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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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diction de l’arabe que lui avaient enseignée ses parents et qu’il s’efforçait de retenir depuis quelques années. De plus, ce n’est pas mon copain.
    —  Il n’est pas assez riche pour toi, mon joli ? lui demanda l’individu à la peau olivâtre.
    —  Je suis venu jouer aux dés, pas pour …
    Il cherchait une réplique parmi les mots grossiers qu’il connaissait en arabe quand quelqu’un l’interrompit.
    — De quoi vous parlez, tous les deux ? demanda le dénommé Gros, un nom qui convenait particulièrement à sa corpulence.
    — Ce joli garçon veut jouer, dit l’homme mince. Comment tu t’appelles, joli garçon ?
    — Yusuf. Et toi, affreux bonhomme ?
    Celui qui parlait arabe ne put s’empêcher de rire.
    — Ahmed, répondit-il.
    — Vous ne craignez pas de vous faire arrêter, à jouer ainsi en plein air où tout le monde peut vous voir ? demanda Yusuf.
    — On ne joue pas, dit le gros homme avec un air innocent. On travaille. On est des portefaix. Ils ont besoin de nous, non ? Qu’est-ce qui se passe quand quelqu’un a quelque chose à transporter ? On m’appelle el Gros, ajouta-t-il avec un sourire, parce qu’il n’y en a pas de plus fort que moi dans la ville.
    — El Gros n’a jamais porté que ses frusques depuis tout le temps que je le connais, dit Roger.
    — C’est pas vrai, Roger, j’ai porté un tonneau de vin pour quelqu’un et il m’a laissé boire tout mon saoul au lieu de me payer. C’était il y a quatre hivers. Ça m’a donné une bonne leçon.
    — Fais attention, dit Roger à Yusuf. El Gros gagne sa vie en dépouillant les petits gars dans ton genre jusqu’à leur dernière pièce.
    — Les petits gars, peut-être, mais pas moi.
    — Oui, reprit el Gros. Quand il n’y a rien à faire, on s’ennuie, pas vrai ? Et à force de s’ennuyer, peut-être qu’on ira se chercher un autre travail. C’est pour ça que tout le monde fait comme si on ne jouait pas.
    — Aussi longtemps qu’on repose les dés quand les cloches appellent à la messe, expliqua Roger. Viens t’asseoir, mon garçon.
    — On s’arrête aussi pour la nuit quand elles sonnent les vêpres, précisa el Gros.
    — Oh oui, on s’arrête toujours la nuit, pas vrai ? fit Roger avec un clin d’œil.
    — Pendant au moins une heure, précisa Ahmed.
    — Il faut bien manger, non ? dit el Gros.
    — Vous êtes de Perpignan ? voulut savoir Yusuf.
    — D’où tu sors, toi ? demanda Roger. Personne ici ne vient d’ici, c’est pour ça qu’on ne peut rien contre nous.
    — Que si ! intervint Ahmed. Mais vous ne valez pas le dérangement.
    — C’est juste, confirma Roger.
    — Même Ahmed vient de quelque part, reprit el Gros. Mais il ne veut pas dire d’où.
    — Ahmed pas se rappeler, fit le grand type décharné qui se tenait près de Yusuf et qui parlait avec beaucoup d’hésitation.
    — Bien dit, approuva Roger.
    — Qui est-ce ? demanda Yusuf.
    — Un Normand. C’est pour ça qu’il parle si mal. Ne me demande pas son nom, personne n’arrive à le prononcer.
    — Ce n’est pas un Normand, intervint Ahmed, c’est un soldat d’Angleterre. On veille sur lui. S’il travaille pas, c’est qu’il a eu la jambe blessée à la guerre.
    — Il se battait pour qui ? demanda Yusuf.
    — Avec qui tu étais ? répéta el Gros.
    L’Anglais regarda autour de lui, l’air désemparé, et chercha à répéter les mots à voix basse. Puis il secoua la tête, en pleine confusion.
    — Il mendie pour survivre, dit Roger. À part sa jambe, il est très fort. Fort, répéta Roger en montrant l’Anglais du doigt.
    — Oui, fit l’Anglais, fort.
    En guise d’illustration, il tendit la main, saisit Yusuf par la taille et le souleva au-dessus de sa tête. Puis il le reposa très doucement et dit encore une fois « fort » en arborant un large sourire.
    — C’est un des rares mots qu’il connaît, expliqua el Gros. Il en est très fier.
    Yusuf sortit de sa besace son pain à la viande et en donna la moitié à l’Anglais.
    — Pain. Viande. Pour toi, dit-il. Parce que tu es si fort.
    — Merci, fit l’Anglais. J’ai faim. Merci.
    — Ça, c’est les autres mots, dit el Gros. Allez, mon gars, pour une petite pièce, tu lanceras bien les dés contre nous ?
    Yusuf savait que ce moment de distraction valait bien la pièce qu’il était sûr de perdre, et il la déposa devant lui.
    Une fois sa pièce perdue, et el Gros souriant, Yusuf se

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