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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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passage pour le retour en Italie quand j’aurai fait ce que j’ai à faire pour l’empereur.
    — Ah non ! Je suis venu jusque-là, je continue avec toi !
    À l’entendre, on aurait dit qu’il me faisait une immense faveur. Plein de lassitude, je fermai les yeux et m’abstins de répondre.
     
    Le lendemain matin, je tâchai de nous dénicher un bateau gratuit, mais la chance n’était pas avec moi. Voyager sur le Rhenus est une entreprise extrêmement pittoresque, aussi les propriétaires des chalands du fleuve pratiquaient-ils des prix non moins pittoresques, moyennant quoi on jouissait du privilège d’observer le paysage sur cent cinquante kilomètres.
    Le nôtre transportait du vin, comme la plupart des chalands du Rhenus. Nous partagions les panoramas qui défilaient lentement avec deux vieux et un colporteur. Les deux papis, voûtés et chauves, avaient une ribambelle de pique-niques alléchants qu’il n’entrait nullement dans leurs intentions de partager. Ils restèrent assis face à face pendant tout le voyage, à discuter ferme, comme des gens qui se connaîtraient depuis très longtemps.
    Le colporteur, qui monta à bord lors d’une escale dans un petit hameau du nom de Borbetomagus, était voûté lui aussi, mais sous les sangles d’un étalage pliant et de l’ignoble camelote qu’il vendait. Xanthus et moi formions un public captif, aussi dénoua-t-il sans tarder les coins de ses ballots de chiffons pour étaler ses articles sur le pont. Je ne lui prêtai aucune attention. Xanthus, lui, fut aussitôt saisi d’un palpitant enthousiasme.
    — Regarde un peu ça, Falco !
    Il m’arrivait parfois de consentir un mince effort visant à tirer Xanthus de sa bêtise. Je jetai donc un coup d’œil à la quincaille dans laquelle il s’apprêtait pour l’heure à investir. Je poussai un gémissement. Cette fois, c’était du militaire. On peut s’imaginer que nos grands marcheurs de héros ont assez sué sous le paquetage et l’attirail pour s’abstenir de dilapider leur solde là-dedans, mais qu’on se détrompe : cet astucieux colporteur menait un commerce florissant en fourguant aux légionnaires ses tristes souvenirs de guerres passées. J’avais déjà vu ça en Bretagne. J’avais déjà vu ça dans la charretée de saloperies que mon frère aîné, n’ayant aucun sens de la mesure, avait rapportée des souks exotiques de Césarea. Mais là, avec neuf légions disséminées le long du Rhenus, dont la plupart s’ennuyaient ferme, et qui, toutes, avaient des pièces d’argent impériales plein les poches, il devait y avoir de vastes perspectives pour le commerce de bibelots tribaux bizarres, armes usagées et vieux bouts de ferraille qui pouvaient fort bien provenir de n’importe quel outillage de ferme.
    L’homme était un Ubien, tout en lèvre supérieure et bavardages insignifiants. La lèvre en question se retroussait sur une paire de grandes dents en pelle à tarte. Quant au baratin, c’était sa stratégie d’approche. Elle fonctionna avec Xanthus. Tout ou presque fonctionnait avec Xanthus. Je les laissai s’occuper tous les deux.
    Le colporteur s’appelait Dubnus. Il vendait les habituels casques indigènes aux oreillons hérissés de piquants, divers plateaux de pointes de flèches ou de lances antiques – qu’il avait manifestement ramassées le jeudi précédent sur le tas d’ordures du fort précédent –, une coupe sale dont il jura à Xanthus qu’elle était taillée dans une corne d’aurochs, quelques mailles de cotte sarmatienne, la moitié d’un jeu de harnais icéniens, et vraiment, à toutes fins utiles, une kyrielle d’ambres de la Baltique.
    Aucun ne contenait d’insecte fossilisé, mais ces ambres étaient bien les seuls articles qui méritent un peu d’intérêt. Bien entendu, Xanthus ne leur adressa pas un regard. J’annonçai que j’aurais volontiers acheté quelques perles pour ma petite amie si elles avaient été correctement assorties et montées en collier. Comme je m’y attendais un peu, Dubnus tira aussitôt de sa poche douteuse trois ou quatre colliers d’honnête qualité… à trois ou quatre fois leur prix.
    Nous passâmes une demi-heure pas trop désagréable à marchander le rang des plus petites perles. Je le fis baisser au quart du prix qu’il avait annoncé pour le seul plaisir de la palabre, avant de me rabattre subitement sur l’un des plus beaux colliers, comme c’était mon intention depuis le départ. Le colporteur

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