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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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affaissées, et les palissades effondrées. Nous constations à présent que, plus loin, le parapet était rompu.
    Nous défrichâmes un chemin jusqu’à la porte. L’un des grands battants de bois pendait hors de ses gonds. Nous nous glissâmes à l’intérieur de l’enceinte, sans plus. Une araignée grosse comme un œuf de cane suivit du regard notre avancée. La végétation était spectaculaire. À l’abri des remparts, tout n’était que ruines.
    — Y a eu de la bagarre ?
    — Si c’est le cas, il ne reste aucune dépouille.
    De nous tous, seul Helvetius mit pied à terre et s’aventura de-ci de-là pour explorer les lieux. Mais même lui n’avait pas l’intention d’aller bien loin. Il s’arrêta, ramassa un petit objet.
    — Je ne crois pas que l’endroit ait été abandonné, murmura-t-il, perplexe.
    Il entreprit de se frayer un passage plus avant, et cette fois, nous lui emboîtâmes le pas. Ç’avait dû être un camp planté de tentes, si bien qu’il restait de larges espaces nus à l’endroit où les grands papillons de cuir étaient autrefois rangés en lignes. En revanche, partout où les légions résident un certain temps, les entrepôts et le principia sont construits en dur. Ces derniers bâtiments auraient dû être visibles à leur emplacement habituel, sous forme de rectangles sur lesquels ne pousserait qu’un léger tapis de mauvaises herbes en raison des planchers en dur. Pourtant, vieux troncs pourrissants et autres débris jonchaient les endroits en question.
    — Quel est ton verdict, centurion ? s’enquit Justinus.
    Le tribun était blême : heure matinale, manque de sommeil et inquiétude.
    — C’était un camp vide… et pourtant pas démantelé, comme ça se fait normalement.
    — Ils en étaient partis pour l’hiver, suggérai-je.
    Je m’exprimai avec une certaine assurance. Le sanctuaire et la chambre forte, bâtis en pierre, étaient encore debout. Il ne subsistait bien sûr ni étendards ni aigles dans le sanctuaire. J’avais vu les aigles d’or qui volèrent ici jadis. Je les avais vus dans le temple de Mars, à Rome. Helvetius me regarda. Lui aussi savait ce que nous avions découvert.
    — C’est juste. Les bâtiments ont tous été laissés en l’état. Mauvaise stratégie, mais ils s’attendaient à revenir, bien sûr.
    Le centurion était profondément bouleversé. Je me tournai vers le groupe pour expliquer : — Vous êtes tous au courant des règles à suivre lorsqu’on quitte un camp provisoire. (Les recrues écoutèrent attentivement, l’air innocent.) On emporte dans le train de bagages tout ce qui pourra être réutilisé. Par exemple, on prend tous les pieux de la palissade pour s’en resservir à la halte suivante. Chaque soldat en transporte deux.
    Nos regards à tous se portèrent derrière nous : sur les remparts fortifiés, dans notre dos, des longueurs de rondins défensifs pendaient au-dessus du chemin de ronde, encore attachés ensemble par endroits, comme une clôture de propriété venant d’essuyer un énorme orage. D’autres parties avaient dû pourrir, de même que les escaliers. C’était là l’œuvre du temps, et d’aucune autre force.
    — Le reste, on le brûle, compléta Helvetius. On ne laisse rien que l’ennemi puisse utiliser… à condition de penser qu’on ait un ennemi. (Il retourna les restes d’une ancienne porte d’entrepôt.) Ce camp était vide ! s’exclama-t-il comme s’il protestait contre ce manquement à la norme. On y a sacrément piétiné, des pillards je suppose. Ce camp a été construit par des Romains, des Romains qui ont bêtement cru la région assez sûre pour qu’ils puissent partir se promener tels les propriétaires d’une maison qui laissent la clé sous le paillasson… (Le centurion bouillait d’une rage peu à peu grandissante.) Ces pauvres abrutis n’avaient pas la moindre idée du danger qu’ils encouraient !
    Il rebroussa chemin et nous rejoignit à grandes enjambées, serrant dans son poing l’objet qu’il avait ramassé.
    — C’était qui comme Romains, centurion ?
    — Les trois légions qui se sont fait massacrer en forêt par Arminius ! cracha Helvetius. Il y a eu de la bagarre… pour ça oui, bon sang… mais il n’y a pas de corps, parce que Germanicus est passé par la suite et les a enterrés.
    Il brandit sa trouvaille : c’était une pièce d’argent. Elle portait l’estampille spéciale que P. Quinctilius Varus faisait frapper sur la solde de ses

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