Vies des douze Césars
lèche les parties naturelles des chèvres.
XLVI. Son avarice
Chiche et avare, jamais il ne donnait de salaire à ceux qui l’accompagnaient dans ses voyages ou dans ses expéditions ; il se bornait à leur distribuer des vivres. Il ne fit qu’une seule libéralité en sa vie, encore ce fut aux dépens de son beau-père. Il partagea toute sa suite en trois classes, selon le rang, et donna à la première six cent mille sesterces, à la seconde quatre cents, et deux cents à la troisième, qu’il appelait non des amis, mais des Grecs.
XLVII. Il fuit les occasions d’être libéral
(1) Son règne ne fut signalé par aucun grand monument. Il laissa imparfaits, après bien des années, les seuls qu’il eût entrepris, le temple d’Auguste et la restauration du théâtre de Pompée. Il ne donna pas non plus de spectacles, et n’assista que fort rarement à ceux que donnaient les autres, il craignait qu’on ne lui demandât quelque chose, surtout depuis qu’il avait été forcé d’affranchir le comédien Accius. (2) Il soulagea la misère de quelques sénateurs. Mais, pour que cet exemple ne tirât pas à conséquence, il déclara qu’il ne donnerait désormais de secours qu’à ceux que le sénat jugerait en mériter ; (3) en sorte que la plupart gardèrent le silence par honte ou par retenue, entre autres, Hortalus, petit-fils de l’orateur Q. Hortensius, qui, avec une fortune très médiocre, s’était marié pour plaire à Auguste, et se voyait père de quatre enfants.
XLVIII. Quelques-unes de ses libéralités
(1) Il ne fit de largesses publiques que deux fois : l’une, lorsqu’il mit à la disposition du peuple cent millions de sesterces pour trois ans sans intérêt, et l’autre, lorsqu’il indemnisa les propriétaires des quartiers incendiés sur le mont Caelius. (2) Il fut contraint à la première libéralité dans une grande disette d’argent. Le peuple demandait du secours, parce que Tibère ayant ordonné par un sénatus-consulte que les prêteurs mettraient en fonds de terre deux tiers de leur patrimoine, et que les débiteurs paieraient les deux tiers de leurs dettes en argent comptant, l’exécution de cet arrêt devenait impossible. La seconde largesse avait pour but d’adoucir les malheurs du temps. (3) Il attacha une telle importance à ce bienfait, qu’il voulut que le mont Caelius changeât de nom et s’appelât le mont Auguste. (4) Après avoir fait doubler les legs qu’Auguste avait faits aux soldats, il ne leur donna plus rien, excepté mille sesterces à chaque prétorien, pour ne s’être pas livrés à Séjan, et quelques présents aux légions de Syrie, parce qu’elles étaient les seules qui n’eussent pas placé l’image de Séjan parmi leurs enseignes. (5) Il accorda très peu de congés aux vétérans, espérant que la vieillesse amènerait la mort, et que la mort lui profiterait. Il n’accorda aucune libéralité aux provinces, si ce n’est à l’Asie mineure dont un tremblement de terre avait renversé plusieurs villes.
XLIX. Ses rapines
(1) Il passa peu à peu de l’avarice à la rapine. (2) On sait qu’il fit mourir de frayeur et de chagrin Cneius Lentulus Augur qui jouissait d’une grande fortune, et qu’il l’obligea à l’instituer son seul héritier. Il est également notoire qu’il condamna Lepida, l’une des femmes les plus nobles, pour plaire à Quirinus, homme consulaire qui était fort riche et sans enfants. Depuis vingt ans ce Quirinus avait répudié Lepida, et il l’accusait d’avoir autrefois voulu l’empoisonner. Tibère confisqua les biens des principaux habitants des Gaules, de l’Espagne, de la Syrie et de la Grèce, sur les calomnies les plus impudentes et les moins fondées , par exemple, parce qu’ils avaient une partie de leur bien en argent comptant. Un grand nombre de villes et de particuliers furent dépouillés de leur ancien droit d’exploiter les mines et d’être exempts d’impôts. Enfin Vonones, roi des Parthes, chassé par les siens et réfugié avec un riche trésor à Antioche, comme sous la sauvegarde du peuple romain, tomba victime de ses spoliations et de sa perfidie.
L. Sa haine contre son frère, sa femme et sa mère
(1) Ses haines de famille se manifestèrent d’abord à l’égard de son frère Drusus dont il révéla une lettre où ce jeune prince examinait avec lui comment il pourrait forcer Auguste à rétablir la liberté. Ensuite il témoigna cette aversion à tous
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