était à demi sectionnée. Et, qui plus est, le perroquet avait disparu.
    Helena m’avait laissé une liste de ce que l’oiseau avait prononcé, en ajoutant ses commentaires :
     
    Chloé est une fille intelligente. (Il est permis d’en douter. H.)
    Trousse de manucure.
    Où est mon dîner ?
    Sortons faire la fête !
    Deux œufs dans un panier. (Est-ce mal élevé ? H.)
    Trois obscénités. (Que je refuse de retranscrire. H.)
    Chloé, Chloé, Chloé, Chloé est très gentille.
    Je suis partie chez Maïa, et j’ai emmené ton stupide oiseau.
     
    La dernière ligne me perturba quelques instants, jusqu’à ce que je reconnaisse l’écriture pointue de ma sœur.
     
    Plutôt ennuyé, je me précipitai chez Maïa. Je n’avais pas eu l’intention de mettre la famille au courant de la présence d’Helena chez moi. Pourtant, j’aurais bien dû deviner qu’après le dîner de poisson, ils enverraient un détachement pour récolter les potins et les restes.
    Helena et Maïa s’étaient installées sur la terrasse de ma sœur. Plusieurs assiettes et bols vides, ainsi que des verres de thé à la menthe, s’alignaient sur le parapet de pierre entre les bacs de fleurs. Ni Maïa ni Helena ne se levèrent en me proposant quelque chose à manger. Elles avaient dû s’empiffrer tout l’après-midi, et étaient bien trop gavées pour pouvoir bouger.
    Helena me tendit une joue que j’effleurai d’un baiser. Maïa regarda ailleurs. Notre attitude réservée semblait l’embarrasser davantage que ne l’eût fait une étreinte passionnée.
    — Où est le perroquet ?
    — Chloé se cache, répondit ma sœur. Elle a cru qu’elle allait pouvoir terroriser mes enfants, mais ils se sont défendus. Nous avons dû la recouvrir d’un chaudron pour la protéger.
    — J’ai vu ce que cette peste avait fait à la maison, m’exclamai-je – tout en ramassant des miettes comme un moineau abandonné. Je vais acheter une cage.
    Je finis par découvrir quelques tristes amandes au fond d’un bol. Elles étaient moisies. J’aurais pu deviner que si ma tendre amie et ma sœur les avaient laissées, c’est qu’elles n’étaient pas mangeables.
    — Je crois que « deux œufs dans un panier » est une référence aux testicules, les informai-je – en utilisant ce terme médical pour bien leur faire comprendre que je les considérais comme deux femmes du monde. En revanche, la signification cachée de « trousse de manucure » m’échappe – si tant est qu’il y en ait une.
    Maïa prétendit qu’elle en voyait une, et qu’elle le dirait plus tard à Helena.
    Elles m’autorisèrent à m’asseoir, et leur bonté alla jusqu’à me jeter quelques coussins. Elles finirent même par condescendre à écouter le récit de mon après-midi. Je déduisis des réactions de ma sœur qu’Helena l’avait mise au courant de mon enquête.
    — Je n’ai pas réussi à voir Priscillus, mais je sais qu’il est tel que je l’imaginais : loyers élevés, et aucun scrupule. Je commence à me dire que ce que raconte Severina tient debout.
    — Ne te mets surtout pas à avoir pitié d’elle ! s’exclama ma sœur.
    Je crus saisir un regard d’intelligence entre elle et Helena. Résultat : devant cette coalition, mon attitude envers la chercheuse d’or devint plus accommodante.
    — Pourquoi pas ? Il faut envisager la possibilité que tout le monde l’ait calomniée. Qui nous prouve qu’elle n’est pas une fille casanière, qui s’intéressait à Hortensius Novus pour de bons

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