Vengeance pour un mort
au sein. Johana leva les yeux quand Margarida entra dans la pièce et elle lui sourit.
— Il est né affamé, Margarida. Il a une telle vigueur !
— Il me rappelle tant son pauvre papa, dit Margarida dont les yeux s’emplirent aussitôt de larmes. Mais cela suffit. Je suis ici pour voir comment vous allez, et de toute évidence vous allez bien, mais aussi pour vous apporter une lettre de la princesse. Elle a dû l’écrire à l’aube.
— Je la lirai dès qu’il se sera endormi.
— Comment se fait-il que vous soyez seule ?
— C’est moi qui l’ai voulu, Margarida. J’ai envoyé la sage-femme prendre du repos chez elle et Felicitat regagner son lit. Toutes deux dormaient debout. Elles seront bientôt de retour. Le bon médecin et sa femme ne sont pas encore levés.
— Je crois que la façon virile dont mon serviteur a frappé à la porte les aura réveillés ainsi que chaque occupant de cette maison.
— Ils ont été très bons. Maîtresse Ruth m’a fait porter le berceau de son enfant. Elle m’a offert ses habits de bébé également – elle dit être grosse à nouveau –, mais nous n’en avons pas eu besoin. Felicitat a apporté tous les vêtements auxquels je travaillais. On s’occupe bien de moi. Et à en juger d’après ce que j’entends, je vais bientôt déjeuner.
Elle gazouilla à l’adresse de son bébé, puis elle releva la tête.
— Il dort, annonça-t-elle, émerveillée.
— Je vais le mettre au berceau, proposa Margarida.
— Non, je vous en prie. Laissez-le-moi.
Elle le cala dans le creux de son bras.
— Bien, voyons maintenant ce que veut nous dire Son Altesse royale.
Johana brisa le sceau et déplia la lettre. Un morceau de parchemin en tomba, qui voleta jusqu’à l’enfant. Johana rit.
— Ce doit être pour lui, dit-elle en tendant la lettre vers la lumière qui entrait par les volets à demi ouverts. La princesse est si bonne.
Elle se remit à lire. Soudain, elle ramassa la feuille tombée sur son enfant et la déplia. Elle la parcourut le front plissé, comme si elle était rédigée dans une langue étrangère, puis elle éclata en sanglots.
— Johana, que se passe-t-il ? Que dit la princesse ? Qu’est-ce qui se passe ?
Désemparée, elle agita la clochette. Felicitat arriva un instant plus tard. Elle prit le bébé endormi et le remit dans son berceau avant de prendre dans ses bras sa mère en larmes.
— Là, là, madame, tout va bien, susurrait-elle. Tout va bien, il ne faut pas vous inquiéter.
— Oh, Felicitat, si tu savais… Comme je suis heureuse. Cela vient de Sa Majesté le roi. Il nous envoie son pardon.
— Si seulement il était arrivé plus tôt ! dit Margarida. Je suis heureuse pour vous, mais si nous avions pu…
— N’y pensez plus, Margarida. Felicitat, va montrer cette lettre à notre ami. Et apporte-moi à manger. Tu ne peux pas savoir à quel point j’ai faim !
Felicitat quitta la pièce, étonnée que sa maîtresse se montre si affamée, mais déterminée à transmettre le plus vite possible la nouvelle à son maître.
— Margarida, dit Johana une fois qu’elles furent seules, je veux savoir. De quel côté êtes-vous ?
Tandis que Margarida était enfermée avec dame Johana, les membres de la maison du médecin et les invités se réunissaient autour d’une table dressée dans la cour ensoleillée. Ruth fut la première à faire son apparition, l’air fatiguée et accablée de tracas.
David vint ensuite. Vêtu de frais, il marcha à grands pas vers la table.
— J’ai laissé dormir ma femme, dit-il, mais j’ai ordonné que son déjeuner lui soit monté. Je crois qu’il est temps qu’elle se réveille.
— Mais, David, une jeune mariée peut dormir tant qu’elle le désire et ne pas descendre pendant plusieurs jours si elle le souhaite. Vous le savez bien, lui reprocha Ruth.
— Je ne veux pas qu’elle s’ennuie ou qu’elle prenne de mauvaises habitudes. Ah, voici les premiers plats et un pain frais qui semble excellent. J’ai une faim de loup.
— Tu m’as l’air d’excellente humeur, lui dit son frère en arrivant dans la cour.
— Et pourquoi ne le serais-je pas ? J’ai une femme adorable au doux caractère, et tous nos petits problèmes ont été réglés. Il y a de quoi donner de l’appétit, non ?
Jacob rit.
— Mais où sont tous les autres ?
— Je suis ici, dit Raquel. J’aidais Leah à fermer le coffre. Papa et Yusuf me suivent. Ils ont
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