Vies des douze Césars
excédaient le nombre des magistratures, il les mettait à la tête des légions. (6) Il ne conférait ordinairement le consulat que pour six mois. Un des consuls étant mort vers les calendes de janvier, il ne lui substitua personne, et il blâma l’ancien exemple de Caninius Rebilus qui n’avait été consul qu’un jour. (7) Il décerna les ornements du triomphe à des questeurs et même à quelques chevaliers, quoiqu’ils n’eussent rendu aucun service militaire. (8) Souvent, sans recourir au questeur, il faisait lire par un consul les discours qu’il envoyait au sénat sur divers sujets.
XVI. Ses projets et ses plans pour la reconstruction et l’agrandissement de Rome. Ses édits contre le luxe et contre d’autre abus. Les chrétiens sont livrés au supplice
(1) Il inventa, pour les bâtiments de Rome, un nouveau genre de construction. Il voulut que les maisons publiques et les maisons privées eussent des portiques par devant, et que du haut de leurs plates-formes on pût éteindre les incendies. Ces portiques furent construits à ses frais. (2) Il avait aussi l’intention de prolonger les murs de Rome jusqu’à Ostie, et de faire entrer la mer dans l’ancienne ville par un canal. (3) Sous son règne, beaucoup d’abus furent sévèrement réprimés et punis ; beaucoup de règlements furent également établis pour les prévenir. Il mit des bornes au luxe. Il réduisit les festins publics à de simples distributions de vivres. Il défendit de vendre dans les cabarets des mets cuits, à l’exception des légumes et du jardinage, tandis que, auparavant, on y servait tous les plats. Il livra aux supplices les Chrétiens, race adonnée à une superstition nouvelle et coupable. Il mit fin aux excès des coureurs de chars qui, profitant d’un ancien privilège, se faisaient un jeu de tromper et de voler, en courant de tous côtés. Il exila tout à la fois les factions des pantomimes et les pantomimes eux-mêmes.
XVII. Précautions prises contre les faussaires. Règlements judiciaires de Néron
D’après un système nouveau pour déjouer les faussaires, il ordonna que les tablettes seraient percées, et qu’on y imprimerait le sceau, après avoir trois fois passé le cordon dans les trous. Il décréta que, dans les testaments, les deux premières pages seraient présentées vides aux témoins, et que l’on n’y inscrirait que le nom des testateurs. Il défendit à ceux qui écrivaient le testament d’autrui de s’y donner un legs. Il régla et garantit le salaire des avocats. Mais il voulut que les plaideurs ne donnassent absolument rien pour le droit de présence des juges, et que le fisc se chargeât seul des frais. Enfin il ordonna que les procès du fisc fussent portés au Forum et devant des arbitres, et que tous les appels fussent déférés au sénat.
XVIII. Il ne cherche pas à étendre l’empire
(1) Jamais il n’eut l’intention ni ne conçut l’espoir de reculer les limites de l’empire. Il voulut même retirer son armée de Bretagne. Le respect seul le retint : il aurait paru insulter à la gloire de son père. (2) Il réduisit en province romaine le royaume de Pont que lui céda le roi Polémon, et les Alpes après la mort de Cottius.
XIX. Ses voyages. Il veut percer l’isthme de Corinthe. La phalange d’Alexandre le Grand
(1) Il n’entreprit que deux voyages, l’un à Alexandrie, l’autre en Achaïe. Il renonça au premier par scrupule et par crainte, le jour même du départ, (2) parce que, s’étant assis dans le temple de Vesta, après avoir visité les autres temples, sa toge s’accrocha au moment où il voulait se lever, et un grand éblouissement lui déroba la vue des objets. (3) Dans l’Achaïe, il essaya de percer l’isthme, et harangua les soldats prétoriens pour les exciter à l’ouvrage. Au signal de la trompette, il donna le premier coup de pioche, et emporta sur ses épaules un panier rempli de terre. (4) Il préparait une expédition militaire vers les portes Caspiennes et il avait levé une nouvelle légion de recrues italiennes, composée d’hommes de six pieds, qu’il appelait la phalange d’Alexandre le Grand. (5) J’ai rassemblé tous ces faits, dont les uns n’encourent aucun blâme et les autres méritent les plus grands éloges, pour les séparer des infamies et des crimes dont je vais parler.
XX. Son goût pour la musique. Ses études. Il débute sur le théâtre de Naples. Il organise une troupe
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