Vies des douze Césars
primipilaire, et que, pendant qu’il était revêtu de ce grade, il fut dégagé de son serment pour cause de maladie. Sabinus fit rentrer en Asie l’impôt du quarantième. On conserve des statues que les villes lui avaient érigées avec cette inscription : « Au receveur intègre. » (4) Il fit ensuite des affaires en Helvétie où il mourut, laissant une veuve, Vespasia Polla, et deux enfants qu’il en avait eus. L’aîné, Sabinus, s’éleva jusqu’à la préfecture de Rome, et le second, Vespasien, parvint à l’empire. (5) Polla était d’une bonne famille de Nursie. Son père, Vespasius Pollion, avait été trois fois tribun militaire et préfet du camp. Son frère était sénateur de rang prétorien. (6) Il y a encore, près du sixième milliaire de la route de Nursia à Spolète, sur une hauteur, un lieu qui porte le nom de Vespasies, où se trouvent de nombreux monuments qui attestent avec gloire la grandeur et l’ancienneté de cette famille. (7) Quelques-uns, je le sais, veulent que le père de Petro, né au-delà du Pô, ait été un de ces loueurs d’ouvriers qui passent tous les ans de l’Ombrie dans le pays des Sabins pour y cultiver les terres, et qu’il se fût établi à Réate, où il se maria. (8) Mais, malgré les plus minutieuses recherches, je n’ai trouvé aucune trace de ce fait.
II. Sa naissance. Il est élevé par son aïeule maternelle. Son mépris pour les dignités est combattu par sa mère. Ses premiers emplois
(1) Vespasien naquit dans la pays des Sabins, au-delà de Réate, dans un petit bourg nommé Falacrines, le quinzième jour avant les calendes de décembre au soir, sous le consulat de Q. Sulpicius Camerinus et de C. Poppaeus Sabinus, cinq ans avant la mort d’Auguste. Il fut élevé chez son aïeule paternelle, Tertulla, dans ses domaines de Cosa. (2) Aussi, quand il fut empereur, il visita souvent ce séjour de son enfance qu’il laissa tel qu’il était, ne voulant rien changer à des objets auxquels ses yeux étaient accoutumés. La mémoire de son aïeule lui était si chère, que dans les fêtes et les solennités, il continua de boire dans sa petite coupe d’argent. (3) Après avoir pris la toge virile, il eut longtemps de l’aversion pour le laticlave, quoique son frère en fût déjà revêtu, et il fallut l’intervention de sa mère pour le contraindre à le demander. Encore y réussit-elle moins par ses instances ou par son autorité que par ses railleries ; car elle lui reprochait de temps en temps d’être le valet de son frère. (4) Il servit dans la Thrace en qualité de tribun des soldats. Pendant sa questure, il obtint par le sort la province de Crète et Cyrénaïque. Candidat pour l’édilité et ensuite pour la préture, il n’obtint la première qu’après avoir essuyé des refus, et seulement en sixième ordre, tandis qu’il arriva à la seconde de prime abord et des premiers. (5) Dans sa préture, il fit tout pour s’attirer les faveurs de Caius qui alors était irrité contre le sénat. Il demanda des jeux extraordinaires pour célébrer la victoire de l’empereur en Germanie, et fut d’avis de refuser la sépulture à ceux qui seraient condamnés pour crime de conspiration. (6) Enfin il remercia Caius en plein sénat de l’honneur qu’il lui avait fait de l’inviter à souper.
III. Son mariage et ses enfants. Sa maîtresse Cénis
(1) Il épousa vers ce temps Flavia Domitilla, qui avait été jadis la favorite de Statilius Capella, chevalier romain de Sabrate en Afrique. Elle ne jouissait que du droit des Latins, mais un jugement de réintégration lui rendit l’entière liberté et le droit de cité romaine. Car elle fut réclamée par son père, Flavius Liberalis, né à Férentium qui n’était que le greffier d’un questeur. (2) Il en eut trois enfants, Titus, Domitien et Domitilla. Il survécut à sa femme et à sa fille, et les perdit toutes deux avant d’arriver à l’empire. (3) Après la mort de sa femme, il reprit son ancienne maîtresse Cénis, affranchie d’Antonia à laquelle elle servait de secrétaire. Il vécut avec elle, et, quand il fut sur le trône, elle tenait à peu près le rang de légitime épouse.
IV. Il se signale, sous le règne de Claude, par plusieurs exploits militaires, et il vit ensuite dans la retraite. Il reçoit de Néron le gouvernement de l’Afrique. Son intégrité. Il tombe dans la disgrâce de Néron qui l’envoie commander en Judée
(1) Sous le règne de
Weitere Kostenlose Bücher