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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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question à Mordecai.
    — Je vais le réveiller, dit Jacob avec lassitude. Il dort près d’ici, à côté de la cuisine.
    Mordecai avait l’air épuisé et misérable, mais du moins était-il réveillé.
    — Je ne dormais pas, maître, avec ce mal de crâne et ce qui vient d’arriver.
    — Raconte-nous.
    — Eh bien, quand maître Abram est entré et que je l’attendais, j’ai parlé avec un homme qui se disait intendant de l’un des voisins de maître Pere. On a bavardé, c’est tout, dit-il, sur la défensive, on parlait de tout et de rien quand maître Abram est ressorti. Lui et maître Yusuf discutaient, pour savoir si maître Yusuf retrouverait tout seul son chemin, je crois. Il allait essayer en partant le premier. Ensuite maître Abram m’a appelé, je me suis retourné et j’ai entendu un sifflement. Je me suis baissé, mais j’ai quand même pris le coup, ajouta-t-il en montrant sa tempe. Maître Abram a crié quelque chose et a couru vers nous. Et puis, il a disparu. Je n’ai pas vu ce qui se passait : je n’avais qu’une torche à la main et je ne voulais pas me faire tuer. Maître Yusuf est arrivé avec son épée et il a chassé l’homme qui s’acharnait sur moi. Je lui en serai toujours reconnaissant. Après, il m’a envoyé chercher de l’aide chez maître Pere. Ils sont tous sortis et quelqu’un a crié que c’était le médecin, mais un autre a rectifié, non, c’est maître Abram.
    — Pourquoi ont-ils cru que c’était moi ?
    La voix de Yusuf perça l’obscurité pour la première fois.
    — Ils sont entrés dans la ruelle avec des torches et ils l’ont vu couché à terre. Il portait votre cape, maître Jacob. La sienne était trop courte, selon lui, pour une visite professionnelle, tellement il avait grandi pendant l’été.
    — Ils voulaient me tuer ?
    — Je le soupçonnais, dit Isaac. Et maintenant c’est clair.
    — Mais pourquoi ?
    — Il n’y avait aucune raison de tuer Mordecai ou Abram. Vous saviez qui était votre patient. Les seuls autres à connaître son identité étaient sa femme, bien à l’abri dans les appartements princiers du palais, le prêtre…
    — Le prêtre ?
    — Don Arnau lui avait dit qui il était.
    — Le prêtre a-t-il parlé ?
    — Il n’en aura pas eu le temps, répondit Isaac. Il était mort à la tombée de la nuit. Autrement, seul l’assassin sait qui il est, et Esclarmonda. J’espère qu’il n’est pas au courant pour Esclarmonda. Il faut que je lui parle.
    — Allons tout de suite la trouver, proposa Jacob.
    — Non. Il faut agir très discrètement. Je m’y rendrai seul. Jacinta me montrera le chemin.

CHAPITRE XVII
    Jacinta était assise dans le couloir, arrachée au sommeil, et elle attendait patiemment qu’Isaac vienne la trouver.
    — Jacinta, lui dit-il, il faut que je parle à Esclarmonda.
    — Elle ne viendra pas au Call, répondit l’enfant.
    — Dans ce cas, allons chez elle. Peux-tu m’y conduire ?
    — Tout de suite ?
    — Je t’en prie.
    — D’accord, messire, mais il va falloir glisser la pièce au portier.
    — J’ai ce qu’il faut. Es-tu assez chaudement vêtue ? Les nuits se font fraîches.
    — J’ai un châle, maître Isaac.
    — Va chercher une lanterne et une bougie.
    — Nous n’en aurons pas besoin, répondit Jacinta. La lune s’est levée, et puis je connais le chemin.
     
    D’un pas rapide et silencieux, l’enfant parcourait les rues. Isaac avait posé la main sur son épaule pour mieux suivre ses mouvements ; il prenait soin de tenir bien haut son bâton pour ne pas heurter le pavé. De temps à autre, il percevait des pas dans le lointain, que parfois Jacinta ignorait ; sinon, elle tirait doucement sur sa tunique afin qu’il se cachât dans l’embrasure d’une porte. Chaque fois qu’elle répétait ce geste, de lourds pas se faisaient entendre devant eux. À l’occasion, elle lui murmurait un avertissement, mais la majeure partie du temps, ils cheminaient en silence.
    Ils arrivèrent en haut d’une colline : l’odeur des champs d’épandage et des équarrissoirs leur monta au nez.
    — Nous sommes presque arrivés, maître Isaac, lui dit son guide d’un ton quasi normal.
    Le paysage sonore s’enrichit d’éclats de rire, d’un cri de colère et d’un claquement de porte. Des voix avinées résonnaient confusément entre les collines. Sans cesse, Jacinta devait écarter Isaac des flaques de boue.
    — Je crois qu’elle sera là,

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