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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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raison de l’affection particulière qu’elle a pour son oncle Léopold, elle attend ces nouveaux cousins avec une curiosité impatiente. Elle voit bien que c’est la future souveraine que l’on courtise. Le temps joue en sa faveur. Elle aime s’amuser, rire et danser, elle apprécie d’échapper le plus souvent possible à la médiocrité casanière de Kensington. L’agitation qui l’entoure lui fait surtout sentir le pouvoir qui s’attache à sa seule personne. Ce sentiment grandit à mesure qu’elle savoure les plaisirs badins de la mondanité, sans jamais rien dire ni rien faire qui l’engage ou la dévoile.
     
    Elle s’enthousiasme pour le lori que lui a offert son oncle Ernest. C’est un oiseau exotique, qui ressemble beaucoup à un perroquet, avec un plumage multicolore. L’animal est si calme qu’il reste sagement perché sur sa main et se laisse faire. Elle peut même lui mettre un doigt dans le bec sans qu’il la morde.
     
    Réceptions, bals et dîners se succèdent dès l’arrivée des visiteurs. Ernest et Albert, princes allemands de belle prestance et impeccablement éduqués, parlent fort bien anglais. Ce sont déjà des hommes du monde. Aimables, ils sont d’une conversation agréable et joyeuse.
    « Albert, qui est tout aussi grand qu’Ernest, mais plus fort, est extrêmement beau. Ses cheveux sont à peu près de la même couleur que les miens. Il a de grands yeux bleus, un très joli nez et une bouche adorable avec de belles dents. Le charme de son visage est dans l’expression, qui est des plus délicieuses, à la fois pleine de bonté et de douceur, de subtilité et d’intelligence. »
    La fête organisée au palais St James pour l’anniversaire du souverain se poursuit jusqu’aux petites heures du matin. Albert, fatigué, peu habitué à se coucher si tard, se retire peu de temps après le dîner pour se mettre au lit. Le 24 mai, le roi Guillaume et la reine Adélaïde donnent un bal, en l’honneur du dernier anniversaire de Victoria avant sa majorité. Albert ne danse que deux fois avec elle, et s’arrête avant la fin de la seconde danse. Très pâle, semblant sur le point de défaillir, il rejoint ses appartements.
    « Je suis désolé de vous dire, écrit Victoria à Léopold, que nous avons un invalide à la maison en la personne d’Albert, qui, bien qu’il se sente beaucoup mieux aujourd’hui, a souffert d’une attaque bilieuse aiguë. Il a été confiné dans sa chambre toute la journée d’hier ; en l’affamant, on est parvenu à le rendre à la société, mais il a l’air pâle et fragile. »
    Quelques jours plus tard, la duchesse de Kent donne à Kensington un bal qui n’a rien à envier à ceux de la cour. Les salons ont été ouverts en suite pour former deux grandes salles de danse. Les murs sont tendus de draperie. De larges glaces de trumeau allongent les perspectives, entre le buste en marbre d’Edward, duc de Kent, et celui de Léopold, roi des Belges. Les orchestres sont placés dans les angles pour laisser le champ libre aux danseurs de quadrille. Près de l’escalier, la fanfare des grenadiers de la Garde accueille les membres de la famille royale par le God Save the King et joue des intermèdes choisis.
    Le roi Guillaume et la reine Adélaïde n’ont pas jugé bon d’être présents à cette occasion. Le roi Guillaume des Pays-Bas et ses fils y côtoient le prince Ernest et les jeunes princes de Saxe-Cobourg. Le duc de Brunswick y rencontre le duc de Wellington, lequel montre la plus grande déférence à l’égard de la princesse.
    Victoria doit se contenter de regarder sa mère danser la valse avec le prince Albert. Son Altesse Sérénissime n’étant pas de sang royal, il ne serait pas convenable qu’il valse avec l’héritière de la couronne. Les jeunes gens ont tout loisir, en revanche, de s’adonner aux danses folkloriques et aux quadrilles. Dans ces contredanses, les partenaires des deux sexes restent à distance respectable les uns des autres. Ils font des figures d’ensemble dont l’attrait principal réside dans la grâce des mouvements et la splendeur contrastée des habits et des robes. Albert, encore un peu fatigué, ne danse pas longtemps. Victoria ne se lasse jamais de ces réjouissances et les poursuit jusqu’au bout de la nuit.
    « Nous avons tous continué jusqu’à 3 heures et il faisait grand jour quand nous avons quitté la salle. »
    Quand toute cette agitation retombe, Albert apparaît enfin plus

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