Voyage de J. Cartier au Canada
la troisième personne, à la manière dont il est parlé de Jules César en ses immortels Commentaires. Dans tous les cas, le rédacteur a évidemment fait partie de chacune des expéditions racontées.
Un celebre collecteur italien, qui s'était procuré diverses relations françaises dont il ne nous reste aujourd'hui rien autre chose que la version qu'il en a publiée, Ramusio, avait recueilli celle du premier voyage de Cartier, et c'est uniquement dans sa précieuse collection, ainsi que nous l'ayons rappelé dès le début, qu'il faut aller reprendre, sous son déguisement étranges, Un récit qui est pour nous d'un si grand intérêt. Cette version italienne, parue pour la première fois à Venise en 1556, y sut reproduite dans les réimpressions de 1565, 1606 et 1613, Elle fut retraduite en français pour être ainsi publiée à Rouen en 1598, chez Raphaël du Petit-Val, libraire et imprimeur du Roi, en un volume petit in-8° de 64 pages, sous ce titre : Discours du voyage fait par le capitaine Jacgues Cartier aus terres neufves de Canadas, Norembergue, Hochelage, Labrador, et pays adjacens, dite Nouvelle France, avec particulières meurs, langage et cérémonies des habitans d'icelle. Lescarbot la réimprima avec une médiocre exactitude dans son Histoire de la Nouvelle-France (livre III, chapitres II à V), dont il y a quatre éditions, aux dates de 1609, 1611, 1617 et 1618. Les Archives des voyages de Ternaux-Compans l'ont reproduite en 1840 avec plus de scrupule, dans leur première livraison (pages 117 à 153). Enfin la Société littéraire et historique de Québec l'a comprise à son tour dans un volume de réimpressions consacré aux Voyages de découverte au Canada entre les années 1534 et 1542, publié à Québec en 1843, et dont ce morceau occupe les vingt-trois premières pages ; malheureusement les inexactitudes de Lescarbot n'y ont pas toutes été rectifiées.
Ainsi que nous l'avons dit aussi dès le début, C'est au collecteur anglais Richard Hakluyt d'Oxford, que nous sommes redevables de nous avoir conservé, dans une version anglaise, les fragments mutilés qu'il avait pu se procurer pendant son séjour en France (de 1584 à 1588) concernant le troisième voyage de Cartier : c'est d'abord la relation, non achevée, du navigateur ; puis une lettre de son petit-neveu Jacques Noël, écrite de Saint-Malo le 19 juin 1587, et un fragment d'une seconde lettre du même, constatant que toutes les recherches faites dans la famille pour retrouver une relation plus complète étaient demeurées sans résultat. Hakluyt a imprimé la suite, toujours en anglais, le routier du voyage depuis Belle-Isle jusqu'à 230 lieues en amont de la rivière de Canada, rédigé par Jean Allefonsce, de Sainte-Onge près Cognac, maître pilote de Roberval en 1542 ; et enfin la relation de Roberval lui-même, non achevée il est vrai, mais conduite jusqu'au 22 juillet 1543, date probablement peu éloignée de celle où Cartier vint le rechercher d'après les ordres du roi. Hakluyt avait donné en 1600 le volume qui contient l'édition originale de ces pièces (pages 232 à 242) ; elles se trouvent naturellement reproduites dans la réimpression de 1812. La Société littéraire et historique de Québec a repris dans Hakluyt tous ces lambeaux pour les retraduire en français et les insérer en 1843 dans le volume que nous avons mentionné plus haut.
XVII
Quant à la relation du second voyage, qui nous intéresse plus spécialement ici, elle est, comme on sait, la seule dont nous possédions la rédaction française originale ; il en existe une édition, imprimée à Paris en 1545, en un volume de 48 feuillets petit in-8°, d'une telle rareté que les bibliographes n'en connaissent en Europe qu'un exemplaire. Une reproduction scrupuleuse et figurée de cet exemplaire unique a tenté le zèle d'un éditeur fort habitué à la recherche et au maniement des livres curieux ; et voilà comment a pris naissance l'édition d'amateur en tête de laquelle doit se placer l'introduction dont nous écrivons en ce moment la dernière page.
Ce volume introuvable, qui échappait à toutes les recherches, était si peu connu, que l'on n'avait même qu'une très-fausse idée de ce qu'il contenait, et la Société littéraire et historique de Québec en 1843, aussi bien que M. Ternaux-Compans en 1841, le considéraient comme la rédaction française originale de la relation du premier voyage, au lieu du second ; pour celui-ci, on
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