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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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quartier du Cælimontium. Elle acheta un chou (qui, à mon avis, serait coriace), passa une heure dans un établissement de bains pour femmes, en sortit en se trémoussant et rentra chez elle. Je déjeunai dans la même taverne (des rissoles), et restai installé à ma table durant tout l’après-midi. Un de ses esclaves sortit faire aiguiser un couteau, mais Severina ne montra pas le bout de son nez. Tôt dans la soirée, elle se fit conduire directement au théâtre, et je ne pus me résoudre à assister à la représentation. Il s’agissait d’une farce ayant pour thème l’adultère, avec des maris cocus, et des amants cachés dans des coffres à linge. Je l’avais déjà vue. Les danses étaient épouvantables. Et puis, de toute façon, observer une femme au théâtre n’est pas chose facile : si un beau mec dans mon genre lève les yeux trop souvent vers la galerie des femmes, les traînées s’empressent de lui faire passer de petits billets.
    J’allai donc rendre visite à Helena. Elle était partie rendre visite à une tante, en compagnie de sa mère.
    J’avais rendez-vous avec Cossus chez un marchand de vin de la Piscina Publica. Je lui offris un verre (petit), puis il m’emmena visiter l’appartement. À ma grande surprise, il n’était pas mal du tout. Même s’il se trouvait dans une allée un peu étroite, l’immeuble était correct. L’escalier, bien que poussiéreux, n’était pas encombré de détritus. Des lampes en métal avaient été fixées sur les paliers, mais il leur manquait l’huile.
    — Tu peux les remplir, si tu as envie d’éclairer l’escalier, déclara Cossus.
    — Ce n’est pas au locataire de le faire, si ?
    — Non, sourit-il. Je n’oublierai pas d’en parler à qui de droit…
    Je devinai qu’il y avait eu un récent changement de propriétaire, car des ouvriers avaient laissé leur matériel dans un couloir, et les boutiques du rez-de-chaussée étaient encore vides. En outre, l’occupant principal (vraisemblablement la personne ayant acheté l’immeuble), qui avait réservé le vaste appartement à l’arrière, n’y avait pas encore emménagé. Cossus me dit que je n’aurais pas à le rencontrer, tous les contrats étant établis par lui-même. Je passais une si grande partie de mon temps à éviter Smaractus que ces nouvelles dispositions me semblèrent idéales.
    L’appartement à louer était aussi agréable que n’importe quel autre dans l’immeuble, étant donné qu’il s’agissait de volumes identiques entassés les uns sur les autres. Chacun était muni d’une porte d’entrée ouvrant sur un couloir, avec deux pièces à gauche et deux autres à droite. Elles n’étaient pas beaucoup plus grandes que celles dont je disposais actuellement, mais plus nombreuses. Je pourrais m’y organiser une existence plus raffinée, avec une salle de séjour, un bureau, une salle de lecture, et une chambre… Les planchers étaient en bon état, et il flottait dans l’air une réjouissante odeur de plâtre frais. Si jamais le toit fuyait, les autres locataires au-dessus de ma tête seraient inondés par la pluie. Il faudrait du temps avant qu’elle ne s’infiltre jusque chez moi. Je ne vis aucune trace de vermine. Les voisins (s’ils étaient vivants) ne faisaient aucun bruit.
    Je serrai la main de Cossus pour conclure l’affaire.
    — Combien de semaines de loyer veux-tu à la fois ?
    — Mais les six mois ! s’exclama-t-il, choqué.
    — Si le terme commence en juillet, j’ai déjà perdu deux mois !
    — Oui, d’accord. Alors disons les quatre mois suivants. (Je promis d’aller encaisser mes jetons gagnants dès que possible et de lui apporter l’argent.) Et la caution en cas de problème juridique.
    « Problèmes juridiques ? » Il voulait dire que si jamais je laissais échapper un pot de fleurs et assommais un passant, le propriétaire pourrait en être tenu pour responsable. Smaractus n’avait jamais pensé à me demander une provision dans ce but. Mais il faut dire que sur l’Aventin, les gens se débrouillent à régler ce genre de problèmes entre eux, sans faire intervenir la loi : ils bondissent dans l’escalier et viennent vous démolir le portrait, sans autre forme de procès.
    — C’est quelque chose qui se pratique couramment ?
    — Oui, pour toutes les nouvelles locations, Falco.
    Comme j’avais toujours eu envie de passer pour un homme du monde, j’acceptai cette condition sans rechigner

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