Vengeance pour un mort
fait leurs bagages. Bonjour, papa, quand partons-nous ?
— Plus tard. Nous avons encore quelques détails à régler et une visite à rendre avant de nous en aller. Maîtresse Ruth nous a promis de dîner tôt. Nous prendrons la route ensuite.
— Je crains que ce ne soit un repas frugal, dit Ruth, constitué à partir des reliefs du festin nuptial. Mais il est resté en cuisine des plats auxquels on n’a pas touché et qu’on n’a pas donné aux pauvres. Cependant, la cuisinière est déjà sortie nous chercher de belles sardines que nous ferons griller.
— Que demander de mieux ? fit Isaac. Bien, déjeunons.
— Votre tête vous fait-elle encore souffrir, papa ? demanda Raquel.
— Très peu, ma chérie. Il y a tout de même là, dit-il en se touchant la nuque, un endroit sensible, et je n’aimerais pas qu’on me frappe à nouveau. En dehors de ça, je vais bien. J’espère que nous trouverons un endroit calme où coucher ce soir. Bon, que mangeons-nous à présent ? demanda-t-il, et Raquel lui remplit son assiette.
— Du riz parfumé, des fruits, du pain et deux variétés de fromage. Il y a encore d’autres choses sur la table si vous le désirez.
— Tu m’as donné ce que j’apprécie le plus par une belle matinée ensoleillée.
Quand le déjeuner fut terminé, Ruth s’excusa et alla reprendre ses tâches ménagères. Astruch, qui était descendu tard et avait peu mangé, s’excusa à son tour.
— Comme vous ne partez pas de suite, j’aimerais m’entretenir avec Duran de quelques points relatifs aux affaires. Nous serons revenus à temps pour vous dire adieu, maître Isaac, maîtresse Raquel. Et à toi aussi, Yusuf.
— À qui devons-nous rendre visite, papa ? demanda Raquel en soupirant.
Elle avait quitté son lit bien trop vite après s’y être couchée afin de s’occuper des bagages et de tout ranger avant de déjeuner. Elle avait hâte de rentrer chez elle.
— J’ai promis à Son Excellence, l’évêque…
— Quel évêque, papa ?
— Les deux évêques. Son Excellence l’évêque Berenguer m’a demandé de porter certains messages et de lui rapporter des informations. Et l’évêque de Perpignan m’a demandé de lui transmettre les informations auxquelles j’aurais pu avoir accès afin de lui permettre de rédiger son rapport.
— Quel rapport ?
— Un rapport qui a été promis à l’évêque Berenguer et qui doit parvenir entre les mains de Sa Majesté le roi, à mon avis. Mais pour ce faire, nous devons tenter de comprendre ce qui s’est passé la nuit dernière. Comme l’un des acteurs est enfermé dans la chambre de Mordecai, il me semble que nous devrions le faire venir ici pour lui tirer les vers du nez.
— Ne nous a-t-il pas dit tout ce qu’il savait ?
— J’en doute. Il ne nous a avoué que ce qu’il devait nous faire savoir.
La porte de la maison s’ouvrit et dame Margarida sortit dans la cour.
— J’apporte un message de la part de dame Johana, dit-elle.
— Certainement, fit Isaac. À qui est-il adressé ?
— À maître Jacob et à vous-même. Il vous concerne tous deux. Vous avez pris des risques depuis le jour où maître Jacob a accueilli son époux.
— Parce qu’il s’est enfui de prison ou parce qu’il est chrétien ? demanda Isaac.
Margarida rougit de confusion.
— Pour les deux raisons, je suppose, bien qu’abriter un fugitif serait certainement plus risqué pour maître Jacob. Dame Johana espère que la vérité vous protégera. Elle et moi savons certaines choses qui pourraient vous aider. Elle m’a envoyée vous les dire.
— C’est parfait, dame Margarida, dit Isaac. Si vous voulez bien prendre place. Il ne nous manque plus que deux protagonistes.
— Et qui sont-ils ? s’enquit Jacob.
— L’homme retenu dans la chambre de Mordecai et votre patient. Si vous n’y voyez pas d’objection, je crois qu’on pourrait l’amener participer à notre réunion. L’air et le soleil lui feront du bien. Il est alité depuis trop longtemps.
Dans une activité bourdonnante, une couche fut descendue, pourvue d’innombrables coussins et rendue le plus agréable possible. Raquel et Yusuf préparèrent le patient, puis Mordecai et David lui firent descendre l’escalier.
La couche fut placée à l’ombre du citronnier. Arnau y fut doucement déposé. Il reprit son souffle et sourit.
— Cela me fait moins mal de respirer, me semble-t-il. Et ce bon air a tout d’un remède
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