Vies des douze Césars
l’origine de Rome, les sénatus-consultes et les plébiscites sur les alliances, les traités et les privilèges accordés à chacun.
IX. Ses constructions. Il épure et complète les premiers ordres de l’État
(1) Il entreprit aussi des constructions nouvelles : le temple de la Paix, près du Forum ; celui de Claude sur le mont Caelius, commencé par Agrippine et presque détruit par Néron ; un amphithéâtre au milieu de la ville, fait sur les plans d’Auguste. (2) Il épura et compléta les premiers ordres de l’État, épuisés par mille meurtres, et dégénérés par d’anciens abus. Dans la revue qu’il fit des sénateurs et des chevaliers, il expulsa les plus indignes, et mit à leur place les plus honnêtes citoyens de l’Italie et des provinces ; (3) et, pour faire comprendre que ces deux ordres différaient moins par la liberté que par la dignité, il prononça dans la querelle d’un sénateur et d’un chevalier romain, qu’il n’était pas permis de dire des injures à un sénateur, mais qu’il était juste et légitime de rendre outrage pour outrage.
X. Ses améliorations judiciaires
Le nombre des procès s’était accru partout dans une proportion démesurée, les anciens étant suspendus par l’interruption de toute juridiction, et le désordre des temps en produisant sans cesse de nouveaux. Il choisit par la voie du sort des juges qui devaient faire restituer les biens enlevés pendant les guerres civiles, afin d’expédier à titre extraordinaire et de réduire à une très petite quantité les affaires de la compétence des centumvirs, qui étaient si nombreuses, qu’elles ne paraissaient pas pouvoir être plaidées du vivant des parties.
XI. Ses règlements contre le luxe et la débauche
La débauche et le luxe, ne trouvant aucun frein, s’étaient répandus partout. Il fit décider par le sénat que toute femme qui s’unirait à l’esclave d’autrui, serait regardée comme esclave elle-même, et que les usuriers qui prêtaient aux fils de famille ne pourraient jamais exiger leurs créances, pas même après la mort des pères.
XII. Sa modestie
(1) Son règne, depuis le commencement jusqu’à la fin, fut d’ailleurs celui d’un prince affable et clément. Jamais il ne dissimula la médiocrité de son origine ; il s’en glorifia même souvent. (2) Il tourna en ridicule quelques flatteurs qui voulaient faire remonter la maison Flavia jusqu’aux fondateurs de Réate et à un compagnon d’Hercule, dont on voit le monument sur la voie Salaria. (3) Loin de rechercher la pompe extérieure, le jour de son triomphe, fatigué de la lenteur de la marche et de l’ennui de la solennité, il ne put s’empêcher de dire qu’il était justement puni d’avoir eu assez peu de bon sens à son âge pour souhaiter le triomphe, comme s’il était dû à ses aïeux ou qu’il l’eût jamais espéré. (4) Il ne consentit que fort tard à recevoir la puissance tribunitienne et le titre de père de la patrie. (5) Quant à l’usage de fouiller ceux qui venaient lui rendre leurs devoirs, il l’avait aboli dès le temps de la guerre civile.
XIII. Sa clémence
(1) Il supportait avec une douceur extrême la franchise de ses amis, les railleries des avocats et l’indépendance des philosophes. (2) Licinius Mucianus, dont on connaissait les mœurs infâmes, mais que ses services avaient enorgueilli, parlait de lui avec peu de respect. Il ne le reprit jamais qu’en secret, et se contenta de récriminer contre lui en s’adressant à un ami commun, et il ajoutait : « Du moins, je suis un homme. » (3) Il alla jusqu’à louer Salvius Liberalis d’avoir osé dire, en défendant un riche client : « Qu’importe à César qu’Hipparque possède cent millions de sesterces ?". (4) Demetrius le Cynique, l’ayant rencontré après sa condamnation, ne daigna ni se lever ni le saluer, et lui lança même une injure. L’empereur se contenta de l’appeler « chien ».
XIV. Sa clémence
(1) Toujours prêt à oublier et à pardonner les torts et les inimitiés, il établit magnifiquement la fille de Vitellius, son ennemi, la dota et la pourvut de tout. (2) Sous le règne de Néron, lorsque la cour lui était interdite, comme il demandait en tremblant à un des officiers de service quel parti il prendrait et où il irait, celui-ci le mit à la porte et l’envoya promener. Dans la suite, quand cet homme vint lui demander grâce, il lui fit exactement la
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