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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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côté droit et il faut le porter jusqu’à sa voiture. Deux jours plus tard, Victoria reçoit sa démission, au motif qu’il s’estime physiquement incapable de continuer à assurer efficacement sa mission.
     
    Au mois d’août, Victoria et Albert sont à Osborne House, dans l’île de Wight. Ils y accueillent en famille les parents de Fritz : le Kronprinz Guillaume, frère du roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse, et la Kronprizessin Augusta de Saxe-Weimar-Eisenach. Au cours de ces trois semaines, Victoria se rend compte qu’elle est enceinte de son neuvième enfant. La joie qu’elle éprouve se mêle à des sentiments plus obscurs.
    À Balmoral, cette année-là, la reine a demandé à son médecin Sir James Clarke, qui est leur ami commun, d’inviter Miss Florence Nightingale dans sa maison de Birk Hall, non loin du château. Elle lui avait écrit personnellement en Crimée.
    « Vous connaissez, je le sais, ma haute estime pour la dévotion chrétienne dont vous avez fait preuve pendant cette grande et sanglante guerre. Il n’est donc pas nécessaire que je vous redise toute la chaleur de mon admiration pour vos services, qui sont en tous points égaux à ceux de mes chers et braves soldats, dont vous avez le privilège d’alléger les souffrances de si charitable manière. Je suis, par conséquent, très désireuse de vous exprimer mes sentiments d’une façon qui, je l’espère, pourra vous être agréable, et je vous envoie donc avec cette lettre une broche dont la forme et l’emblème commémorent votre grande et sainte œuvre, et que, je l’espère, vous porterez en gage de la haute approbation de votre souveraine ! Ce sera une très grande satisfaction pour moi, quand vous reviendrez enfin sur nos rivages, de faire la connaissance d’une personne qui offre un si brillant exemple à notre sexe. Avec toutes mes prières pour la préservation de votre précieuse santé, croyez-moi, toujours, sincèrement vôtre. VICTORIA R.  »
    Florence Nightingale est une petite femme pleine d’humilité, au regard doux et triste, vêtue très sobrement d’une robe noire et d’un bonnet de dentelle blanche. Elle n’a qu’un an de plus que la reine, mais sa maigreur et ses traits tirés par la dureté de ses efforts la font paraître plus âgée. Victoria et Albert la reçoivent sans formalités et leur première conversation dure plus de deux heures. Très simplement, avec une grande modestie, elle explique les tâches de ses infirmières, expose longuement tous les défauts du système hospitalier de campagne, suggère des réformes. Albert note tout ce qu’elle dit dans son journal.
    « J’aimerais que nous l’ayons au ministère de la Guerre », écrit Victoria au duc George de Cambridge, commandant en chef depuis la démission de Lord Hardinge.
    Ils en arrivent tout naturellement à parler de religion. Souvent, Florence partage le repas du couple royal. Ils vont à l’église ensemble. Victoria lui montre un gros album de photos de ses soldats blessés les plus méritants. Chacun a sa notice, non pas tant pour elle-même, car elle les connaît si bien qu’elle ne peut les oublier, mais pour que cette œuvre lui survive si par malheur elle disparaissait. À certains des plus grièvement touchés, comme ceux qui, privés de leurs mains, ne peuvent plus travailler, elle verse une pension sur sa bourse privée, leur écrit régulièrement.
    Certains jours, Victoria vient voir Florence, à l’improviste, dans sa carriole à poney. Elles prennent le thé, ou partent ensemble pour de longues marches, quand les orages de ce mois de septembre très pluvieux le permettent.
    « Combien de fois faisiez-vous votre ronde chaque nuit ? demande la reine à la “dame à la lampe”.
    — Trois fois, car il y avait deux mille patients.
    — Mais alors quand donc dormiez-vous ?
    — Oh ! ce premier hiver nous n’avons pas eu l’impression d’avoir beaucoup besoin de sommeil. »
    Au terme de ces entrevues, Victoria et Albert instaurent une commission royale pour inspecter la condition sanitaire des armées, l’organisation, l’hygiène et la diététique des casernes et des hôpitaux militaires, ainsi que la formation des personnels médicaux.
     
    Les conséquences de la guerre semblent interminables. Les États-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne, pour protester contre les méthodes trop persuasives qu’ont employées les Anglais pour enrôler des

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