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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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les usines : « Oh ! si seulement vous vouliez avoir la bonté de les laisser tranquilles ! »
    Quoi qu’il en soit, la reine tient à faire quelque chose pour les plus défavorisés. En janvier 1839, elle offre, sur sa bourse privée, 1 livre sterling à chaque mère de triplés ou quadruplés.
     
    Victoria est une enfant. Elle ne se lasse pas du spectacle de cirque d’Isaac van Amburgh. Ce dompteur américain s’allonge nonchalamment dans la cage de ses fauves, déguisé en soldat romain. Il ordonne à ses tigres, lions et léopards de ne pas dévorer un petit agneau. L’intérêt que la reine manifeste pour ce genre de divertissements un peu simplets, s’il ne manque pas d’être attendrissant, ne semble pas toujours très digne de sa position.
    D’une manière générale, Victoria se laisse aller. Elle se couche à des heures indues, ne se mettant parfois à table qu’à 1 heure du matin.
    « Ne mangez que lorsque vous avez faim, lui dit Melbourne.
    — Mais alors, je mangerais tout le temps ! »
    Elle aime aussi un peu trop la bière. Sa silhouette s’en ressent. Elle pèse 62 kilos pour 1 mètre 55.
    « Quel poids incroyable pour ma taille !
    — Pas du tout, Ma’am , l’assure Melbourne, le mieux pour une femme est d’être un peu ronde avec un buste avantageux.
    — Pouh ! Tout le monde grandit sauf moi.
    — Vraiment ? Je vous trouve grande… »
    Apathique, se levant de plus en plus tard, elle a de l’eczéma, souffre de nausées et de maux de tête. N’ayant plus le cœur de se soucier de sa toilette, elle s’habille n’importe comment, reste trop souvent en robe de chambre. Prendre un bain ou se brosser les dents est presque au-dessus de ses forces. Elle n’aime pas ses cheveux qui s’assombrissent et perdent la blondeur de son enfance. Elle a soudain la lubie de vouloir se raser les sourcils pour les faire pousser. Elle sombre lentement dans une sorte de léthargie. L’hiver, Lehzen doit frictionner ses pieds et ses mains engourdis par le froid, rouges et enflés.
    Bien qu’elle ait toujours superbe allure à cheval, elle constate avec tristesse que la mignonne fraîcheur de sa première jeunesse se fane. Certainement, c’est la raison pour laquelle Lord Melbourne ne s’intéresse plus tout à fait autant à elle. Il semble n’avoir d’yeux que pour la duchesse de Sutherland, la dame d’honneur chargée de la garde-robe royale, qui fait tout pour monopoliser son attention. Victoria ne supporte plus qu’elle s’asseye à table à côté de lui.
    Les jours sont de plus en plus nombreux qui dans son journal se résument à un seul mot : « Traînassé ». Son écriture se dégrade, elle saute des mots, et ses billets sont parfois tellement illisibles que le Premier ministre finit par dire qu’il lui renverra tous ceux qu’il ne pourra pas déchiffrer.
    Elle craint de n’être jamais à la hauteur de sa tâche. Surtout, le rôle qu’on lui fait jouer n’est pas celui qu’elle avait imaginé. Elle a trop souvent l’impression de n’être qu’une poupée manipulée par les ambitions des uns ou des autres. Les mesquines intrigues qui l’entourent l’épuisent. Elle est emprisonnée par des tensions diverses dont elle ne voit nul moyen de se libérer.
    Elle a voulu échapper à sa mère en la tenant à l’écart. Mais la duchesse de Kent, qui a ses appartements dans une aile du palais, n’est pas femme à s’avouer jamais vaincue. En dépit de l’augmentation de son annuité, elle continue d’accroître ses dettes au lieu de les liquider. Il semble tellement évident que son argent finit dans les poches d’un certain intendant, que le Times s’en est mêlé. Bien que l’article n’ait pas mentionné son nom, Sir John Conroy poursuit le journal en diffamation. Le Times , autant pour montrer la force de ses appuis que pour assurer efficacement sa défense, fait citer à comparaître des témoins du plus proche entourage de la reine : Melbourne, Stockmar, Lehzen…
     
    Par comparaison avec la gravité de certaines dépêches que contiennent les boîtes rouges, le contraste est consternant. Par exemple, les troupes de la Compagnie des Indes orientales, prenant prétexte de la capture d’un navire anglais, ont investi Aden, position stratégique de la péninsule Arabique à l’entrée de la mer Rouge. En Chine, où les Britanniques écoulent profitablement l’opium qu’ils produisent aux Indes, les autorités chinoises s’interposent,

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