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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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camarade au pansement, et chacun sait qu’il y a pas meilleur que lui dans une rixe, même si ça lui chante pas trop de se battre.
    — Il m’a donc approché et je lui ai demandé comment il savait qu’il y aurait une évasion.
    — Quand il m’a parlé, dit Roger sans relever la tête, il a expliqué qu’il avait entendu parler de ça à la halle aux poissons.
    — Moi, il m’a dit qu’il le tenait d’un des geôliers, reprit el Gros. J’ai voulu savoir pour quand c’était prévu. Pas question de passer toutes ses nuits à attendre devant la prison, hein ? Et tu sais ce qu’il m’a dit ?
    — Non, fit Yusuf.
    — Eh bien, il m’a tout révélé, le jour, l’heure, l’endroit exact. Alors je lui ai demandé comment il était au courant de tout ça, et tu sais ce qu’il m’a dit ?
    — Que c’était lui qui avait organisé l’évasion, fit Ahmed en bâillant.
    — C’est malin, hein ? On prépare une évasion et on tue celui qui s’évade.
    — Mais pourquoi ? insista Yusuf.
    — Parce que le prisonnier était son ami et qu’il avait trahi leur amitié en séduisant sa femme. Une question de vengeance, quoi. Et cet idiot l’a cru.
    — C’est pas vrai ! se révolta l’homme au pansement. Mais j’avais besoin d’argent. Il m’en a donné beaucoup. Alors j’ai pris lui et un autre pour qu’ils me donnent un coup de main. Je lui en ai versé une partie, ajouta-t-il en désignant celui qui restait accroupi à jouer aux dés. El Gros a tapé trop fort sur l’autre et je n’ai pas eu à le payer.
    — C’est vrai ? voulut savoir Yusuf.
    — Peut-être bien, répondit el Gros. Mais c’est peut-être tout le vin qu’il a bu. En tout cas, il s’est pas relevé.
    — Celui qui nous a engagés nous en avait promis davantage après, mais ce bâtard ne nous a rien donné.
    — Je l’avais prévenu de ne rien faire tant qu’il aurait pas tout son argent, dit el Gros. Je connais ce genre d’individu. Ils oublient toujours de payer quand ils ont eu ce qu’ils voulaient.
    — Il y a une chose que je ne comprends pas, demanda à Yusuf à el Gros. Pourquoi t’es-tu battu avec eux ? Le prisonnier était l’un de tes camarades ?
    — Un camarade ? Rien du tout. Les affaires d’un mari et de sa femme, je m’en mêle jamais. Mais là, c’était sérieux, il voulait tuer l’autre.
    — En tout cas, s’il l’avait laissé quelques jours de plus en prison, c’est le bourreau qui l’aurait vengé, oui, dit Ahmed, et gratis.
    — Mais enfin, pourquoi s’offrir vos services ? demanda Yusuf. Pourquoi ne pas se contenter de le laisser à l’ombre ?
    — Là-dessus, mystère, répondit el Gros. Pourquoi tu veux savoir ça, toi ?
    — C’était un étranger, dit l’un des portefaix. Ils ont parfois de drôles d’idées.
    — Toi aussi, tu es un étranger, répliqua un autre. Tu as des drôles d’idées ?
    — Pas comme ça. Je l’avais déjà vu, mais il n’est pas d’ici.
    — Oui, on s’en rend compte à sa façon de parler, dit el Gros. Il ne me plaisait pas beaucoup. Mais c’est une bonne chose que je n’aie pas accepté, parce que, cette nuit-là, une belle dame m’a supplié de venir en aide à son mari avant qu’on l’assassine. Je les ai chassés. Et c’est comme ça, ajouta-t-il en passant la main sur le crâne du blessé, que je l’ai cogné pour qu’il se sauve sans perdre la face. Elle m’a remis une pleine poignée d’argent pour me remercier. Et j’ai pas eu à payer mon compère, moi.
    — Tu sais qui lui a prêté main-forte ? intervint Roger. C’était un prêtre.
    — Eh oui ! rigola el Gros. Il est arrivé avec sa grosse voix de prédicateur et un gourdin. C’est comme ça que mon ami s’est pris un coup sur la tête. C’est pas moi qui lui aurais fait ça.
    — C’est le prêtre qu’on a ramené ce matin sur une charrette ? demanda Ahmed.
    — Les prêtres, il y en a autant que des puces sur un chien, dit el Gros. À moins que le mien ait rapetissé et ait changé de nom depuis la semaine dernière, je te réponds non. Le charretier a dit qu’il transportait le père Miró. Tout le monde le connaît, expliqua-t-il à Yusuf. C’est un frère prêcheur. Il est en ville depuis quelques mois. Il a à peu près la même taille qu’Ahmed, et celui qui m’a aidé est aussi grand que moi.
    — Le père Miró ? Il est mort ?
    — Autant qu’on peut l’être, affirma Ahmed. On a retrouvé son corps dans un

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