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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Janicule ?
    — Hors de question ! C’est du mauvais côté du fleuve.
    — Tu aurais accès au toit en terrasse.
    — Quel est ton problème ? Tu ne comprends pas le latin ? Ce n’est pas un quartier pour moi ! Dis-moi ce que tu as d’autre.
    — Vue sur une cour ombragée de cyprès, en face du camp des prétoriens…
    — Propose-le à un sourd !
    — Rez-de-chaussée, près du pont Probus.
    — Trouve quelqu’un qui a envie de nager pendant les crues de printemps…
    Nous passâmes en revue tous les taudis qu’il devait avoir sur les bras depuis des années, et il convint qu’il vaudrait mieux essayer de les louer à un provincial qui viendrait juste de débarquer à Rome.
    — Je crois que j’ai ce qu’il te faut, finit-il par dire, dans le quartier de la Piscina Publica. Quelqu’un d’autre s’y intéresse, mais parce que c’est toi, Falco…
    — N’en fais pas trop. Décris-le-moi.
    — Quatre belles pièces, bien disposées, au troisième étage.
    — Sur cour ?
    — Sur rue. Mais il s’agit d’une rue tranquille. L’endroit est très agréable, loin des entrepôts de l’Aventin, et bien fréquenté. (En clair, c’était loin des marchés, et peuplé de prétentieux.) Le propriétaire offre un bail de six mois, parce qu’il n’est pas sûr de ce qu’il veut faire de l’immeuble par la suite.
    Ce qui me convenait tout à fait, parce que je n’étais pas sûr, moi, de pouvoir payer le loyer plus longtemps.
    — C’est combien ?
    — Cinq mille.
    — Par an ?
    — Pour six mois. (Cossus me jeta un regard glacé.) Je ne traite qu’avec les gens qui ont des moyens, Falco.
    — Tu dois surtout traiter avec des idiots.
    — À prendre ou à laisser. C’est le tarif normal. (Je le regardai avec une expression qui signifiait : « Je laisse ! ») En fait, pour un ami, je pourrais probablement descendre jusqu’à trois. (J’étais certain que la moitié de cette somme représentait sa commission, ce qui n’en faisait pas mon ami.) À cause de la courte durée, tenta-t-il d’expliquer, sans réussir à me convaincre.
    Le quartier de la Piscina Publica, de l’autre côté de la via Ostiensis, est un endroit que je connais bien. Le bassin public qui lui a donné son nom est à sec depuis longtemps ; alors j’étais sûr que les moustiques avaient décampé… Je pris rendez-vous avec Cossus pour aller visiter les lieux le lendemain.
    Au moment où j’arrivai Cour de la Fontaine, ce soir-là, je m’étais décidé à prendre l’appartement proposé par Cossus, quel que soit son état. J’en avais assez de me faire éclater des vaisseaux sanguins en grimpant tous ces étages. J’en avais assez de toute cette saleté, du bruit, du fait d’être mêlé malgré moi aux problèmes des voisins. Alors que je serpentais dans le labyrinthe des allées étroites de l’Aventin, qui s’imbriquent les unes dans les autres comme les filaments d’une répugnante fongosité, je me dis que quatre pièces bien arrangées, n’importe où ailleurs, ne pouvaient être que mieux.
     
    Toujours rêvant, j’arrivai en vue de la blanchisserie de Lenia. Demain, je signerais le bail et je pourrais enfin cesser d’avoir honte en donnant mon adresse à quelqu’un…
    Une paire de pieds me ramena sur terre.
    Ces pieds, énormes, battaient la semelle sous le porche du fabricant de paniers, à une dizaine de pas de moi. Je les avais remarqués à cause de leur taille, mais aussi parce qu’ils se trouvaient à l’endroit où j’avais moi-même l’habitude de m’arrêter, quand j’avais motif de surveiller mon appartement avant d’y montrer le bout de mon nez.
    Pas de doute : ces pieds faisaient le guet. Leur possesseur ne prêtait aucune attention aux créations de l’artisan. Et pourtant il y avait le choix, notamment un panier de jardin exceptionnel… Je me dissimulai derrière un pilier pour continuer à l’observer discrètement. Une chose était certaine : il ne s’agissait pas d’un cambrioleur. Comme les cambrioleurs aiment avoir quelque chose à voler, même les plus incompétents évitent la Cour de la Fontaine.
    Un client ou un créancier serait entré parler avec Lenia. Donc, ces pieds surdimensionnés ne pouvaient avoir été envoyés que par Anacrites, le chef espion.
    Je reculai discrètement jusqu’à une allée qui allait me permettre de passer par l’autre côté. Tout paraissait normal à l’arrière de la blanchisserie. Même les mauvaises

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