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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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ma surprise, pas une arme ne fut tirée du fourreau, tous semblaient attendre le signal de Veleda. Elle n’en donna pas. Le chef ne répondit pas à ma demande non plus.
    — Dis à Veleda, insistai-je, que je souhaite parler avec elle au nom de César !
    Elle esquissa un geste agacé, sans doute en m’entendant prononcer le nom haï et craint de César. Le chef dit quelque chose dans leur langue. Veleda ne lui répondit pas.
    La diplomatie est déjà ardue lorsque les gens tiennent compte des efforts de l’interlocuteur. Je perdis patience.
    — N’aie pas l’air aussi hostile, dame prophétesse… ça enlaidit ! (Maintenant que je m’étais lancé sur ce ton-là sans me soucier du fait qu’elle comprenne ou pas, ç’aurait été lamentable de m’en tenir là.) Je suis venu en ami. Comme tu pourras le constater en les observant un peu, les soldats qui m’accompagnent sont très jeunes et timorés. Nous ne représentons pas une menace pour les puissants Bructères.
    De fait, l’expérience vécue – ainsi peut-être que l’exemple donné par des coriaces comme Helvetius et moi – avait visiblement endurci nos gars.
    Mon discours semblant tout de même éveiller un vague intérêt hautain de la part de Veleda, je poursuivis hâtivement :
    — Ce n’est pas très drôle de mener une mission de paix que personne n’a réclamée. J’espérais avoir l’occasion de connaître votre légendaire hospitalité germanique, mais la situation dans laquelle nous nous retrouvons me déçoit…
    D’un geste, je désignai à nouveau le reste de mon groupe. Tous se rassemblèrent plus étroitement derrière moi. Cette fois-ci, un guerrier, sans doute ivre, se méprit sur nos intentions et bondit en avant d’un air belliqueux. Veleda ne cilla pas, mais quelqu’un retint l’homme. Je poussai un soupir.
    — J’aimerais pouvoir dire que la communication n’a pas l’air d’être le point fort de ta tribu… mais ce que tes hommes projettent est douloureusement évident. Si tu refuses d’écouter ce que je suis venu te dire, alors je te demande simplement une chose : laisse-moi repartir avec mes compagnons pour annoncer à notre empereur que nous avons échoué.
    La prophétesse me contemplait toujours, sans un geste. En dépit de moult années de conversations ardues, il me sembla qu’à présent je touchais le fond. D’un ton volontairement plus léger, je lançai :
    — Si vraiment tu envisages de faire de nous des esclaves, je te préviens que mes soldats sont des gars du bord de mer, des pêcheurs. Ils ignorent tout du bétail, et il n’y en a pas un qui sache labourer. Quant à moi, je sais à la rigueur me débrouiller d’un carré de potager, mais ma mère ne tarderait pas à te dire que je ne vaux rien pour les travaux domestiques…
    J’avais réussi :
    — Silence ! lâcha Veleda.
    J’avais réussi au-delà de mes espérances.
    — D’accord. Je suis un gentil Romain, princesse. Quand une femme me parle avec fermeté en latin, je fais ce qu’elle me dit.
    Nous progressions, désormais. Comme d’habitude, nous le faisions dans une direction qui ne me disait rien de bon.
    La prophétesse esquissa un sourire désabusé.
    — En effet, je parle ta langue. Ça semble nécessaire. Quel Romain a jamais pris la peine d’apprendre la nôtre ?
    Elle parlait d’une voix forte, égale, vibrante, qu’on aurait pu avoir plaisir à écouter. Je n’étais plus étonné. Tout ce qu’elle faisait ou disait semblait évident. Bien entendu, lorsque les commerçants venaient, elle souhaitait entendre les nouvelles qu’ils apportaient et veiller à ce qu’ils ne la grugent pas. Il en allait de même de tous les envoyés qui se glissaient hors des bois.
    J’avais acquis quelques notions de celte en Bretagne, mais une telle distance s’étendait entre les tribus de là-bas et celle-ci que le dialecte glané était différent, inutile ici. Je me rabattis sur les habituels rites dégradants de la diplomatie :
    — Ta civilité nous plonge dans l’embarras.
    Les mots semblaient droit sortis d’une pièce burlesque traduite d’après un mauvais original par je ne sais quel poète salarié de Tusculum.
    — J’aimerais complimenter la prêtresse Veleda sur sa beauté, mais je crois qu’elle préférerait m’entendre louer ses talents et son esprit…
    La prêtresse Veleda parla dans sa propre langue, tranquillement. Ce qu’elle dit fut bref, et son peuple se mit à rire. L’expression était sans doute

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