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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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affranchis devaient avoir fait déraciner une petite forêt. On pouvait faire confiance à cette bande de m’as-tu-vu pour transformer des funérailles en spectacle.
    Les esclaves étaient tous vêtus de noir, et l’étoffe de leur tunique paraissait neuve. Pollia et Atilia avaient dû garder les couturières au travail toute la nuit.
    Quand je parvins à entrer pour les rencontrer (elles prétendaient être bien trop affligées pour recevoir des visiteurs) les deux femmes étaient drapées dans des voiles blancs, la couleur du deuil pour les classes supérieures – beaucoup plus flatteur au teint.
    Après avoir murmuré quelques mots de condoléances, j’entrai tout de suite dans le vif du sujet.
    — Vous devez vous demander comment j’ose me montrer devant vous…
    Sabina Pollia caqueta brièvement ; le chagrin tend à rendre certaines personnes irritables. Selon son habitude, elle était merveilleusement maquillée. Mais aujourd’hui, elle ne parvenait pas à cacher que sa voix avait dix ans de plus que son visage.
    Je décidai de faire front.
    — Écoutez, j’ai fait tout mon possible, et je ne vous avais rien promis d’autre. (Les immenses yeux sombres d’Hortensia Atilia, qui exprimaient davantage de peur que de chagrin, se fixèrent anxieusement sur moi. Sabina Pollia me regardait d’un air furieux.) Vous aviez toutes les deux raison pour Severina – même si elle paraît avoir bien mal choisi son moment… Il n’était pas possible d’empêcher ce qui s’est passé. Mais cette fois-ci, elle ne pourra pas échapper à la justice.
    — Comment peux-tu en être aussi sûr ? demanda Pollia d’une voix coupante.
    — L’expérience.
    — Tu avais déjà l’air sûr de toi, avant !
    — Non. Avant, j’étais méfiant. Maintenant, je suis très en colère.
    — L’affaire est entre les mains du préteur, intervint Pollia.
    — Bien. Je l’avais moi-même suggéré.
    J’avais déjà deviné ce qu’elle allait ajouter.
    — Alors je suggère, moi, que nous laissions le préteur s’en occuper !
    J’attendis en silence que Pollia ait adopté une attitude un peu moins méprisante à mon égard avant de dire :
    — Vous m’avez engagé parce que je travaillais pour le palais. Et c’est justement au palais que j’étais retenu hier soir.
    — Nos maris nous ont demandé de ne plus faire appel à tes services.
    C’est Atilia qui venait de s’exprimer. Celle qui m’avait toujours paru être la plus timide des deux. Aucune de ces deux femmes n’était du genre à se soucier de ce que pouvait bien dire son mari. Mais une excuse en valait bien une autre, quand des clients s’étaient mis en tête de me renvoyer.
    — Alors, il va de soi que vous devez faire ce que vos maris vous demandent.
    — Tu as échoué, Falco ! insista Pollia.
    — Apparemment !
    Même victime d’une affreuse gueule de bois, je savais rester professionnel. S’attendant à une explosion de colère de ma part, elles étaient toutes les deux visiblement tendues. Mais j’aurais tout le temps, plus tard et ailleurs, de donner libre cours à ma rage.
    — De toute façon, je cesse toujours de m’occuper d’une affaire quand j’ai perdu la confiance de mes clients.
    Sur ces nobles paroles, je les saluai courtoisement (parce que je tenais à ce qu’elles me règlent mes honoraires), et je sortis.
     
    Pour moi, l’enquête se terminait là. Eh bien, tant pis. Si on ne me proposait rien d’autre dans l’immédiat, je pourrais toujours accepter de travailler pour le palais.
    Renvoyé.
    Encore renvoyé, devrais-je dire ! C’est bien simple, on me renvoyait tout le temps. Les clients qui m’engageaient étaient toujours du genre hésitant. À peine avais-je apporté un peu d’excitation dans leurs vies minables que leurs petits esprits leur soufflaient qu’ils feraient mieux de se passer de mes services.
    Non seulement j’aurais été capable de mener cette enquête à son terme, mais je l’aurais fait avec plaisir. Après tout, tant pis ! Pour quelques semaines de surveillance, j’allais pouvoir soutirer des honoraires exorbitants à ces deux femmes, tout en disparaissant au moment où commençaient les vrais problèmes. Au fond, pour un philosophe dans mon genre, c’était encore la meilleure façon de faire des affaires. Mieux valait laisser magistrats et agents de l’ordre public attraper une migraine, en essayant de deviner comment Severina s’y était prise cette fois-là. On verrait

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