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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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que vous êtes enrhumé et que le sol est trop froid et trop humide pour la chasse ?
    — Je fais ronfler le feu dans la cheminée, je demande qu’on m’apporte du vin chaud aux épices et je raconte des histoires cocasses.
    — Vous devez trouver ça épuisant.
    — Quand je désire être sombre et de mauvaise humeur, je quitte mes amis et je décharge ma bile sur quelques serviteurs soigneusement sélectionnés.
    — Je m’en souviendrai, dit Johana.
    — Mais je m’égare, madame. Il est impardonnable de plaisanter dans une maison que frappe le deuil. Le destin vous a porté un coup cruel. Désirez-vous que je vous laisse ?
    — Non, monseigneur. Pendant quelques instants, vous m’avez fait oublier mes tristes pensées. Je vous en suis reconnaissante.
    — Je m’étonne que vous ne vous retiriez pas sur vos terres pour échapper aux conversations futiles telles que les miennes, dit Bonshom.
    — Son Altesse Royale a insisté pour que je reste auprès d’elle. Elle pense que c’est mieux dans de telles circonstances.
    — La princesse Constança est la plus gracieuse des dames.
    — Et même si la mort de mon époux est encore très récente… elle évoque déjà plusieurs idées d’union. Elle craint que, seule, je ne connaisse des difficultés. Quelqu’un d’agréable, dit-elle, et susceptible de sauvegarder mes intérêts…
    — Vous vous souviendrez que c’est exactement ce que je vous ai suggéré.
    — C’est vrai, monseigneur. J’espérais que ce ne serait pas nécessaire. Mais aujourd’hui, ajouta-t-elle les yeux humides, je ne sais plus ce qui est le mieux.
    — C’est pourquoi d’autres veulent penser à votre place. Écoutez-les, madame.
    Johana se pencha en avant et regarda Bonshom droit dans les yeux.
    — Mais, monseigneur, comment puis-je choisir un mari originaire de Perpignan ? Chaque fois que l’on avance un nom, je crains que ce ne soit la personne qui a conduit mon époux au trépas.
    — Vraiment ?
    — Oui. Mais dites-moi, que savez-vous de Don Ramon Julià ?
    — Ce que chacun en sait, répondit avec tact Bonshom.
    — Dites-le-moi, insista Johana. Et que ce ne soient pas de pieux mensonges, mais la vérité.
    — Voilà qui est plus compliqué. Je dirais seulement que c’est un homme qui a un pressant besoin d’argent.
    — Tuerait-il pour en avoir ?
    — S’il était certain de ne pas courir le moindre danger. Il n’est pas particulièrement brave, madame, mais sa passion dans la vie, c’est le jeu. Hélas, il n’a rien d’un joueur habile ou avisé. J’ai appris, de sa propre bouche, qu’il détient des parts dans la Santa Maria Nunciada et qu’il espère gagner une fortune à son retour. Peut-être alors cesserait-il de jouer.
    — Le léopard peut-il se débarrasser de ses taches ? demanda sèchement Johana. Mais, plus sérieusement, serait-il capable de violer la loi pour posséder une telle fortune ?
    — S’il était sûr de ne pas se faire prendre, oui.
    — Malgré tout, il reste votre ami.
    — Oui. Je le trouve infiniment distrayant, même si, quand il se lamente trop, il peut devenir ennuyeux. Pourquoi cette question ?
    — Je pense que c’est un mari dont on peut se passer.
    — Je crois quant à moi que ce serait un époux amusant mais coûteux, dit Bonshom. Mais je n’ai jamais eu affaire à lui plus d’un jour ou deux de suite. Il peut devenir lassant à la longue. Madame, je dois prendre congé. D’autres devoirs, moins agréables, m’attendent.
    Il se leva, s’inclina avec courtoisie et disparut.
    Ébranlée par cette conversation, Johana quitta son siège et entreprit de déambuler dans le verger, à l’ombre des arbres qui, pour la plupart, étaient encore lourds de fruits. La chatte de Margarida avait cessé de jouer et s’était endormie sous le frais feuillage. Johana entendit un bruit de bottes non loin d’elle : c’était l’un des pages de la princesse.
    — Tu me cherches, Sanch ?
    — Madame, répondit le garçon, il y a une personne qui souhaite vous parler.
    — Qui est-ce, Sanch ?
    — Elle dit s’appeler Jacinta, madame.
    — Amène-la-moi, je vais la recevoir.
    La petite fille s’approcha, fit la révérence et regarda autour d’elle.
    — Madame, dit-elle d’une voix douce, je suis venue avec un message. Je ne peux pas rester longtemps, ajouta-t-elle et, un instant, l’inquiétude se lut sur son visage. Ma maîtresse ne sait pas que j’ai quitté la maison, sauf que

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