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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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voiture étant arrangée de façon que le mouvement ne brouillât pas le jeu sur la table.
     
XXXIV. Sa cruauté
    (1) Il donna des marques d’un naturel féroce et sanguinaire dans les petites choses comme dans les grandes. (2) Il assistait à la torture et à l’exécution des parricides. (3) Il voulut voir à Tibur un supplice suivant l’ancienne coutume. Déjà les coupables étaient attachés au poteau ; mais le bourreau était absent : il attendit jusqu’au soir qu’on l’eût fait venir de Rome. (4) Dans tous les spectacles de gladiateurs, donnés par lui ou par d’autres, il faisait égorger ceux qui tombaient, même par hasard, surtout ceux qu’on appelait rétiaires, pour examiner leur visage expirant. (5) Deux champions s’étant tués mutuellement, il se fit faire sur-le-champ de petits couteaux de la lame de leurs épées. (6) Il avait tant de plaisir à voir les bestiaires, surtout ceux qui paraissaient à midi, qu’il se rendait à l’amphithéâtre dès le point du jour, et qu’à midi, il restait assis pendant que le peuple allait dîner. Outre les bestiaires, il faisait combattre, sur le prétexte le plus léger et le plus imprévu, des ouvriers et des gens de service, ou des employés, pour peu qu’une machine ou un ressort eût manqué son effet. Il engagea même un jour dans l’arène un de ses nomenclateurs en toge, comme il se trouvait.
     
XXXV. Sa méfiance et ses terreurs
    (1) Nul ne fut plus peureux et plus méfiant que lui. Dans les premiers jours de son règne, quoiqu’il affectât, comme nous l’avons dit, beaucoup de popularité, il n’osa jamais s’aventurer dans un repas sans être entouré de gardes armés de lances, et sans avoir des soldats pour le servir. Il ne visitait point un malade sans qu’on eût auparavant exploré la chambre, examiné les matelas et secoué les couvertures. (2) Dans la suite il eut toujours auprès de lui des esclaves chargés de fouiller avec une extrême rigueur tous ceux qui l’approchaient. Ce ne fut qu’avec peine, et sur la fin de son règne, qu’il exempta de ces perquisitions les femmes, les filles et les jeunes garçons, et qu’il cessa de faire ôter aux esclaves et aux scribes les boîtes à plumes ou à poinçons qu’ils portaient. (3) Dans une émeute, un certain Camille, sûr d’épouvanter Claude, même sans qu’il y eut apparence de guerre, lui écrivit une lettre arrogante, pleine d’injures et de menaces, où il lui ordonnait de renoncer à l’empire, et d’adopter la vie oisive d’un simple particulier. Claude délibéra avec ses principaux conseillers s’il n’obéirait pas à cette injonction.
     
XXXVI. Sa lâcheté
    (1) Il fut tellement effrayé de quelques complots qu’on lui avait dénoncés à la légère, qu’il fut sur le point d’abdiquer. (2) Comme je l’ai dit plus haut, lorsqu’un homme armé d’un glaive fut saisi près de lui, pendant qu’il faisait un sacrifice, il se hâta de convoquer le sénat par la voix des hérauts, et se plaignit, en pleurant et en poussant des cris, de sa malheureuse condition, qui ne lui laissait de sécurité nulle part. Il s’abstint même longtemps de paraître en public. (3) Il bannit de son cœur l’ardent amour qu’il éprouvait pour Messaline, moins par le sentiment des outrages sanglants qu’il en avait reçus que par la crainte qu’elle ne fit passer l’empire à Silius, son complice en adultère. C’est alors que, saisi d’une honteuse frayeur, il s’enfuit vers l’armée, ne cessant de demander sur toute la route si on lui avait conservé le trône.
     
XXXVII. Quelques-uns de ses meurtres
    (1) Les soupçons les plus légers, les indices les plus futiles éveillaient chez lui de vives inquiétudes qui le poussaient à pourvoir à sa sûreté et à faire éclater sa vengeance. (2) Un plaideur, l’ayant un jour pris à part, lui affirma qu’il avait vu quelqu’un en songe assassiner l’empereur. Un moment après, feignant de reconnaître le meurtrier, il désigna son adversaire qui présentait un mémoire à Claude. Le prince fit sur-le-champ traîner celui-ci au supplice, comme s’il l’eût surpris en flagrant délit. (3) Ce fut de la même manière, dit-on, que périt Appius Silanus. Messaline et Narcisse, qui avaient conspiré sa perte, s’étaient partagé les rôles. L’un, jouant l’épouvante, entra précipitamment, avant le jour, dans la chambre de son maître, assurant qu’il avait rêvé qu’Appius attentait à sa

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