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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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avaient été prémédités.
    Le centurion fouilla les dépouilles sans l’ombre d’une émotion pendant que ses jeunes recrues se tenaient à distance, impressionnées. Il m’adressa un bref regard.
    — Je m’appelle Falco, annonçai-je pour montrer que je n’avais rien à cacher.
    — Service impérial ?
    — Quelle question ! (Cela lui apprit que j’étais en effet de la partie.) Qu’est-ce que vous dites de ça ?
    Il m’avait accepté comme son égal.
    — Ça ressemble à une attaque de brigands. Les chevaux ont disparu. Ce gros gaillard-là devait avoir une bourse à la ceinture, qu’on lui a cisaillée.
    — Si c’est bien le cas, allez indiquer où ils se trouvent quand vous passerez par Cavillonum. Que les civils s’en occupent, eux.
    Je touchai l’un des deux morts du revers de la main. Il était froid. Le centurion me vit faire, mais ni lui ni moi ne formulâmes de remarque. Les vêtements de celui qu’ils avaient retourné sur le dos étaient détrempés à l’endroit où l’eau croupie qui stagnait au fond du fossé avait imbibé le tissu. Le centurion vit que mon regard s’arrêtait sur ce détail aussi.
    — Rien n’indique qui ils sont ni où ils allaient ! Je continue à penser que ça peut être l’œuvre de voleurs.
    Il planta son regard dans le mien, me mettant au défi de contrarier son opinion. J’esquissai un léger sourire. Placé dans sa situation, j’aurais adopté le même point de vue. Nous nous relevâmes tous les deux. Il cria en direction de la chaussée :
    — Qu’un de vous retourne au trot jusqu’à la dernière borne et en note le numéro !
    — Oui, Helvetius !
    Lui et moi nous élançâmes à l’assaut du bas-côté et regagnâmes la route ensemble. Les recrues restées en bas tâtèrent une dernière fois les dépouilles, histoire de fanfaronner un peu, puis nous rejoignirent, la plupart vacillant et retombant plusieurs fois avant d’escalader.
    — Arrêtez vos bêtises ! gronda Helvetius, mais il leur témoignait de la patience.
    Avec un grand sourire, je lançai :
    — Ils ont l’air à la hauteur des piètres critères du moment !
    Le centurion devait les détester, comme tous les officiers recruteurs, mais il s’abstint de relever.
    — De quelle légion êtes-vous ? lui demandai-je.
    — Première Adiutrix.
    Comptant parmi les soldats qui franchirent les Alpes sous le commandement de Cerialis pour venir écraser la rébellion. Je ne me rappelais pas où ils étaient basés pour l’heure. Je fus bien heureux d’apprendre qu’ils n’étaient pas de la Quatorzième.
    Xanthus, de son côté, demandait à l’un des soldats vers quel fort ils se dirigeaient, mais le garçon fut incapable de lui répondre. Le centurion devait savoir, lui, mais il n’en dit rien. Je ne posai pas la question non plus.
    Nous prîmes congé des soldats et poursuivîmes notre chevauchée en direction du carrefour de Cavillonum, où je projetais de bifurquer vers le sud. Au bout d’un moment, Xanthus m’apprit, avec une fierté visible, qu’il avait reconnu les morts de Lugdunum.
    — Moi aussi.
    Ma réponse le dépita.
    — Mais tu n’as rien dit !
    — Pas la peine.
    — Qu’est-ce qui va se passer maintenant ?
    — Le centurion va informer un magistrat de la ville qu’il faut aller ramasser les cadavres et constituer une battue pour chercher les voleurs.
    — Tu crois qu’ils les attraperont ?
    — Probablement pas.
    — Comment sais-tu que cet homme était centurion ?
    — Il porte son glaive du côté gauche.
    — Les soldats ordinaires le portent de l’autre côté ?
    — Exact.
    — Pourquoi ça ?
    — Ça permet d’éviter que le fourreau se prenne dans le bouclier.
    Pour un fantassin, toute entrave à la liberté de mouvement pouvait signifier la mort, mais ce genre de détails n’eut pas l’heur d’intéresser Xanthus.
    — Ç’aurait pu être nous, tu sais ! s’écria-t-il d’une voix vibrante d’excitation. Si toi et moi, Falco, on s’était mis en route avant eux ce matin, c’est peut-être nous que le hasard aurait placés sur le chemin des voleurs.
    Je m’abstins de répondre. Xanthus supposa que cette éventualité devait me rendre nerveux, aussi poursuivit-il son chemin d’un air méprisant. C’était là une autre de ses manies exaspérantes : il parvenait à tirer au clair la moitié d’un problème, puis son cerveau calait.
    Même si nous étions partis à l’aube, lui et moi, chargés de bagages sonnants et trébuchants portant

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