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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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calme et pleine d’assurance. Elle avait ce teint pâle qui donne l’air faible et chochotte aux hommes, énigmatique aux femmes. Sa cascade de cheveux d’or clair lui tombait jusqu’aux reins, magnifiquement entretenue. Helena aurait affirmé qu’une femme qui passe le plus clair de ses journées toute seule dans une tour a largement le temps de se peigner. La prophétesse portait une robe pourpre sans manches, et son buste bien développé attirait irrésistiblement l’œil vers l’encolure plongeante et les emmanchures lâches. Elle avait les yeux bleus. On y lisait, par-dessus tout, la confiance que confère le pouvoir.
    Je tâchai de déceler ce qui lui avait valu son rang insigne. Elle semblait altière mais pleine d’assurance. Apparemment, elle devait savoir non seulement prendre des décisions, mais aussi convaincre les autres que les décisions en question étaient les seules possibles. À nos yeux, elle incarnait la malédiction. La prophétesse des Bructères était âgée pour une jeune fille, et pourtant trop jeune pour qu’on la taxe de femme mûre. Aux yeux de Rome, elle avait le pire âge qui soit. Elle en savait trop pour nous pardonner, et trop peu pour se lasser de nous combattre. Je compris d’emblée que nous n’avions rien à lui offrir. Helvetius comprit, lui aussi.
    — Bien notre chance, Falco. Espérons pour nous qu’on ne se pointe pas sur le pas de sa porte au mauvais moment du mois.
    J’avais cinq sœurs et une petite amie qui envoyaient tout valser quand cela leur chantait : j’avais appris à esquiver. Mais je commençais à me dire que cette dame-là risquait de décréter que quel que soit le jour où elle devrait négocier avec des Romains, ce serait un mauvais jour. Conséquence de la mauvaise alimentation et du manque de sommeil, je sentis une boule se former au creux de mon estomac.
    Elle s’avançait parmi les festoyeurs comme si elle était en train de les saluer. En tant qu’hôtesse, elle n’était ni hautaine, ni dégoulinante de séduction. Elle se montrait ouverte, et cependant pleine de retenue. Nous ne la vîmes pas manger – cela contribuait à son prestige : aucun besoin de se sustenter –, mais elle leva une coupe à la santé de l’assemblée tout entière, après quoi applaudissements et vivats éclatèrent de plus belle. Tandis qu’elle circulait entre les tables, les gens lui parlaient d’égal à égal, mais écoutaient ses réponses avec beaucoup d’attention. Je ne la vis rire qu’une fois, avec un guerrier qui devait avoir amené son fils adolescent pour la première fois à un tel rassemblement. Elle passa ensuite quelques minutes à discuter tranquillement avec le garçon, qui semblait tellement impressionné qu’il parvenait tout juste à lui répondre. Les gens lui remettaient des cadeaux. Le guerrier qui m’avait capturé lui offrit mon couteau.
    Notre chef nous désigna d’un geste. Elle dut le remercier de ce présent. Elle tourna la tête une fois dans notre direction, et nous eûmes l’impression qu’elle savait tout de nous sans que personne l’ait renseignée.
    Elle approchait.
    Je rompis à deux mains la corde qui me liait aux autres, puis je m’avançai à la rencontre de la prophétesse… pas trop près, pour ne pas écoper d’une lance en travers de la gorge. Elle était plus grande que moi, portait un splendide torque fait d’un alliage d’ors tressés, moins lourd que la plupart mais plus ouvragé : on aurait dit un bijou ibère. Ses boucles d’oreilles étaient grecques : des croissants d’or piqueté d’une extrême finesse, ravissants. De même que sa belle peau claire. L’espace d’un instant, j’eus l’impression d’approcher n’importe quelle fille séduisante qui aurait eu de la chance à la loterie de l’héritage. Puis je perçus la pleine mesure de sa personnalité. De près, la première impression était celle d’une redoutable intelligence, incisive et clairvoyante. Le regard bleu semblait attendre de croiser le mien. Parfaitement fixe. Jamais encore je n’avais éprouvé cette sensation d’avoir affaire à quelqu’un d’entièrement original.
    Dangereuse par-dessus tout : son intégrité. Le cirque de tâcherons qui l’entourait se composait peut-être de charlatans, mais Veleda elle-même était à part, lumineuse, hors d’atteinte de leurs éclats tapageurs.
    Je m’adressai au chef :
    — Dis à ta prophétesse que j’ai fait tout le trajet depuis Rome pour lui parler.
    À

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