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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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tombant de plus en plus tôt. J’éprouvais l’impression curieuse d’être devenu un étranger dans ma propre cité. C’était un peu comme si la ville avait vécu plusieurs siècles pendant les quelques jours où, pratiquement invalide, j’étais resté confiné dans ma chambre.
    J’étais d’ailleurs sorti trop tôt. L’air vif mettait à rude épreuve ma peau devenue extrêmement sensible. Le vacarme me laissait abasourdi. Les bruits et les couleurs envoyaient des signaux d’alarme à mon cerveau. Mais c’est un peu plus tard que je reçus le véritable choc de cette première journée de travail. Quand l’âne que j’avais loué me hissa en rechignant au sommet du mont Pincio, je découvris à ma plus grande stupéfaction que la cabane où Minnius vendait ses gâteaux s’était volatilisée.
    Il n’en restait plus rien. La baraque, l’auvent, les succulents produits, tout avait disparu. Même le four avait été démoli. On en avait effacé jusqu’à la moindre trace.
     
    Alors que je cherchais à m’orienter dans le vaste parc des Hortensius, la fumée s’élevant d’un petit autel guida mes pas vers le lieu de la cérémonie. Les membres du personnel venaient juste de quitter la maison en procession. Je restai discrètement en arrière, jusqu’à ce qu’ils aient tous pris place dans un espace aménagé au milieu des pins. Viridovix serait en bonne compagnie. C’est sur le mont Pincio que s’élève le monument dédié à l’empereur Néron – et le bon goût de cette stèle a de quoi surprendre.
    Nous n’eûmes droit à aucune surprise. Les révélations au bord de la tombe, au dernier instant, sont des procédés pitoyables employés par les mauvais poètes épiques. J’étais devenu un auteur de satires, maintenant, alors je ne m’attendais à aucune surprise. Nous, auteurs de satires, sommes réalistes.
    Coiffé de mon chapeau grec à rebord, et enveloppé du manteau noir que je réserve à ces occasions, je me mêlai discrètement aux autres. Je ne pense pas être passé complètement inaperçu, car il est de règle aux enterrements que la moitié des personnes présentes passent leur temps à regarder à droite et à gauche, pour essayer de repérer les gens célèbres. Certains cherchent des parents depuis longtemps perdus de vue, et dont ils vont pouvoir se plaindre encore une fois (tout semble toujours bon à prendre pour alimenter de futurs commérages).
    Crepito, Felix et leurs femmes se crurent obligés de faire une apparition symbolique, en l’honneur d’un loyal serviteur expédié prématurément ad patres (ce qui, d’ailleurs, ne semblait pas inquiéter grand monde). L’odeur des huiles parfumées était assez plaisante. Une plaque avait été commandée, non pas par les maîtres de maison, mais par les autres esclaves. Elle serait apposée plus tard sur le mur d’enceinte.
    Après que les Hortensius eurent rendu un bref hommage pendant que le feu brûlait, ils repartirent vers leurs occupations – dont la plus urgente serait sans doute d’aller au marché aux esclaves acheter un nouveau cuisinier.
    Je repoussai mon chapeau en arrière, pour me laisser reconnaître de Hyacinthus qui se tenait près du majordome de la maison. Nous engageâmes la conversation en regardant les flammes s’élever.
    — Falco ! Tu as toujours l’air de quelqu’un qui pourrait rejoindre Viridovix sur son bûcher funéraire.
    — Il y a quatre jours que je survis avec de la gelée de raisins dans du lait. Essaye de ne pas éternuer, ou je vais m’envoler. J’espérais pouvoir me remonter le moral avec un gâteau ! Où est passé Minnius ?
    — Un problème avec son bail. Felix l’a annulé et lui a dit de partir sur-le-champ.
    — Et il est parti où ?
    — Qui peut le savoir ?
    Maintenant que les maîtres s’étaient retirés, je pouvais percevoir un gros sentiment de malaise parmi les esclaves. Malgré les efforts déployés par les Hortensius pour la faire passer pour naturelle, la mort du cuisinier avait fait naître des rumeurs.
    — Ce qui n’a pas arrangé les choses, c’est tout le cérémonial qui a entouré les obsèques de Novus. Le pauvre Viridovix, lui, a dû patienter presque une semaine chez l’embaumeur avant d’être enterré à la va-vite. Bien sûr, ce n’était qu’un esclave, mais c’est ce qu’ils étaient eux aussi, il n’y a pas si longtemps !
    — Le concept familial en prend un méchant coup, commentai-je.
    Hyacinthus me

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