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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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romaines seraient détruites. Exploit facile. N’importe qui ayant suivi les bagarres pour le poste d’empereur pouvait se rendre compte que la mainmise romaine sur l’Europe était en danger. Il n’y avait que deux pailles, tu as tiré la bonne. Mais ça ne marchera plus, désormais. Rome maîtrise à nouveau la situation. Une fois la suprématie rétablie, Petilius Cerialis a emmené ses hommes le long de la rive gauche du Rhenus, depuis les Alpes jusqu’à l’océan de Bretagne, et les ennemis de Rome ont succombé tout le long du chemin. Où est ton Civilis triomphant, à présent ? Au fond des mers, sans doute.
    La version officielle de la marche victorieuse de notre commandant aurait sans doute plu à son accueillante maîtresse de Colonia, mais elle n’était pas de taille à impressionner une femme avisée et hautaine, qui pouvait contempler le vaisseau amiral de Cerialis amarré à sa jetée personnelle. Mais Veleda savait aussi bien que moi que, tout en étant mal organisé, Cerialis avait enlevé des victoires lui aussi.
    — J’ai entendu dire, lança la prophétesse comme si elle espérait savourer ma déconfiture, que notre ami Civilis s’est teint les cheveux en rouge.
    Voilà ma foi qui constituait une aubaine inespérée. Je n’aurais pas osé attendre de nouvelles. Et ça ne laissait pas entendre que le rebelle se cache ici.
    — Il n’est pas avec toi ?
    — Civilis ne se sent chez lui que sur la rive gauche du fleuve.
    — Même pas dans l’Île ?
    — Par les temps qui courent, non.
    — Rome va recoiffer Civilis. Le problème qui se pose à présent est le suivant, ingénieuse prophétesse : auras-tu le courage de te rendre compte que les légions ne furent pas vaincues, et œuvrent à la reconstruction du monde que nous avons tous bien failli perdre ?
    J’étais à court d’arguments. La prophétesse était toujours tellement calme que j’avais l’impression de manger du caillou.
    — La décision, lança-t-elle, appartient aux Bructères.
    — C’est pour ça qu’ils sont là aujourd’hui ? Cesse de mener cette vie de folle qui t’oppose à Rome, Veleda. Les Bructères, de même que les autres peuples, t’écouteront.
    — Ma vie n’a aucune importance. Ce sont les Bructères qui ne voudront pas cesser la lutte !
    Je regardai les Bructères qui m’entouraient, et m’émerveillai qu’ils aient jamais écouté quiconque.
    Veleda demeurait aussi altière qu’un oracle grec ou qu’une sibylle. Son numéro, avec sa tour, tenait tout autant du spectacle que les rituels terrifiants des devins de Delphes ou autres. Cela dit, les prophètes grecs et romains enveloppent les prédictions dans des énigmes ; Veleda, elle, recourait à la vérité nue. Son meilleur atout, selon moi, résidait dans le fait qu’à l’instar d’un orateur qui se fait l’écho des pensées secrètes des gens, elle prenait appui sur des sentiments existant déjà. Les gens, eux, se figuraient faire leurs propres choix. Mais nous le constations ici : la prophétesse se comportait face à cette assemblée comme si elle n’avait aucunement l’intention de jouer un rôle dans les débats à venir. Je pensais toutefois qu’elle remplirait la mission qu’elle s’assignait. Ce serait mauvais pour Rome. Et la foi qu’y consacrait Veleda semblait inébranlable.
    Cette fois-ci, mon temps de parole s’achevait. L’exceptionnelle apparition publique de la prophétesse touchait à sa fin. Elle commença à s’éloigner, et sa garde se resserra pour empêcher qu’on la retienne.
    À nouveau, elle se tourna vers moi. On aurait dit qu’elle lisait dans mes pensées : si de grandes décisions devaient être prises lors de cette assemblée, il se pouvait que nous soyons arrivés au bon moment. Elle prit plaisir à m’annoncer que je n’aurais aucune chance d’influencer le cours des événements :
    — Tes compagnons et toi m’avez été offerts en cadeau. On m’a demandé de décider d’un sort que vous imaginez sans doute. (Pour la première fois, elle eut l’air de s’intéresser à nos sentiments :) La mort vous fait peur ?
    — Non.
    Elle nous met seulement en rage.
    — Je n’ai pas encore pris de décision, annonça-t-elle cordialement.
    Je réussis à riposter une dernière fois :
    — Tu te fais toi-même injure, Veleda, ainsi qu’à ta réputation, en massacrant un ancien soldat, son serviteur, et un groupe de jeunes gens innocents.
    J’offensais tout le monde. Le chef qui nous avait

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