Vidocq - le Napoléon de la Police
mari, préfet de Tarbes. En attendant cette
affectation, elle se consacre ostensiblement à ses bonnes œuvres, celles qui
concernent le rachat des pauvres hères. C’est en effet une célèbre visiteuse de
prisons, bien connue des bagnards. Elle a la réputation d’intervenir avec
efficacité pour obtenir la grâce de ses « protégés », toujours des
voleurs. Cette activité n’est pas seulement caritative mais aussi lucrative. Si
ces malfrats sont enchaînés pour vol, c’est qu’ils sont riches. Il suffit,
dit-on, de lui verser une somme convenue pour être relâché et amnistié. La
charmante visiteuse de prison pousse même l’efficacité jusqu’à placer certains
de ses protégés dans l’administration.
Ayant interrogé le conservateur du
musée, Vidocq vérifie qu’aucun des ex-libérés de la vicomtesse n’a été engagé à
la Bibliothèque royale. Il regarde la date de sa dernière visite, très récente.
Les gardiens se souviennent d’elle et de son compagnon, son valet de chambre.
D’après la description, Vidocq identifie le serviteur comme étant un nommé
Drouillet, ancien « monte en l’air », chargé de prendre les
empreintes des serrures. Vidocq a tous les éléments mais il lui manque les
preuves. Il va en informer le ministre de la Police qui s’effare :
« Une amie de la reine
compromise. Il faut étouffer l’affaire ! »
Vidocq qui ne s’est pas laissé tirer
de sa retraite pour perdre sa réputation et sait pouvoir retrouver le trésor,
promet la discrétion et le flagrant délit. Il fait passer un de ses policiers
déguisé en limonadier près de l’hôtel particulier de la vicomtesse afin
d’offrir à boire aux domestiques. Il apprend ainsi mine de rien, le nom de ses
fournisseurs, parmi lesquels un horloger, Jean-Baptiste Fossard, installé rue
de l’Arbre-Sec. C’est le frère du forçat évadé, le fameux Étienne Fossard.
Vidocq fait surveiller la boutique par toute une série de ses hommes. Ils se
relayent jour et nuit sous divers déguisements. L’indication obtenue corrobore
l’intuition de Vidocq. Pas de coïncidence possible, Le chef de la Sûreté y voit
la trace d’une évidente complicité. Il s’agit maintenant de prendre tous les
participants la main dans le sac.
Habillé en mendiant comme ses autres
hommes, Vidocq méconnaissable, s’installe sous une porte cochère de la rue de
l’Arbre-Sec, face à la boutique. Il tend la main demandant l’aumône à tous les
passants qui se hasardent dans la rue, en particulier à ceux qui se dirigent
chez l’horloger.
Il a tôt fait de connaître tous les
clients, surtout les anciens bagnards. La vicomtesse sans se rendre compte de
rien, est suivie pas à pas par les argousins de Vidocq.
Lorsque ce dernier a repéré tous les
complices, il s’introduit, de nuit, dans la maison. Il ne lui est pas difficile
de faire parler le boutiquier affolé. Celui-ci, a vu débarquer un soir, son
frère évadé du bagne qui s’est installé, sans lui demander son avis. Il a reçu
dans son arrière-boutique, une bande de ruffians et, à la surprise profonde du
commerçant, a séduit une de ses meilleures clientes, la vicomtesse de
Nays-Candau. C’est elle qui a suggéré au « Prince des voleurs », le
vol du cabinet des médailles. Elle a expliqué qu’il y a autant d’or qu’à la
banque de France.
De l’or qui ne demande qu’à être fondu
en lingots négociables. Il avoue que c’est la vicomtesse qui a introduit son
valet Drouillet afin de prendre les empreintes. Il montre à Vidocq le plan des
lieux qu’elle a tracé de sa main et raconte ensuite comment son frère l’a
obligé à fondre les plus importantes pièces du trésor. Receleur malgré lui, il
en a dissimulé une partie dans la Seine, l’autre dans sa cave. Des centaines de
lingots ont été remis à la vicomtesse. Reste à capturer le « Prince des
voleurs ». C’est fait le soir même.
Étienne Fossard, déguisé en bon
bourgeois, retient des places et fait enregistrer ses bagages. Dès qu’il est
installé dans une diligence dont tous les autres passagers, hommes et femmes
sont des agents de Vidocq, ils l’immobilisent.
On saisit sur lui pour deux millions
de lingots d’or et on l’emmène menotté à la préfecture. Là, il plastronne et
prétend négocier sa grâce contre cent cinquante mille francs or et un passeport
pour l’étranger. À cette condition seulement, il révélera où est caché le reste
du
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