Vidocq - le Napoléon de la Police
magot.
Le ministre de l’Intérieur est bien
près de céder mais Vidocq déclare savoir où se trouve la plus grande partie du
magot. Inutile d’entamer des négociations et d’accorder des concessions. Le
« Prince des voleurs » est condamné à regagner son bagne. Quant à
Drouillet, faux valet de chambre et vrai complice de la vicomtesse de
Nays-Candau, il est purement et simplement relâché. Une ordonnance ayant
décrété « qu’il n’y avait pas lieu de poursuivre ». La vicomtesse
continue à faire jouer ses relations. L’affaire du cabinet des médailles va
être étouffée.
Vidocq est bien décidé à donner un
coup de pied dans cette fourmilière. Au moment où elle décide de partir pour
l’Angleterre, il l’arrête. Elle est aussi stupéfaite que choquée par cette
audace. Dans ses bagages, on trouve quantité de lingots, de médailles
précieuses, mais aussi une correspondance amoureuse avec Étienne Fossard.
Interrogée dans les bureaux de la Sûreté, elle pousse de grands soupirs
affligés et affirme ne rien comprendre.
Vidocq lui révèle alors qu’il l’a
suivie dans tous ses déplacements, citant des lieux, donnant des noms. La
vicomtesse n’hésite plus et lâche ses complices : Drouillet, sa sœur, sa
mère, un autre bijoutier, un nommé Lesoif chez qui on retrouve beaucoup d’or.
Tout ce beau monde se retrouve en prison, sauf l’instigatrice qui au procès, en
février 1833, n’est même pas citée à comparaître.
À la question « quels sont vos
rapports avec vos complices ? » Drouillet, le valet de
chambre-cambrioleur, déclare aux juges :
« L’intention de mon amie, la
vicomtesse de Nays était de me faire une situation au ministère de la Guerre ou
dans les finances. »
La gaffe à ne pas faire. Les avocats
exigent alors la parution au tribunal de l’étrange protectrice. Le président du
tribunal, Dubois d’Angers, fidèle aux consignes royales tente d’éluder leurs
demandes :
« Je crois que cette
comparution ne causerait que du scandale, sans éclairer pour autant la
justice. »
Bien qu’il lui en coûte, le
président est obligé d’accéder aux demandes insistantes de la défense.
Cependant, elle n’apparaîtra pas au même titre que les autres
« suspects » mais juste appelée « à témoigner ».
Elle consent à venir, accompagnée de
son mari qui ne souffle mot. Vêtue avec élégance, le visage dissimulé sous une
voilette, elle s’exprime avec distinction et affirme sans ciller.
« Si elle a aidé Fossard dans
cette entreprise, c’est parce qu’elle avait besoin d’argent pour faire du bien
aux pauvres. »
L’auditoire éclate de rire et le
président en profite pour faire évacuer la salle. Le reste de l’audience se
poursuit à huis clos.
Sage précaution pour qui veut éviter
tout esclandre car la défense lit alors les diverses lettres échangées entre
les protagonistes, dont la correspondance amoureuse de la vicomtesse.
« Comment avez-vous pu écrire
en ces termes à un homme condamné à vingt ans de travaux forcés ? »
ne peut s’empêcher de s’exclamer le président du tribunal.
Cette dernière pour toute réponse se
contente de s’appuyer davantage sur le bras de son mari et d’agiter avec
délicatesse son éventail.
Puis, c’est le verdict. Les
comparses sont envoyés au bagne, sauf l’habile préfète. On publie un communiqué
officiel : « La justification de Mme la vicomtesse de Nays a été
complète. »
Entre temps, Vidocq fait repêcher
dans la Seine, la plus grande partie des pièces. Les travaux coûtent cinq mille
francs or et les frais de surveillance de la vicomtesse et de ses acolytes
s’élèvent à la même somme. On le félicite… Quant à l’indemniser de ses frais…
Il doit se battre pour le moindre remboursement, chaque administration se
renvoyant le dossier. Le ministre de l’intérieur se décharge sur le ministre
des Travaux publics, dont dépend la Bibliothèque royale. Ce dernier veut bien
récupérer les médailles mais non payer pour cela. Quant au ministre des
Finances, il déclare que le cabinet de médailles n’existe plus, car il n’y a
plus de médailles. En revanche, les lingots, provenant de la fonte de ces
pièces appartiennent de droit à son ministère, il n’a donc rien à payer pour
cela !
Exaspéré par ces atermoiements et
cette paperasserie, Vidocq le 15 novembre 1832, démissionne une deuxième fois
de son poste de chef de
Weitere Kostenlose Bücher