Vies des douze Césars
consulaire. Il se sépara de toutes deux par un divorce ; de Paetina, pour de légers torts, et d’Urgulanilla, pour de honteuses débauches, et sur un soupçon d’homicide. (4) Après elles, il prit en mariage Valeria Messaline, fille de Barbatus Messala, son cousin. (5) Mais, quand il sut que, indépendamment de ses turpitudes et de ses scandales, elle s’était mariée avec Caius Silius, en constituant même une dot en présence des augures, il la fit périr, et déclara publiquement aux prétoriens que, les mariages lui réussissant mal, il resterait dans le célibat, et que, s’il ne tenait parole, il consentait à être percé de leurs glaives. (6) Néanmoins il ne put s’empêcher de négocier bientôt une nouvelle alliance. Il rechercha cette même Paetina qu’il avait répudiée, et Lollia Paulina, qui avait été femme de Caius César. (7) Mais les caresses d’Agrippine, fille de son frère Germanicus, lui inspirèrent un amour qui devait naître aisément du droit de l’embrasser et de plaisanter familièrement avec elle. À la première assemblée du sénat, il aposta des gens qui votèrent pour qu’on le forçât à l’épouser, sous prétexte que cette union était de la plus haute importance pour l’État. Ils voulurent aussi qu’on accordât aux citoyens la faculté de conclure de pareilles alliances, jusqu’alors réputées incestueuses. (8) Il se maria le lendemain ; mais il ne se trouva personne qui suivît cet exemple, excepté un affranchi et un centurion aux noces duquel il assista avec Agrippine.
XXVII. Ses enfants
(1) Il eut des enfants de trois de ses femmes : d’Urgulanilla, Drusus et Claudia ; de Paetina, Antonia ; de Messaline, Octavie et un fils appelé d’abord Germanicus, et ensuite Britannicus. (2) Drusus périt, dans son enfance, à Pompéi, étranglé par une poire qu’il faisait sauter en l’air et qu’il reçut dans la bouche. Il avait été fiancé, peu de jours avant ce malheur, à la fille de Séjan ; ce qui me semble prouver d’autant plus que Séjan ne fut point l’auteur de sa mort, comme le bruit en avait couru. (3) Quoique Claudia fut née cinq mois après le divorce de Claude, et que ce prince eût commencé à l’élever, il la fit exposer et jeter nue devant la porte de sa mère, comme le fruit d’un commerce criminel avec l’affranchi Boter. (4) Il maria Antonia, d’abord à Cneius Pompée le Grand, puis à Faustus Sylla, jeunes gens de la première noblesse ; et il donna Octavie à son beau-fils Néron, après l’avoir fiancée à Silanus. (5) Britannicus, né le vingtième jour de son principat, pendant son second consulat, était encore tout petit, lorsque Claude, l’élevant sur ses mains, le montrait à l’armée, et le prenant sur ses genoux ou le plaçant devant lui au spectacle, ne cessait de le recommander au peuple et aux soldats, en mêlant sa voix aux acclamations et aux vœux de la multitude. (6) Il adopta Néron, l’un de ses gendres. Quant à Pompée et à Silanus, il ne se contenta pas de les répudier, il les fit périr.
XXVIII. Ses affranchis
(1) Parmi ses affranchis, ceux qu’il estima le plus furent l’eunuque Posidès, auquel il décerna une pique sans fer, dans son triomphe sur la Bretagne ; Félix, qu’il mit successivement à la tête de cohortes, d’escadrons et de la province de Judée, et qui épousa trois reines ; Harpocras, auquel il accorda le droit de parcourir la ville en litière et de donner des spectacles ; Polybe surtout, son archiviste, qui marchait souvent entre les deux consuls ; (2) mais, de préférence à tous les autres, Narcisse son secrétaire, et Pallas son intendant, que, par un sénatus-consulte, il se plut à combler des plus grandes récompenses, et à revêtir des ornements de la questure et de la préture. En outre, il les laissa tellement entasser de gains et de rapines que, se plaignant un jour de n’avoir rien dans son trésor, on lui répondit fort à propos qu’il serait dans l’abondance, si ses deux affranchis voulaient le mettre de moitié avec eux.
XXIX. Il est entièrement gouverné par ses affranchis et par ses femmes. Ses meurtres
(1) Livré, comme je l’ai dit, à ses affranchis et à ses femmes, Claude fut plutôt un esclave qu’un empereur. Leurs intérêts ou même leurs goûts et leurs fantaisies disposaient, le plus souvent à son insu, des honneurs, des armées, des grâces et des supplices. Ils révoquaient ses libéralités,
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