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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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bien si le préteur du Pincio pourrait la traîner devant une cour de justice, quand celui de l’Esquilin, Corvinus, n’y avait pas réussi. Je me mis à rire. Je pouvais envoyer une note pour mes dépenses, aller me prélasser dans les bains publics, me distraire, lire le compte rendu des gâchis officiels dans la Gazette du jour…
    Mais mon enquête n’était pas terminée.
     
    Je m’apprêtais à franchir la porte tarabiscotée du jardin, la tête haute, quand je remarquai quelqu’un qui attendait à l’ombre, tout près du pavillon du portier : bras maigres et moustache noire barrant le visage.
    — Hyacinthus !
    C’est moi qu’il attendait.
    — Il faut qu’on parle, Falco. Je dois faire vite. On a tous reçu l’ordre de ne pas t’adresser la parole.
    — Mais pourquoi ? (Le voyant jeter un coup d’œil nerveux en direction de la maison, je le tirai en dehors de l’allée, et nous nous tînmes accroupis derrière un très vieux pin.) Aucune importance. Que se passe-t-il ?
    — Tu as discuté avec Viridovix.
    — Oui, et j’avais l’intention de continuer aujourd’hui…
    Hyacinthus laissa échapper un bref ricanement. Puis, ramassant une pigne de pin, il la lança rageusement à travers les branches.
    — Ils t’ont soldé ton compte ?
    — Ils m’ont renvoyé. Reste à voir s’ils vont me payer.
    — Il te suffira de présenter ta facture. Ils ne veulent surtout pas d’ennuis.
    — Des ennuis ? Quels ennuis ?
    Il resta silencieux un bon moment, avant de me lancer :
    — Tu ne pourras plus jamais parler au cuisinier : Viridovix est mort !
    À peine eus-je entendu ce qu’il venait de dire que je sentis une sueur froide rouler entre mes omoplates.
    — Que s’est-il passé ?
    — Il est mort pendant son sommeil.
    — De la même façon que Novus ?
    — Je crois pas. Il avait les traits apaisés. Sa mort paraissait naturelle.
    — Ah !
    — Il était en bonne santé, assura Hyacinthus, les sourcils froncés.
    — Les cuisiniers mangent souvent les restes : ça peut être dangereux. (Viridovix n’était pas vieux. 30 ans. Comme moi. Quasiment un enfant.) A-t-on ouvert une enquête sur sa mort ?
    — Hors de question. Quelqu’un a suggéré à Felix que son décès était peut-être suspect, mais il a expliqué que Viridovix n’avait pas dû supporter que Novus soit mort après un repas préparé par lui. Alors, d’après lui, il s’est suicidé.
    — C’est vraisemblable ?
    — Tu l’as rencontré ! se contenta de répondre Hyacinthus, avec un rictus.
    — Oui. Est-ce que vous allez essayer de faire quelque chose ?
    — Si l’affranchi refuse, que pourrions-nous faire ? Après tout, déclara mon compagnon avec rancœur, ce n’était qu’un esclave ! Tout comme nous, ses amis.
    Je me mordillai un ongle en réfléchissant.
    — Le préteur qui va mener l’enquête sur la mort de Novus devrait être mis au courant.
    — N’y pense plus, Falco ! s’exclama Hyacinthus en se remettant debout. Le préteur a emprunté une grosse somme d’argent à Crepito. Il va se sentir obligé de coopérer. La famille veut que Novus soit enterré le plus discrètement possible.
    — J’avais cru comprendre qu’ils souhaitaient protéger ses intérêts ? C’est du moins la raison que Sabina Pollia m’a donnée en m’engageant.
    — Je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi ces deux-là t’ont engagé, avoua Hyacinthus, perplexe. Ta réputation d’incompétence t’avait précédé, laissa-t-il échapper.
    — Oh ! merci. (Je tentai d’étouffer un juron, mais sans succès. Je finis par le cracher. C’est mon frère qui me l’avait appris, et il était particulièrement expressif. L’esclave en parut impressionné.) En effet ! Si c’est ce qu’elles croyaient, pourquoi m’avoir engagé ?
    — Elles pensaient peut-être que tu serais bon marché.
    — Laisse-moi te dire qu’elles se sont trompées !
    Je me rappelai alors les paroles d’Helena. Elle m’avait dit que ces Hortensius n’étaient impressionnés que par ce qui coûtait cher.
    Sans même avoir vu le corps, je partageais les doutes de Hyacinthus sur les causes de la mort du chef cuisinier.
    — Je suis sûr que Viridovix a été empoisonné à son tour, affirmai-je. Mais pas avec le même poison paralysant qui a réglé le sort de Novus. Toi qui as vu les deux cadavres, es-tu d’accord avec moi ? (Il inclina la tête, et je pris une décision soudaine.)

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