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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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lors de ses recherches historiques, estima que nous étions encore à quelque distance de l’extrémité nord du massif, dont les sommets auraient sans doute été visibles au loin si nous n’avions pas été en pleine forêt. N’ayant d’autre choix que de lui faire confiance, nous coupâmes au travers de ces bois lugubres. De toute façon, piquer vers le sud ne pouvait être entièrement erroné. Nous finirions par tomber sur la Lupia.
    Au crépuscule, nous fîmes halte. Pendant que les tentes se montaient, plusieurs membres du groupe s’éclipsèrent seuls pour la visite rituelle au pied d’un chêne. Il faisait froid. Le jour avait brusquement baissé, sans qu’il fasse complètement nuit. Nous faisions chauffer des gamelles pour chaque tente, mais il s’en fallait de beaucoup que le repas ne soit prêt. Helvetius désigna les sentinelles de nuit pendant que son serviteur bouchonnait son cheval. Justinus discutait avec Sextus et un autre des gars. Ils lui apprenaient quelques mots du dialecte de la côte adriatique, car il semblait s’intéresser aux langues. Quant à moi, je me sentais inquiet et très mal à l’aise, comme d’habitude.
    Je vis Lentullus ressortir sur la pointe des pieds des bois où il venait de pisser. Il avait l’air dissimulateur, ce qui n’était pas une nouveauté, mais effrayé de surcroît.
    Il ne dit rien à personne. Je décidai d’abord de ne pas m’en occuper, puis me rendis compte que c’était impossible. Je le rejoignis d’un pas tranquille.
    — Tout va bien ?
    — Oui.
    — Tu n’as rien à me dire ?
    — Non.
    — J’aime mieux ça.
    — Enfin bon… Je crois bien que j’ai vu un truc.
    Ah misère ! Lentullus était le genre de type qui passe trois jours à se demander si oui ou non il doit dire qu’une nombreuse armée de guerriers dans des chariots couverts, portant trompes de guerre et épées doubles, se dirige sur nous. Il ne comprenait jamais ce qui était important. Lentullus nous ferait tuer plutôt que de dire quoi que ce soit qui inquiète le commandant.
    — Un truc vivant ? questionnai-je.
    — Non.
    — Quelqu’un de mort ?
    Lentullus garda le silence sans vouloir me répondre. Lentement, tous les poils de ma nuque et mes bras se dressèrent au garde-à-vous.
    — Allez viens, Lentullus. Toi et moi, on va balader le toutou du tribun.
    Nous piquâmes à travers bois pendant une dizaine de minutes. Lentullus était un individu timide. Nous l’avions déjà perdu à deux reprises lorsque l’appel de la nature l’avait entraîné si loin du camp qu’il n’arrivait plus à nous retrouver ensuite. Il s’arrêta pour s’orienter. Je me tus, soucieux de ne pas complètement le dérouter. L’idée me vint que nous risquions de passer la nuit dehors le temps que Lentullus retrouve son trésor.
    Je déteste les bois. Tout y est totalement immobile, si bien qu’on y prendrait facilement peur. Parmi cette multitude d’arbres, ours, loups, élans et sangliers allaient et venaient tous. La nuit froide sentait l’humide, chargé d’un relent automnal malsain. La végétation était drue, dépourvue de fleurs, sans vertus médicinales connues. Des champignons pareils à des trognes burinées s’accrochaient aux arbres séculaires. Les taillis égratignaient vêtements et chairs, trouant nos tuniques et nous griffant cruellement les bras. Mes plaques pectorales étaient constellées d’un genre de déjections d’insectes. Nous semblions être les seuls êtres vivants dans les parages, à l’exception des guetteurs spectraux du monde des esprits celtes. Nous les sentions nombreux, à la fois lointains et tout proches.
    Des brindilles craquaient, trop près à notre goût, comme craquent les brindilles en forêt. Tigris lui-même n’en menait pas large. Il restait près de nous au lieu de filer ventre à terre pour se gaver de musaraignes et de mauvaises odeurs.
    — Moi j’aime pas cet endroit, Falco.
    — Montre-moi ce que tu as trouvé, Lentullus, ensuite nous pourrons partir.
    Il me fit traverser quelques touffes d’arbres de plus, dépasser un tronc géant, un renard mort mis en pièces par quelque chose de bien plus gros… quelque chose qui projetait certainement de revenir chercher le reste d’ici une paire de secondes. Tigris grognait de façon inquiétante. Un nuage de moucherons me grouillait autour de la tête.
    — C’est là que j’étais. J’ai trouvé que ça ressemblait à un chemin…
    Pourquoi pas. Ou alors un espace

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