Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
odeurs. L’atmosphère lourde de cette soirée d’été les rendait encore plus nocives pour les narines. Deux chiens noirs faméliques s’étaient endormis à l’ombre. Au-dessus de ma tête, les volets entrebâillés me permettaient d’entendre une conversation entre un mari et son épouse. Deux femmes, dont la spécialité était de plumer des volailles, échangeaient des commérages près d’un enclos où piaillaient des chapons. Et un homme, que je voyais pour la première fois de ma vie, était assis sans rien faire sur un tonneau.
    C’était à coup sûr un autre espion. Il se tenait en plein soleil. Si la seule motivation de quelqu’un qui s’assoit sur un tonneau est de reposer ses jambes, il s’installe de préférence à l’ombre ! Mais d’où il se trouvait, cet homme pouvait surveiller tout ce qui se passait dans la cour où Lenia mettait le linge à sécher. S’il n’était pas amoureux d’une des lavandières, sa présence à cet endroit n’augurait rien de bon.
    J’optai pour une retraite stratégique.
     
    Disposer d’une grande famille peut présenter un certain intérêt. J’avais beaucoup de parents, qui pensaient tous que je leur appartenais. La plupart voudraient bien condescendre à m’offrir un lit, ne serait-ce que pour avoir le plaisir de fustiger la façon dont je me conduisais. Mes sœurs ne cesseraient de fulminer, parce que notre pauvre maman avait dû faire des pieds et des mains pour me sortir de prison. Mieux valait donc aller directement chez ma mère. Je savais que cela allait m’obliger à faire preuve de patience, mais je pensais en être capable pendant un temps limité. Je parvins en effet à arborer un air reconnaissant pendant tout le temps qu’il me fallut pour avaler un bol de beignets aux crevettes. Ensuite, la tension d’avoir à conserver une conduite humble devint tellement insupportable que je décidai de rentrer chez moi.
    Celui qui surveillait l’arrière de l’immeuble était le mieux organisé : il avait prévu quelqu’un pour le relayer. Son remplaçant s’était à son tour perché sur le tonneau, et essayait de passer inaperçu. C’était plutôt raté, car il s’agissait d’un nain chauve, au nez crochu, l’œil gauche en berne.
    Du côté de l’entrée principale, les pieds monstrueux étaient toujours plantés devant la boutique du marchand de paniers. Mais comme ce dernier avait rentré sa marchandise et abaissé l’auvent, le propriétaire des pieds était de moins en moins convaincant dans son rôle de chaland. Je me glissai chez le barbier, et donnai une pièce à l’un de ses enfants pour qu’il aille aviser les panards qu’un homoncule souhaitait lui parler dans l’allée. Tandis qu’il pataugeait vers le nain, je grimpai mes six étages en ne pensant qu’au vin que j’allais siroter sur mon balcon avant d’aller dormir.
    Et c’est exactement ce que je fis. Il y a des jours où certaines choses se passent comme on le souhaite.

11
    Le matin suivant, je me levai tôt. Avant que les sbires dépenaillés d’Anacrites n’aient repris la surveillance de mon logis, je m’étais faufilé hors de ce trou à rat pour aller m’installer à la table d’une gargote, à deux régions de chez moi. Je me commandai un solide petit déjeuner (dates, pain, miel et vin chaud), que j’avalai tout en surveillant la maison de l’épouse professionnelle.
     
    Severina Zotica habitait dans la deuxième Région, le Cælimontium. Sa rue se trouvait à peu de distance du portique de Claude – à cette époque en ruine, mais inscrit sur la liste des ouvrages à restaurer, dressée par Vespasien soi-même. La chercheuse d’or était installée dans le triangle tranquille délimité par l’aqueduc et les deux routes principales qui se rejoignent à la porte Asinaria. Cossus devait avoir compris que la région de la colline Cælius était trop élégante pour moi. D’abord les rues avaient des noms, et ce pauvre type avait dû croire que cela me poserait un problème… au cas où je ne saurais pas lire, sans doute !
    Severina s’était établie rue Abacus, une voie étroite de bonne réputation, délimitée à un bout par une fontaine publique bien entretenue. À l’autre bout, les deux côtés étaient bordés de boutiques d’artisans : potiers de récipients pour la cuisine, couteliers, serruriers, fromagers, marchands de légumes, de condiments, de tissus… À mon arrivée, les commerçants s’activaient encore à

Weitere Kostenlose Bücher