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Voyage au Congo

Titel: Voyage au Congo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Gide
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à Bambari, tient tête aux trafiqueurs. L’un de ceux-ci, qui sait que Brochet désire la récolte et veut du moins la lui faire payer cher, pousse l’enchère. Mais Brochet abandonne brusquement, et l’autre se trouve quinaud, car il en a pour plus gros que sa bourse ; de sorte qu’ensuite il doit revendre le tout à Brochet.
    Bangassou, 8 octobre.
     
    Je n’ai pu trouver le temps de rien noter ces derniers jours. Le pays a changé d’aspect. De très étranges mamelons mouvementent la plaine ; sortes de collines basses, régulièrement arrondies, dômes que M. Bouvet nous dit formés par d’anciennes termitières. Et je ne vois point quelle autre explication donner à ces soulèvements du sol. Mais ce qui me surprend, c’est de ne voir dans toute la contrée aucune termitière monumentale récente ; celles, immenses, dont ont pu se former ces tumulus, doivent, désertées depuis longtemps, vraisemblablement être vieilles de plusieurs siècles ; l’action des pluies n’a pu que très lentement désagréger ces sortes de châteaux forts ou de cathédrales aux murs quasi verticaux et durs comme de la brique, que j’admirais dans la forêt des environs d’Eala. Ou bien est-ce là l’œuvre de termites d’une race différente ? Et ces termitières ont-elles été de tout temps arrondies ? Toutes, pourtant, semblent déshabitées depuis longtemps. Pourquoi ? Il semble qu’une autre race de termites à petites constructions soit ici venue occuper le sol à la place des termites monumentaux. Certains de ces tumulus, que je vois un peu plus tard tranchés net pour laisser passer la route, montrent leur mystère intérieur : couloirs, salles, etc. Je peste contre l’auto qui ne me laisse pas le loisir d’examiner un peu mieux cela.
    Tout le long de la route, sur un parcours de 50 kilomètres, suite presque ininterrompue de villages, et de cultures des plus variées : céaras, riz, mil, maïs, ricin, manioc, coton {17} , sésame, café, taro (grandarum aux rhizomes comestibles), palmiers à huile et bananiers. Des deux côtés bordée de citronnelles, la route semble une allée de parc. Et, cachée à demi dans le feuillage, tous les trente mètres environ, une hutte de roseaux en forme de casque à pointe. Ces cités-jardins, étalées le long de la route, forment un décor sans épaisseur. La race qui les habite et les surpeuple n’est pas très belle ; soumise depuis deux ans seulement, elle vivait éparse dans la brousse ; les vieux demeurent farouches ; accroupis à la manière des macaques, c’est à peine s’ils regardent passer la voiture ; l’on n’obtient d’eux aucun salut {18} . Par contre les femmes accourent, secouant et brinquebalant leurs balloches ; le sexe ras, parfois caché par un bouquet de feuilles, dont la tige, ramenée en arrière et pincée entre les fesses est rattachée à la ceinture, puis retombe ou se dresse en formant une sorte de queue ridicule. Quantité d’enfants ; certains, à l’approche de la voiture, courent s’asseoir ou se coucher au milieu de la route ; par jeu ? par défi ? Bouvet croit à de la curiosité : « Ils veulent voir comment ça marche. »
    Le 6 nous avons couché à 20 kms de Mobaye, où nous préférions ne pas arriver à la nuit. Devant le gîte d’étape de Moussareu, ahurissant tam-tam ; d’abord à la clarté de photophores, tenus à bras tendus par nos boys ; puis au clair de la pleine lune. D’admirables chants alternés rythment, soutiennent et tempèrent l’enthousiasme et la frénésie du pandémonium. Je n’ai rien vu {19} de plus déconcertant, de plus sauvage. Une sorte de symphonie s’organise ; chœur d’enfants et soliste ; la fin de chaque phrase du soliste se fond dans la reprise du chœur. Hélas ! notre temps est compté. Nous devrons repartir avant le jour.
    Le 7, au petit matin, nous ne quittons ce poste qu’avec l’espoir d’y revenir dans quelques mois, à notre retour d’Archambault. L’aube argentée se mêle au clair de lune. Le pays devient accidenté ; collines rocheuses de 100 à 150 mètres de haut, que contourne la route. Nous arrivons à Mobaye vers 10 heures.
    Le poste est admirablement situé sur les bords du fleuve qu’il domine. En amont, les rapides de l’Oubangui, dont les hautes eaux inondent presque, sur la rive belge, un charmant petit village de pêcheurs qu’abrite un groupe de palmiers.
    Le docteur Cacavelli nous fait visiter son dispensaire-hôpital. Les

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