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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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pour ses fièvres, était maintenant en proie à un autre genre de pestilence : les riches.
    Si la bâtisse en question puait l’argent, son propriétaire ne cherchait pas à afficher son mauvais goût d’une façon aussi tapageuse que les Hortensius. C’était même tout le contraire. Il mettait l’accent sur sa fortune en multipliant les moyens de la protéger. La bâtisse de Priscillus ne possédait ni balcons ni pergolas susceptibles d’aider les cambrioleurs dans leurs entreprises. Les rares fenêtres étaient munies de solides barreaux. Des gardes privés, installés dans une casemate extérieure, surveillaient les alentours de l’imposante demeure. Le mur de la façade, qui faisait toute la longueur de la rue, était peint en noir – ce qui en disait long sur le caractère du maître des lieux.
    Deux yeux dont on ne voyait que le blanc, et qui appartenaient à un Africain immense, louchèrent vers moi à travers le guichet d’une porte massive – également noire. L’homme me laissa entrer, mais avant de me permettre d’aller plus loin, il me soumit à une série de questions rapides. L’idée était sans doute d’empêcher tout intrus d’avoir le temps de se familiariser avec les lieux. Le hall d’entrée abritait un couple de chiens de chasse bretons enchaînés, qui avaient l’air à peine plus amicaux que les gardes du corps bardés de cuir. J’en comptai cinq en train de patrouiller, la main posée sur la poignée de la dague fichée dans leur ceinture.
    On me fit attendre dans une petite pièce et, juste au moment où, mort d’ennui, je m’apprêtais à graver mon nom dans le plâtre, un secrétaire fit son apparition, bien décidé à me renvoyer d’où je venais.
    — Je souhaiterais rencontrer Appius Priscillus.
    — Non. Priscillus ne reçoit que le matin, et seulement les gens inscrits sur sa liste. Si tu n’es pas sur sa liste, tu n’as aucune chance. Si tu es locataire, va plutôt voir le commis qui s’occupe des loyers.
    — Où est-ce que je peux trouver le commis qui donne des renseignements d’ordre personnel ?
    Il me regarda sans répondre. Ses yeux disaient clairement que chaque renseignement avait son prix.
    — Il se pourrait que ce soit moi.
    — Le renseignement que je cherche est extrêmement sensible. Priscillus préférerait certainement me répondre lui-même.
    — Il n’est pas du genre sensible, assura l’homme.
    De toute évidence, Priscillus n’avait pas investi beaucoup dans son secrétaire. Il n’avait rien d’un Grec cultivé, capable de parler et d’écrire cinq langues. Il était doté d’un visage banal d’Europe du Nord. Seules des taches d’encre et une plume de roseau, glissée dans le morceau de tissu marron qui lui servait de ceinture, indiquaient qu’il faisait office de scribouillard.
    — Je m’appelle Didius Falco, précisai-je. (Il n’avait pas dû juger poli de me demander mon nom.) Je voudrais que tu préviennes Appius Priscillus que j’ai certaines questions à lui poser, concernant les événements survenus chez les Hortensius avant-hier soir. Il y va autant de son intérêt que du mien d’éclaircir la situation le plus vite possible.
    — Quelles sont tes questions ?
    — Des questions confidentielles.
    — Je suis habilité à les entendre.
    — Possible, mais je n’ai aucune intention de te mettre au courant !
    Le secrétaire disparut en grommelant, sans même me dire de m’asseoir. C’est d’ailleurs seulement quand cette pensée me vint que, regardant autour de moi, je constatai l’absence de tabourets ou de bancs dans la pièce. Il n’y avait que de lourds coffres, probablement bourrés d’argent, car ils étaient solidement protégés de chaînes. Difficile de s’asseoir dessus sans s’abîmer le postérieur, surtout un postérieur aussi délicat que le mien.
    Si j’avais été avocat à la cour, l’huissier aurait à peine eu le temps de faire démarrer la clepsydre pour chronométrer mon discours avant le retour de mon messager.
    — Il refuse de te voir, m’annonça-t-il d’un air triomphal.
    — Alors que puis-je faire ? demandai-je en soupirant.
    — Absolument rien. On ne veut pas de toi ici, alors tu dégages.
    — Reprenons depuis le début, récitai-je d’un ton égal. Je m’appelle Didius Falco. J’enquête sur l’empoisonnement de l’affranchi Hortensius Novus et, accessoirement, sur l’assassinat de son cuisinier.
    — Et alors, quoi ? dauba le

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