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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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d’Appius Priscillus – pour me voir partout jeter à la porte.
    — C’est justement au sujet de Priscillus que je voulais te parler. (Petro me jeta un de ces sombres regards dont il avait le secret. Il fit tourner son vin autour de ses dents à grand bruit, ce qui était sa façon à lui d’indiquer ce qu’il pensait de cette affreuse piquette.) Falco, est-ce que tu sais vraiment où tu es en train de mettre les pieds ? Tous les gens à qui j’ai posé des questions sur ce type m’ont mis en garde. Il est aussi dangereux qu’un baquet plein de serpents venimeux. Et je dois ajouter que la tribu Hortensius ne vaut guère mieux !
    — Donne-moi des détails.
    — Commençons par Priscillus. Son histoire est tout à fait sordide. Il a fait surface après le grand incendie. Il a commencé par jeter son dévolu sur les gens expulsés par Néron pour la construction de sa Maison dorée. Priscillus visait l’argent des « compensations ».
    — Je croyais que ces « compensations » avaient viré à la mauvaise plaisanterie ?
    — Ce qui s’est en fait passé, m’expliqua Petro, c’est que Néron a offert de débarrasser gratuitement les gravats et les cadavres – ce qui lui a permis de récupérer tout ce qui était intéressant à voler. Le fonds de secours du grand incendie, auquel les citoyens de Rome ont « volontairement » contribué (Petro voulait dire que nous avions tous été rackettés) est allé directement dans les coffres de l’empereur. Des milliers de Romains se sont retrouvés sans toit et complètement désespérés. C’étaient donc des proies toutes désignées pour des promoteurs véreux. Ils se sont enrichis en construisant des taudis en dehors de la ville pour tous ces réfugiés – enfin pour ceux qui avaient réussi à sauver quelque chose. Et dès que ces malheureux ont été installés, les loyers n’ont cessé d’augmenter. Ensuite, Priscillus s’est lancé dans l’usure.
    Dans leur grande majorité, les habitants de Rome vivent à crédit. De l’humble balayeur au consul, ils ont tendance à conserver des dettes toute leur vie. Ceux qui sont en haut de l’échelle sociale parviennent à jongler avec leurs échéances. Pour les autres, les intérêts à cinq pour cent qu’on leur demande les amènent à dégringoler toujours plus bas. Pour s’en sortir, ils n’ont souvent d’autres solutions que de vendre leurs fils comme gladiateurs, et leurs filles à des lupanars.
    — Et le triumvirat Hortensius ? Ils ont accompli le même genre de parcours ?
    — Oui, mais avec un peu moins d’inhumanité. Et leurs intérêts semblent plus diversifiés.
    Je lui racontai ce que l’homme aux gâteaux m’avait appris sur Sabina Pollia et ses navires transportant du grain.
    — Ils ont tout de même une manière toute personnelle de diversifier. Ils ajoutent la fraude commerciale à l’arnaque immobilière !
    — Oui, mais ils font des affaires d’une manière moins brutale. En tant que propriétaires, ils se contentent d’être de mauvais administrateurs. Qu’est-ce qu’ils en ont à faire, si leurs locataires peuvent apercevoir la lumière à travers les murs ?
    — En fait, ils sont aussi bienveillants que mon Smaractus à moi ! plaisantai-je.
    — Il n’y a pas vraiment de quoi rire. Récemment, dans la troisième Région, un plancher a cédé, et trois enfants sont morts. En moyenne, les Hortensius doivent faire face à un procès par mois, de la part de passants qui ont réchappé de justesse à la chute d’un balcon ou de tuiles. Il n’y a pas si longtemps, sur l’Esquilin, un homme a été tué par un mur qui s’est écroulé.
    — Je suppose qu’ils reconstruisent avec de gros bénéfices ?
    — Oh ! tu peux le dire ! confirma Petro en levant les mains. Mais leur méthode préférée pour lever des fonds, c’est une escroquerie très spéciale : une fraude à l’hypothèque.
    Petronius était plus versé que moi en matière de fraude : en tant qu’officier salarié, il lui arrivait d’avoir de l’argent à placer. Il lui arrivait de le perdre, mais moins souvent que d’autres. Il avait un bon flair dans ce domaine aussi.
    — Explique-moi.
    — Eh bien, les Hortensius empruntent une somme d’argent en donnant une propriété en garantie. Puis ils recommencent l’opération avec un nouveau bailleur de fonds, mais en consignant toujours la même propriété. Et ils renouvellent l’arnaque autant de fois que possible.

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